Huit sur dix ordinateurs personnels vendus en Europe sont importés des Etats-Unis ; neuf sur dix magnétoscopes vendus en Europe viennent du Japon.
Les fabricants de circuits intégrés de souche européenne couvrent 30 % de leur marché national et assurent 13 % de la production mondiale, dont la moitié aux Etats-Unis par le biais des filiales de sociétés européennes.
Les fabricants européens d'ordinateurs centraux ont tous, sans exception, conclu des accords avec des entreprises de pays d'outre-mer afin de tirer profit de l'avance technologique de ces derniers.
Dans le domaine du traitement électronique des données, de la
bureautique, de l'automatisation des usines, du contrôle de
processus et des télécommunications1 par rapport au nombre limité
Depuis la période de reconstruction de l'après-guerre, l'Europe a pris du retard dans le domaine des applications industrielles de nombreuses technologies de pointe et notamment de l'électronique.
Etant donné l'influence qu'exerce directement ou indirectement l'électronique quasi sur tous les secteurs industriels du monde occidental, ce qui n'était dans le passé qu'une simple dépendance technologique dans quelques domaines spécifiques, menace maintenant de devenir purement et simplement une réelle dépendance industrielle et économique.
Dans ces conditions, l'identité de l'Europe et finalement son indépendance politique sont en jeu.
A un moment où, d'une part, les Etats-Unis et le Japon prennent
de nouvelles initiatives et accroissent leurs investissements2 en
Les effets de la révolution électronique, auxquels nous sommes en train d'assister, se feront sentir sur les structures sociales et économiques européennes, que l'Europe y joue un rôle passif ou actif.
Tout changement offre de nouvelles possibilités mais entraîne aussi des mutations qui posent parfois des problèmes : seuls ceux qui peuvent maîtriser les facteurs du changement peuvent espérer minimiser les problèmes. L'Europe doit donc jouer un rôle actif pour rester maîtresse de son avenir.
L'industrie, qui est la plus menacée a pris conscience de cette situation depuis un certain temps et s'est efforcée d'y remédier, souvent avec l'aide des gouvernements nationaux.
Cependant, les mesures prises jusqu'ici n'ont pas été suffisantes pour renverser la tendance et, d'une façon générale n'ont réussi seulement qu'à freiner le processus de dégradation. La situation menace d'empirer de façon dramatique : notre balance des paiements dans le domaine des produits et des services des TI, encore positive en 1972, a enregistré un déficit substantiel de 2 miliards de $ US en 1981, déficit qui devrait doubler en 1982.
Les représentants des principales sociétés européennes s'occupant de technologies de l'information ont pris l'initiative en contactant la Commission en vue de rechercher une solution à la mesure du problème.
Au début de 1983 ils dépeignaient la situation comme suit dans une lettre adressée au Vice Président Davignon : "Les chiffres indiquant la position de l'Europe sur le marché, qui révèlent que l'industrie européenne ne couvre que 10 % du marché mondial et moins de 40 % de son propre marché intérieur, sont extrêmement décourageants. Non seulement la situation est inquiétante par elle-même mais la faiblesse de la position de l'Europe sur le marché signifie que le volume des ventes et des bénéfices n'est pas suffisant pour que puissent être réalisés les investissements essentiels nécessaires pour garantir l'avenir. Pire encore, tout indique que bien loin de s'améliorer la situation va s'aggraver. Cette situation n'est pas nouvelle mais elle s'accentue depuis plusieurs années et de nombreux efforts ont été accomplis pour renverser la tendance. Mentionnons en particulier l'acquisition de technologies étrangères et la constitution d'entreprises communes avec des sociétés japonaises et américaines. Bien que les intéressés puissent tirer profit de ces initiatives à court terme on ne peut pas dire que la réponse soit satisfaisante à long terme. En tout cas leur contribution à l'ensemble de l'économie européenne a été faible ; dans certains cas, les effets ont même été négatifs. Certains pays, prenant conscience du danger, ont établi (ou sont en train d'établir) leurs propres programmes nationaux ; jusqu'ici, ces programmes n'ont pas eu beaucoup d'impact mais leur importance s'accroît. Cependant, la situation a atteint un stade où même des programmes de l'ampleur envisagée par certains grands Etats membres ne permettront pas à eux seuls de résoudre les problèmes auxquels l'Europe se trouve confrontée".
Dans ces conditions, les entreprises voient un remède possible dans la concentration des efforts au niveau communautaire : "à moins de réaliser en coopération un programme industriel d'une ampleur suffisante, la plus grande partie sinon la totalité de l'industrie actuelle des TI pourrait disparaître en quelques années".
La Commission partage ce point de vue et a élaboré une proposition concernant le lancement d'un programme d'action concret.
La R & D à long terme au niveau précompétitif, suffisamment en amont de la phase de développement du produit, serait un secteur qui se prêterait à une action en coopération et les travaux pourraient être entamés sans retard.
Il conviendra évidemment de prendre un certain nombre d'autres mesures pour compléter cette action et assurer les meilleurs conditions pour l'exploitation industrielle rapide et efficace des résultats de la R. et D. dans la Communauté. Le but de ces mesures complémentaires comporterait la stimulation de marchés de pointe d'une ampleur suffisante, l'encouragement des investissements, la promotion d'infrastructures et de services adéquats, dans le domaine des télécommunications, par exemple.
Ce problème fera l'objet d'une analyse ultérieure, qui pourra mener à l'élaboration de nouvelles propositions.
Pour l'instant, l'objectif stratégique de l'action a été fixé en commun par l'industrie et les Etats Membres : il s'agit dans les dix prochaines années de rejoindre, sinon de dépasser, dans le domaine technologique les concurrents mondiaux. Des consultations avec l'industrie et les universités ont permis à la Commission d'identifier les objectifs techniques, de définir les modalités d'exécution du programme et de procéder à l'estimation des ressources nécessaires.
D'après les estimations, les crédits nécessaires pour une première phase de cinq ans atteindront environ 1.200 MECUS dont 20 %, soit 720 MECUS à la charge de la Communauté.
L'intervention communautaire proposée pour développer des technologies dont dépend l'efficacité de la plupart des industries européennes de transformation à haute valeur ajoutée peut paraître négligeable compte tenu du montant global des dépenses de recherche et de développement de l'industrie européenne dans ce secteur, (soit 2 milliards de $ US par an), et étant donné le fait que les principales entreprises américaines travaillant dans ce domaine investissent individuellement chaque année près de 2 milliards de $ US.
Si l'intervention de la Communauté est axée sur la promotion de travaux de pointe et si une approche sélective est adoptée, la Commission pense que cela encouragera la réflexion stratégique, accroîtra la confiance et intensifiera les efforts communs pour fournir aux technologies européennes de l'information une base de régénération.
La Commission propose donc de mettre en oeuvre la première phase de cinq ans du programme de R & D intitulé ESPRIT (programme stratégique européen de recherche et de développement relatif aux technologies de l'information) dont la durée prévue est de 10 ans.
Le programme prévoit la coordination des activités de R & D dans le domaine des TI dans les différents Etats Membres et un soutien financier direct des projets de R & D menés en coopération dans la Communauté.
A cet effet, la Commission présente un projet de décision du Conseil indiquant la durée, le caractère et les principales modalités d'exécution du programme.
Une annexe technique au projet de décision précise les domaines technologiques spécifiques sur lesquels portera le programme. Ces documents y compris l'Exposé des Motifs figurent ci-après. L'appendice qui fait l'objet d'un volume séparé présente en détail l'historique de la proposition et le choix technique offert.
Il est demandé au Conseil d'approuver l'action proposée et de voter les crédits budgétaires nécessaires.
1. Trois communications ayant les objectifs suivants ont été
présentées au Conseil(1) en 1982.
2. La décision a été prise par le Conseil le 21 décembre 1982 de financer la phase pilote au niveau de 11,2 MECU, soit 20 % du coût de la première année.
3. L'objectif du présent document est de fournir une base de
décision du Conseil sur le programme ESPRIT. Il est appelé à
constituer un élément essentiel de la stratégie industrielle
de la Communauté décrite dans les documents COM(81)639(2) et
4. Le progrès technologique représente un élément essentiel du développement et ce particulièrement pour les pays qui, comme les nôtres, dépendent essentiellement d'une économie de transformation, et de sources extérieures d'approvisionnement pour la plus grande partie de leurs matières premières et de leurs énergies.
5. Les nouvelles technologies de l'information constitueront une des sources prédominantes du progrès technologique pour le reste du siècle. Elles promettent d'apporter une réponse à de nombreux problèmes urgents actuels, elles permettront de créer de nouveaux produits, de nouveaux procédés et services, et par conséquent de nouvelles possibilités d'exportation et d'emploi.
6. Cette industrie constitue déjà une industrie essentielle,
comparable par ses dimensions(1) et par la valeur ajoutée
7. L'emploi dans le secteur de l'information(2) tend à devenir
8. Les performances de l'ensemble de l'économie sont considérablement influencées par la technologie de l'information, mais pas toujours de façon aussi directe : près des 2/3 du PNB de la Communauté est influencé d'une façon ou d'une autre par la technologie de l'information. Les secteurs moins directement influencés tels que l'agriculture peuvent également tirer un grand profit des TI ; par exemple, de l'observation par satellite, suivie par l'analyse des données par ordinateur et par le contrôle automatique des conditions de traitements des cultures. On peut prévoir sans risque d'erreur que vers la fin du siècle, aucun secteur important de l'économie n'échappera à l'influence de la technologie de l'information.
9. Les télécommunications, l'automatisation des bureaux et des usines jouent un rôle essentiel, étant donné qu'elles fournissent une infrastructure essentielle à l'ensemble de l'économie.
10. La Communauté n'est pas parvenue à suivre le rythme de développement observé au cours des dix dernières années. L'industrie communautaire ne couvre même pas la moitié de son marché intérieur qui représente actuellement 34 % du marché mondial. En 1972, elle avait encore un excédent commercial en produits des techniques de l'information. En 1980, le déficit commercial atteignait 2 milliards de dollars, et selon certaines sources, la limite des 10 milliards a été franchie en 1982.
11. Le problème du déficit commercial est caractérisé par le fait que les importations de la Communauté concernent essentiellement des produits de haute technologie, telles que les unités de traitement central et les mémoires d'ordinateur, importées des Etats-Unis et du Japon, alors que ses exportations portent sur des produits de technologies plus anciennes, qui constituaient sa force auparavant mais qui ne présentent plus d'intérêt que comme marchés de remplacement et pour les pays les moins développés.
12. Pour améliorer cette situation, la recherche et le développement devront constituer la pièce maîtresse d'une politique destinée à renforcer l'industrie de la Communauté à moyen terme et à long terme. Les firmes européennes, stimulées et dans certains cas par les actions des gouvernements, ont relevé le défi lancé dans ce domaine par la puissance croissante des firmes américaines et japonaises. Il est toutefois évident que l'importance des moyens consacrés dans les pays de la Communauté à la recherche et au développement est trop faible pour être efficace au niveau individuel, et que très souvent elle n'est pas suffisamment axée sur l'innovation compétitive au niveau international.
13. Dans son analyse des défauts du potentiel de recherche(1) de
14. L'incitation essentielle pour un programme aussi important est venue de l'industrie. Confrontée à la formidable concurrence du Japon et des Etats-Unis, l'industrie de la Communauté a pris conscience du fait que pour renverser la tendance d'une dépendance croissante vis-à-vis de la technologie importée, seule une planification stratégique commune à long terme de la recherche et la concentration des ressources, par l'élaboration et le financement d'objectifs technologiques d'intérêt commun à l'échelle communautaire, sont susceptibles de redresser la situation progressivement, de façon durable, grâce aux mesures suivantes : a) s'assurer que les équipes de recherche atteignent la "masse critique" permettant d'obtenir des résultats, b) permettre l'optimalisation des ressources qui réduira les doubles emplois et élargira le spectre des activités de recherche, c) réduire l'effet de retard provoqué par la dépendance vis-à-vis de la technologie importée, d) indiquer la voie de la définition et de l'adoption de normes d'origine européenne.
15. Une action de R & D de cette nature peut d'ailleurs être entreprise immédiatement et fournira la nouvelle technologie indispensable à la compétitivité. Comme elle se situe au niveau précompétitif, l'industrie peut y participer sans que cela ne l'empêche de tenter de conquérir le marché.
16. De larges consultations, menées sur plus d'une année, sur la base des concepts mentionnés ci-dessus, avec les principales firmes, petites et moyennes entreprises, universités et administrations des Etats Membres, ont abouti à l'élaboration d'un programme de R & D "in Information Technology". Le programme a pour objectif de fournir à l'industrie européenne de la technologie de l'information la base technologique nécessaire pour lui permettre de devenir et de rester compétitve au niveau mondial au cours des dix prochaines années.
17. Le principal critère utilisé pour définir les travaux de recherche et de développement devait être hautement sélectif pour permettre d'axer le programme sur les facteurs technologiques clés. Cette concentration était nécessaire parce que les technologies de l'information exigent des travaux de recherche et de développement, si importants, et que la technologie est si vite dépassée qu'il serait tout-à-fait impossible de couvrir tous les aspects et toutes les variantes possibles, compte-tenu des ressources humaines et financières relativement limitées qui peuvent être mobilisées sans compromettre les activités de développement de produits qui, à court terme, sont indispensables à la sauvegarde de la présence industrielle sur le marché.
18. Le programme met essentiellement l'accent sur le rôle de deux facteurs principaux que l'on peut déduire des tendances actuelles perceptibles dans le développement des techniques de l'information : l'un de ces facteurs, c'est que le nombre de personnes qui devront apprendre comment se servir de cette technologie ne cessera d'augmenter ; l'autre, c'est que la technologie elle-même devra devenir plus facile à utiliser et mieux intégrée au schéma global de notre vie quotidienne.
19. On n'atteindra ce dernier objectif qu'en accomplissant des
progrès substantiels dans le domaine du matériel
(composants), de la technologie du logiciel et de
l'architecture des systèmes (la combinaison du matériel et
du logiciel en systèmes). C'est pourquoi ESPRIT met
particulièrement l'accent sur ces trois domaines qui
constituent la clé de toute application. De plus, les
domaines dans lesquels les techniques de l'information
auront la plus forte incidence sur la vie économique et
sociale devront être choisis pour les activités de recherche
et comme banc d'essai technologique. Le bureau et l'usine
sont les 2 domaines(1) sélectionnés en raison de leur
20. Amorcer une "poussée technologique" dans toute la Communauté nous permettant d'égaler, voire de dépasser, techniquement nos principaux concurrents au cours de la prochaine décennie représente un objectif ambitieux, dont la réalisation exigera un effort commun de tous ceux qui, dans la Communauté peuvent contribuer efficacement aux travaux de R et D et à leur exploitation : grandes et petites entreprises industrielles, instituts de recherche, universités et particuliers. C'est seulement de cette manière qu'il sera possible d'obtenir une concentration des ressources humaines et financières à une échelle proportionnée aux objectifs.
21. C'est à cette fin qu'ESPRIT est conçu en tant que programme grâce auquel : a) des crédits seront attribués pour lancer dans la Communauté des projets de coopération de R & D précompétitives industrielles suivant des orientations technologiques stratégiques convenues ; b) des consultations systématiques seront encouragées entre les administrations des Etats Membres, les institutions universitaires, l'industrie et la Communauté sur la définition, l'évaluation et l'adaptation des travaux de R & D en vue d'optimaliser la coordination des efforts et l'utilisation des ressources parmi tous les participants aux technologies de l'information dans la Communauté ; c) des installations d'infrastructure et d'organisation seront offertes et permettront une sélection rigoureuse, une exécution efficace, un contrôle adéquat, une saine gestion et une diffusion satisfaisante des résultats des actions.
22. Pour créer les conditions nécessaires au développement progressif et efficace de ces activités, le programme ESPRIT, est conçu pour s'étendre sur une période de dix ans. La phase initiale de cinq ans est celles qui est actuellement proposée. Les grandes lignes des travaux R & D pour cette première phase dans les domaines indiquées ci-dessus sont tracées dans l'annexe technique au projet de décision du Conseil. Dans ce cadre, un programme de travail plus spécifique nécessaire à l'exécution journalière du programme sera établi chaque année en règle générale et mis à jour selon les besoins. Cette structure garantira une perspective à long terme aux grands projets tout en assurant une certaine flexibilité aux plus petits et donnera la possibilité, si nécessaire, de changer de cap à la lumière des résultats et de l'évolution de la technologie.
23. A cet effet, il sera nécessaire d'établir un régime de consultations étroites entre la Commission et les E.M. et de prévoir une surveillance permanente de ce secteur en vue de déceler en temps voulu les objectifs et les tendances de la technologie, d'organiser l'infrastructure administrative de façon à mettre à jour le programme de travail opérationnel et de l'adapter aux besoins réels ; d'apprécier de façon objective et précise les travaux, de gérer les contrats, de coordonner les différents projets et de diffuser les résultats.
24. Ces activités seront exercées par la Commission avec le
concours du Comité de gestion et de consultation (CGC)
établi par Décision du Conseil et dont les membres seront
désignés par la Commission d'accord avec les gouvernements
des E.M. La composition et les principales fonctions de ce
Comité sont définies dans l'annexe à la Décision du Conseil
créant le Comité qui a fait l'objet d'une récente
proposition de la Commission(1).
25. La définition et la vérification stratégiques techniques se
basera sur les renseignements fournis par l'industrie compte
tenu d'intérêts nationaux et communautaires plus larges, et
sera étayé par une analyse systématique des secteurs. Quant
aux projets qui doivent bénéficier d'une aide financière, la
R & D industrielle est reconnue comme reposant
essentiellement sur deux grandes catégories de projets(2) :
26. Etant donné l'ampleur et les nécessités différentes des
projets, il est nécessaire de prévoir différentes procédures
d'insertion de ces projets dans le programme ESPRIT.
a) En ce qui concerne les projets à caractéristiques
stratégiques (projets de type A) la Commission propose
que la contribution financière de la Communauté atteigne
le niveau de 20 % sous forme de subsides. Les autres 20 %
devraient en général être apportés par l'industrie
elle-même(1).
27. Pour être retenus, les projets doivent avoir été proposés par des sociétés y compris les petites et moyennes entreprises, des universités et d'autres organismes ayant leur siège dans la Communauté, et, en règle générale, y exerçant leurs travaux de R & D. Ces projets devront être exécutés dans la Communauté. Normalement, les propositions seront soumises à la Commission en réponse à un appel d'offres publié au Journal Officiel.
28. En règle générale, les critères principaux suivants seront appliqués à l'évaluation de tous les projets : - valeur technique, - contribution à la stratégie industrielle à la lumière des objectifs ESPRIT, - dimension communautaire, - capacités techniques, scientifiques et administratives permettant d'effectuer le programme de travail proposé, - mesures envisagées et approche de l'accessibilité et de l'exploitation des résultats.
29. En outre, a) pour les projets plus importants (type A), la participation d'au moins deux firmes n'ayant entre elles aucun lien commercial et ayant leur siège dans des Etats membres différents, constituera une condition sine qua none d'éligibilité. b) pour les projets moins importants (type B), la participation multinationale, bien que non obligatoire, sera considérée comme un élément décisif d'éligibilité, toutes choses étant égales par ailleurs.
30. La responsabilité générale de l'exécution du programme incombera à la Commission. Les Etats membres seront consultés par un Comité de gestion et de consultation (CGC) désigné par la Commission avec l'accord des gouvernements des Etats membres.
31. Parallèlement à cette structure consultative officielle, la Commission procédera lorsqu'il y a lieu à des consultations informelles, en les organisant de telle sorte que les petites et les grandes entreprises ainsi que les institutions universitaires et de recherche soient en mesure de formuler leur avis à l'intention de la Commission, sur toutes les questions importantes en rapport avec le contenu, la structure et l'exécution du programme. A cet effet, la Commission a l'intention de créer des organismes consultatifs industriels et scientifiques.
32. Une justification fondamentale d'ESPRIT réside dans l'effet synergétique que ce programme exercera, en concentrant une "masse critique" de travaux de recherche sur des objectifs technologiques stratégiques clés. A cette fin, un système approprié de diffusion de l'information sur les travaux projetés ou en cours, ainsi que sur leurs résultats, et leur exploitation revêtira une importance fondamentale. Il tiendra compte des différents types d'informations et des divers groupes à déservir ainsi que de leurs intérêts.
33. En dehors des solutions techniques adaptées aux principaux participants à la recherche (séminaires consacrées à des thèmes particuliers, détachement de chercheurs...), il sera créé une infrastructure plus large de collecte et de diffusion d'informations sur les travaux en cours et sur les résultats que les contractants devront signalés à la Commission ; ces informations seront diffusées d'une manière appropriée par exemple, lors de conférences spéciales ou par l'intermédiaire du système d'échange d'informations qui sera créé à l'intention de tous les participants à ESPRIT.
34. Quant à l'accès aux résultats et à leur exploitation, les directives générales sont en principe les mêmes que celles qui s'appliquent aux autres projets financés par la Communauté, c'est-à-dire que la propriété et le droit d'exploitation de toute information et propriété industrielle résultant des travaux effectués sous contrat reviendront normalement aux contractants.
35. En outre, un certain nombre de principes doit être respecté : - pour que la coopération ait un sens, les accords conclus entre les contractants doivent garantir que chaque participant au même projet, pour toute la durée de celui-ci et pour les besoins de sa participation aux travaux, dispose d'un accès certain et privilégié aux résultats des travaux des autres. - pour que l'effet synergétique global s'exerce, chaque équipe pourra accéder dans des conditions privilégiées aux connaissances acquises par une autre équipe travaillant sur un projet différent dans le cadre d'ESPRIT, dans la mesure où cette information peut permettre au projet qui en a besoin d'obtenir des résultats meilleurs ou plus rapides. - pour promouvoir la compétitivité dans la Communauté, il est nécessaire que d'autres firmes industrielles de la Communauté qui n'ont pas participé à un projet déterminé, mais qui peuvent et qui souhaitent utiliser ses résultats aient le droit de le faire. Les conditions correspondantes devraient être négociées sur une base commerciale, compte tenu de la contribution des parties ayant obtenu les résultats en question ainsi que de celle de la Communauté.
36. L'ampleur du programme général est fonction de l'incidence stratégique qu'il doit exercer. Cette incidence peut être mesurée grosso-modo en terme de marché et de niveau actuel de la dépense. Le montant total de l'investissement dans la R & D concernant les T.I. dans la Communauté peut être estimé à quelque 2 milliards d'ECUS par an : une fraction négligeable est consacrée en Europe à la R & D précompétitive à long terme en comparaison des 2 à 10 % que nos principaux concurrents affectent à ces activités.
37. Pour être valable et stimuler le nouveau raisonnement stratégique qui doit présider à la définition et à l'exécution du programme de R & D, l'intervention communautaire doit promouvoir un effort conjoint à long terme dans le domaine de la R & D précompétitive du même ordre de grandeur (c'est-à-dire 2 à 10 % au moins de l'effort global actuel de l'industrie). Les conclusions auxquelles on est parvenu après les consultations avec l'industrie,les gouvernements et les milieux universitaires en tenant compte des limites physiques de la réalisation progressive des capacités requises, ont indiqué qu'un effort initial en matière de R & D précompétitive à long terme d'environ 2.000 années homme par an à partir de la 3e année, constitue un but raisonnable. Le tableau 1 ci-joint montre comment les ressources affectées aux activités exercées pendant la première phase se développeront au cours des 2 premières années (1984-1988) et s'amenuiseront par la suite. Lors de la planification de la 2ème phase du programme un schéma similaire de répartition des ressources sera adopté pour les années 89 à 93 et maintenu pendant les 3 à 4 années de cette phase, au cours desquelles elles pourraient augmenter légèrement en terme réel.
38. La conversion de ces chiffres en estimations budgétaires, suivant la pratique de l'industrie, conduit à un investissement général de près de 1.200 millions d'ECUS au cours de la première phase quinquennale, ce qui correspond grosso-modo à 6 % de l'investissement total de l'industrie communautaire dans les TI. Cet investissement est très semblable à celui de nos principaux concurrents et ne dépasse pas nos possibilités. Sur la base d'une contribution moyenne de 20 %, la charge budgétaire de la Communauté serait de 720 MECUS, y compris les frais de gestion du programme et d'accès du système d'échanges d'informations.
arrêtant un programme d'actions communautaires de recherche et de développement dans le domaine des technologies de l'information : "ESPRIT"
LE CONSEIL DES COMMUNAUTES EUROPEENNES,
Vu le Traité instituant la Communauté économique européenne, et notamment son article 232,
Vu la proposition de la Commission,
Vu l'avis du Parlement Européen(1),
Vu l'avis du Comité économique et social(2),
Considérant que la Communauté a pour mission, par l'établissement d'un marché commun et par le rapprochement progressif des politiques économiques des Etats membres, de promouvoir un développement harmonieux des activités économiques dans l'ensemble de la Communauté et des relations plus étroites entre les Etats qu'elle réunit ;
Considérant que le Conseil a adopté le 12 juillet 1974 une
résolution(3) sur l'informatique ;
Considérant que les chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à Strasbourg les 21 et 22 juin 1979, ont déclaré que le complexe dynamique des industries de l'information, basé sur les nouvelles technologies électroniques, constituait un facteur essentiel de croissance économique et de développement social ;
Considérant que la Commission a proposé au Conseil, par sa communication COM (82) 862, une stratégie dans le secteur de la science et de la technologie et un programme cadre pour la période 1984-87 ;
Considérant que le programme cadre proposé exige un programme d'action de recherche et de développement dans le domaine de la technologie de l'information ;
Considérant que le Conseil a adopté, par la décision
82/878/CEE(4) une série de projets pilotes dans le domaine de la
Considérant que la réaction de l'industrie, des universités et des organismes de recherche à la phase des projets pilotes s'est avérée de très haute qualité et témoigne d'un degré élevé d'intérêt ; qu'il serait nécessaire de fournir des moyens adéquats, afin d'assurer la continuité des actions qui vont être entreprises et de procéder à la mise en oeuvre d'un programme d'action complet ;
Considérant qu'un programme complet de recherche et de développement dans le domaine de la technologie de l'information devrait comporter les objectifs généraux mentionnés en annexe, mais être susceptible de révision à différents niveaux de détail afin de tenir compte de la modification des priorités industrielles ;
Considérant que les mesures adéquates pour assurer la diffusion et l'accès aux résultats des projets ayant un intérêt communautaire sont essentielles afin de poursuivre les objectifs de la Communauté ;
Considérant qu'il est nécessaire en vue de l'exécution du programme que la Commission soit assistée d'un Comité Consultatif en matière de gestion et de coordination ;
Considérant que l'importance de l'action peut nécessiter une expansion du programme arrêté par la présente décision ;
Considérant que le Traité ne prévoit pas les pouvoirs nécessaires
DECIDE :
1. Un programme de recherche et de développement pour la Communauté économique européenne, tel qu'il est défini dans la section A de l'annexe, ci-après dénommé "le programme", est arrêté pour une période de cinq ans, à partir du 1er janvier 1984, dans le domaine des technologies de l'information.
2. Le programme comprend des actions exécutées au moyen de contrats à conclure avec des sociétés, y compris les petites et moyennes entreprises, des universités et d'autres organismes établis dans la Communauté et des actions de coordination des activités de recherche et développement qui font partie de programmes des Etats membres et de la Communauté.
3. En principe, les contractants devront supporter une part substantielle des coûts qui seront normalement répartis à raison de 20 % pour les contractants et de 20 % pour la Communauté.
La Communauté contribue à la réalisation du programme dans les limites des crédits inscrits à cette fin au Budget des Communautés Européennes.
Le montant global des crédits correspondant à la participation de la Communauté à la réalisation du programme est estimé à 720 millions d'ECUS y compris les effectifs requis évalués à 83 fonctionnaires A, 17 fonctionnaires B et 20 fonctionnaires C comme l'indique la section B de l'annexe.
La Commission veille à la bonne exécution du programme. En particulier, elle décide des modalités de mise en oeuvre du programme, de la définition des objectifs détaillés et de la nature des actions à entreprendre. Elle établit chaque année, et met à jour selon les besoins, un programme de travail.
La Commission est assistée dans l'accomplissement des tâches visées à l'article 3 par le Comité de gestion et de coordination dans le domaine des technologies de l'information, créé par décision du Conseil.
En ce qui concerne les activités de coordination, les Etats Membres échangent toutes les informations auxquelles ils ont accès et qu'ils peuvent divulguer en ce qui les travaux de R & D intéressant les domaines couverts par la présente décision, qu'ils soient ou non planifiés ou effectués sous leur autorité. L'information est échangée conformément à une procédure à définir par la Commission en accord avec le Comité visé à l'Article 4 et sera traitée de manière confidentielle à la demande de celui qui la fournit.
1. Le programme est réexaminé au terme de 30 mois. Le Conseil et le Parlement Européen sont informés des résultats du réexamen.
2. Le programme peut être reconduit pour une deuxième période de cinq ans, sur proposition de la Commission à soumettre au Conseil conformément aux procédures appropriées.
3. Au terme de chaque période quinquennale du programme, la Commission après consultation du Comité visé à l'article 4, envoie aux Etats Membres et au Parlement Européen un rapport sur la réalisation et les résultats du programme.
Fait à Bruxelles, le Pour le Conseil
Le programme contient des domaines d'activité de recherche et de développement et des actions d'infrastructure.
Les domaines d'activité de recherche et de développement sont :
L'objectif principal est de fournir les capacités technologiques de conception, de fabrication et d'essai des circuits intégrés à semi-conducteurs VLSI qui seront nécessaires dans les deux décennies à venir. Un objectif concomitant consiste à stimuler la recherche et le développement sur de nouveaux matériaux et dispositifs en vue d'applications spéciales. Les activités qu'il convient de poursuivre englobent : - la conception, la production et l'expérimentation, assistées par ordinateur, de produits VLSI ; - les phases de développement de circuits intégrés au silicium jusqu'à une dimension de l'ordre du micron ; - l'intégration des phases de développement en vue d'une production VLSI contrôlée par ordinateur ; - les phases de développement de composants submicroniques en silicium et en d'autres matériaux semi-conducteurs ; - les techniques d'établissement des interfaces entre les circuits intégrés et leur environnement ; - la recherche sur le traitement et la transmission optiques de l'information, notamment l'opto-électronique intégrée, la commutation et le stockage optiques ; - les nouvelles technologies de présentation des informations et des images ; - les nouveaux matériaux organiques et inorganiques pour l'électronique et les techniques optiques.
La technologie du logiciel vise à fournir l'ingénierie de base, les méthodes et les outils nécessaires au développement de logiciels, les principes de gestion pour une technologie de l'information. Cette approche du développement des logiciels a pour but d'acquérir une meilleur connaissance scientifique et constitue principalement un travail de recherche théorique.
La deuxième approche porte sur le processus de production des logiciels. Elle considère le développement des logiciels comme une activité industrielle dans laquelle de grandes équipes d'ingénieurs (diplômés et spécialisés) créent des systèmes de logiciel complexes, prévus dans de nombreuses versions et variantes pour de vastes marchés et sur une longue période. Le travail dans ce domaine a trait à toutes les parties du cycle de vie du logiciel et touche des activités telles que l'analyse des exigences, la spécification, la conception, la mise en oeuvre, la vérification et la validition, la maintenance et le perfectionnement. L'intégration totale des méthodes et des outils ainsi que la continuité phase par phase revêtiront une importance particulière. La principale activité de recherche et de développement dans ce domaine porte sur les méthodes et les outils ainsi que sur leur intégration dans des systèmes complets de production de logiciels. L'objectif visé est la maîtrise du processus de production industrielle des logiciels.
La troisième approche concerne le processus de développement des logiciels considéré comme une activité économique à part entière. Elle se concentre sur le logiciel en tant que produit et étudie les interactions entre les objectifs commerciaux d'une entreprise, d'une part, et les caractéristiques techniques ainsi que les exigences de performances de logiciels, d'autre part. Elle étudie également le problème de la production de logiciels spécifiques d'application et le moyen par lequel la connaissance du domaine d'application peut influer sur les outils et les méthodes de développement des logiciels.
Cette approche vise à fournir les techniques et les critères d'organisation, de gestion et d'optimisation de tous les éléments du processus de production et de la technique d'application du logiciel. Elle impose des travaux de recherche et de développement dans les secteurs suivants : - théories et méthodes de développement de programmes ; - méthodes et outils d'ingénierie informatique ; - aspects économiques et industriels de la production de logiciels.
Le but du traitement avancé de l'information est de créer la base d'exploitation industrielle pour le passage du système de traitement des données au système du traitement des connaissances qui est la clé de la nouvelle génération d'ordinateurs. Parmi les objectifs intermédiaires importants de ce domaine figurent la fourniture d'interfaces plus à la portée d'utilisateurs non experts et l'exploitation de systèmes VLSI pour accroître sensiblement les capacités de traitement de l'information. Les travaux de recherche et de développement porteront principalement sur les sujets suivants : - l'ingénierie de l'information et de la connaissance, y compris l'utilisation de systèmes experts ; - les techniques de reconnaissance des structures et leur application aux interfaces avec l'environnement, notamment l'intercommunication homme-machine ; - le stockage des informations et des connaissances, y compris les nouvelles technologies des matériels et les techniques avancées de logiciels ; - l'architecture des ordinateurs, notamment pour le traitement parallèle, pour arriver à de nouvelles machines de traitement à capacité supérieure ; - les objectifs et méthodes conceptuels d'intégration de concepts TAI crédibles dans des circuits VLSI.
L'objectif consiste à procéder à des recherches sur les systèmes d'information qui aideront à l'exécution de la multitude des travaux non routiniers réalisés par l'homme dans l'environnement du bureau. Les activités à poursuivre incluent : - la science des systèmes bureautiques en vue de l'analyse structurelle et fonctionnelle et de la description des procédures de bureau, de la définition de normes et de la conception de produits et de systèmes adoptés aux nécessités du bureau. - les postes de travail, les langages de descriptions de documents, la création et la diffusion de documents, les interfaces homme-machine. - les systèmes de communication dans les bureaux, incluant des réseaux locaux et leur interconnection, la communication interactive intégrée texte-parole-image-vidéo et les fonctions à valeur ajoutée ; - les systèmes de classement et de consultation de fichiers, l'accent étant mis sur la facilité d'accès et sur l'acquisition de connaissances, le contenu et la structure des bases de données adressables, les langages de documentation de bureau ; - les facteurs humains englobant tous les aspects de l'interaction entre l'homme et les systèmes de traitement de l'information.
L'objectif consiste à établir les bases technologiques pour l'introduction progressive des aides informatiques à toutes les phases du processus de production en vue d'aboutir finalement à une production intégrée. On met surtout l'accent sur la production des éléments nécessaires à la production de pièces par lots car il s'agit là du problème techniquement le plus exigeant. L'effort de recherche et de développement portera principalement sur : - l'architecture intégrée pour systèmes de PIO, y compris les systèmes de gestion de base de données et l'inscription des concepts de TAI. (Traitement Avancé de l'Information) ; - les systèmes modulaires de conception et d'ingénierie assistées par ordinateur (CAO et IAO) ; - les systèmes modulaires de production, d'essai et de réparation assistés par ordinateur et leur intégration avec la CAO et l'IAO ; - les systèmes de logiciel et d'exploitation, y compris les langages de commande, pour la production de prgrammes de contrôle sur la base de la simulation, de la conception, de la production et des essais d'assemblage automatisé, pour le fonctionnement des robots et pour les machines outils à contrôle numérique informatisé ; - les systèmes de représentation d'images et de contrôle pour la saisie et le traitement en temps réel d'images tridimensionnelles et pour l'élaboration de réponses appropriées, avec l'utilisation de techniques TAI ; - la conception et la fabrication, de VLSI pour les sous-systèmes PIO, les capteurs, ...; - les modèles de démonstration de sous-systèmes PIO conduisant à des systèmes de démonstration complets PIO en vue de procéder à des expériences en situation réelle.
Les actions d'infrastructure consistent en un certain nombre de mesures spécifiques visant à créer les conditions nécessaires pour assurer le succès des activités conjointes de recherche et de développement au niveau communautaire et pour tirer un bénéfice maximal du programme ESPRIT dans son ensemble. Ces activités d'infrastructure comprennent notamment : - la coordination des programmes de R & D de la Communauté et des Etats membres, l'acquisition d'informations, aussi bien à l'intérieur d'ESPRIT que dans le monde entier, et leur diffusion appropriée ; - la coordination et la documentation des normes dans le cadre d'ESPRIT ainsi que leur relation avec les normes nationales et internationales ; - un système d'échange d'informations pour faciliter les communications en vue d'assurer une bonne réalisation technique des projets de recherche et de développement ainsi que leur gestion et la diffusion appropriée de leurs résultats. Une mise en oeuvre et une amélioration progressives devraient aboutir à une communication directe entre ordinateurs et au développement de logiciels répartis.
Section I - Historique.......................... page Section II - Objectifs Spécifiques d'ESPRIT...... page Section III - Actions Proposées................... page
Objet de la présente communication
1. En 1982, trois communications ont été envoyées au Conseil(1)
:
2. Les ministres de la recherche ont réservé un accueil favorable à l'idée de projet ESPRIT à leur session de juin 1982 et approuvé le principe d'une phase pilote à leur session de novembre 1982. Le 21 décembre 1982, le Conseil a décidé de financer la phase pilote à concurrence de 11,2 MECU, ce qui représente 20 % des coûts de la première année.
3. Le niveau et la qualité des réponses aux appels d'offres pour le lancement de la phase pilote et l'appui fourni par l'industrie indiquent clairement que le moment est venu de définir et de mettre en oeuvre un programme à grande échelle.
4. Le présent document a pour objet de jeter les bases d'une décision du Conseil arrêtant un programme principal dans lequel les projets pilotes seront incorporés.
2. L'influence historique et mondiale de l'Europe a toujours été étroitement liée à ses réalisations scientifiques et technologiques. Bien qu'il pose certains problèmes, le progrès technologique est un élément essentiel de l'évolution future des sociétés humaines, évolution qui dépend de l'acquisition de technologies nouvelles, et de leur utilisation judicieuse.
6. On peut considérer que les nouvelles technologies de l'information (TI) seront l'une des principales sources de progrès technologique jusqu'à la fin de ce siècle. Elles promettent d'apporter une solution à maints problèmes urgents du monde moderne et offrent à l'Europe une chance unique de renaissance industrielle grâce à une croissance qualitative créatrice de produits, procédés et services, et par conséquent, de possibilités d'exportation et d'emplois nouveaux.
7. Pour les économies européennes à haute valeur ajoutée, les TI revêtent une importance vitale et l'Europe doit acquérir des compétences propres dans des domaines clés si elle veut pouvoir rivaliser avec les Etats-Unis et le Japon et coopérer avec eux sur un pied d'égalité.
8. Cependant, l'Europe ne se trouve plus comme autrefois à la pointe du développement technologique et de l'innovation et en raison de la situation mondiale, il lui est de plus en plus difficile de sauvegarder sa puissance économique et industrielle de manière à faire face au coût croissant de l'énergie, des matières premières et à l'intensification de la concurrence internationale.
9. Etant donné que l'Europe est tributaire d'importations, le potentiel d'exportation de son industrie et toutes les questions connexes constituent un problème politique d'une importance capitale.
10. Les TI impliquent un très gros effort de R & D et dans ce domaine, les techniques sont très vite dépassées. Cela signifie que l'importance de l'investissement à faire dans la recherche et le développement rend une sélection inévitable.
11. La dimension communautaire de la croissance économique et de l'exploitation des avantages potentiels des TI est importante. Il en va ainsi, en particulier, pour l'utilisation plus efficace des rares équipements et ressources technologiques affectés à la recherche et au développement à moyen et long terme dans le domaine des TI.
12. Bien que la Communauté ait déjà consenti des efforts considérables dans ce domaine, ceux-ci doivent être sensiblement intensifiés dans les domaines clés et rendus plus efficaces.
13. La mobilisation du potentiel technologique de la Communauté dans ce domaine dépendra de la volonté collective des gouvernements, de l'industrie, des instituts de recherche, des universités, des syndicats et de l'opinion publique de donner à l'industrie les atouts nécessaires, à long terme, à une viabilité et à une force plus grande.
14. La technologie de l'information est, peut-être, de tous les secteurs d'activité industrielle et commerciale, celui qui se développe le plus rapidement dans le monde occidental. Les débouchés sont vastes, les applications diversifiées et en expansion, les perspectives d'accroissement du rendement immenses. La TI sera le moteur de la croissance économique pendant au moins tout le reste de ce siècle et constitue par conséquent l'un des principaux volets de la politique économique.
12. La technologie de l'information est un secteur qui s'insère très bien dans l'économie européenne, caractérisée par un coût relativement élevé de la main-d'oeuvre. Elle peut contribuer à améliorer les performances et à abaisser les coûts dans plusieurs autres secteurs industriels. La TI a une très forte valeur ajoutée, et un grand potentiel d'exportation. En outre, elle utilise beaucoup de connaissances, consomme peu d'énergie et de matières premières et n'affecte pas l'environnement.
16. La TI constitue déjà une industrie importante en soi, qui
est comparable, par ses dimensions(1) et sa valeur ajoutée,
17. Le PIB de la Communauté est assuré à raison d'environ 6 % par les industries suivantes, qui constituent le noyau même des TI : - ordinateur, y compris les périphériques - services informatiques, y compris le logiciel - composants et à raison de 29 % de plus, les industries suivantes, qui constituent des domaines d'application des TI : - télécommunications, - bureautique, - automatisation des usines, - produits de consommation, - applications militaires, - services financiers et d'assurances.
18. Une autre fraction de 20 % du PIB, provient d'autres secteurs industriels qui traitent un important volume de données, comme les services et le commerce de détail, et de ceux qui utilisent de plus en plus les ordinateurs pour les tâches de conception, production, contrôle de qualité, distribution et entretien : l'automobile et le textile, par exemple.
19. Les performances des autres secteurs économiques sont elles aussi sensiblement améliorées quoique de manière moins directe, par les TI. L'agriculture, par exemple, peut tirer un grand profit de l'observation de la terre par satellite qui, suivie d'une analyse par ordinateur des données recueillies, permet d'optimiser la production. Compte tenu de l'importance du secteur agricole, toute influence des TI, si modeste soit-elle, a déjà une grande valeur économique.
20. Les télécommunications, la bureautique et l'automation industrielle jouent un rôle particulièrement important, car ces applications des TI se concrétisent par une infrastructure d'importance vitale pour l'ensemble de l'économie.
21. Dans le secteur secondaire, l'industrie spécialisée dans les TI est au niveau mondial celle qui a connu un des rythmes d'expansion les plus rapides au cours de la dernière décennie, laquelle s'est par ailleurs caractérisée par une récession générale. On espère que la croissance se poursuivra au taux d'environ 8 ou 10 % jusqu'en 1990, date à laquelle cette industrie, avec un chiffre d'affaires global de quelques 200 milliards de dollars (prix de 1980), se classera au premier rang mondial des industries manufacturières.
22. Dans le secteur de l'emploi(1), les professions de
23. Quatre million d'emplois dépendent, dans la Communauté, des performances des TI. Si le marché des produits des TI s'était développé dans la Communauté au même rythme qu'aux Etats-Unis et au Japon, 2.000.000 d'emplois supplémentaires auraient pu être créés. Un même nombre d'emplois est menacé à l'avenir si l'industrie communautaire n'améliore pas sa compétitivité en utilisant les TI aussi efficacement que ne le font ses concurrents dans le monde.
24. La technologie de l'information est intimement associée au progrès social et culturel. La première grande innovation qui ait été faite dans ce domaine à savoir, l'enregistrement de l'information sous forme de symboles, remonte à 2.000 ans. Depuis lors l'écriture alphabétique, l'imprimerie et, tout récemment, l'édition par ordinateur constituent des jalons d'importance majeure.
22. Jusqu'à présent, les spécialistes de la technologie de l'information se sont essentiellement préoccupés de perfectionner des méthodes de traitement rapide de l'information relativement simples, par exemple le calcul et la sortie sur imprimante. Cependant, il est encore très difficile de reproduire avec les techniques actuelles des processus cognitifs aussi simples que la reconnaissance d'une voix.
26. Compte tenu des progrès prévisibles dans le domaine des TI, des formes relativement avancées d'intelligence artificielle ne sont plus hors de notre portée et il est évident qu'elles entraîneront des modifications d'ordre socio-culturel et politique aussi importantes que celles qu'ont provoquées d'autres grandes innovations de ce siècle.
27. Les chances d'une évolution sociale et culturelle sont énormes, car les TI lèvent, dans le domaine social et dans celui de l'éducation, des obstacles qui trouvent leur origine dans les inégalités d'accès à l'information et à la connaissance. Cela implique évidemment, comme c'est le cas de tout nouveau produit, des risques qui doivent être soigneusement examinés et qui peuvent exiger une évaluation et un choix prudent.
28. La révolution des TI intéresse le monde entier et donne à toutes les sociétés des chances de sauvegarder leur identité culturelle et des possibilités d'épanouissement culturel. La diffusion directe par satellite constitue pour les pays en voie de développement un moyen d'éduquer et d'informer leurs populations. Dans les Etats Membres, les progrès de la traduction automatique faciliteront l'emploi dans toutes les langues communautaires. L'enseignement et la formation seront plus efficaces et coûteront moins cher.
29. A longue échéance, le succès exige que les nations et que les régions sachent à la fois saisir leurs chances et maîtriser les risques. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire, mais non point suffisant, d'accélérer le progrès des TI. L'éducation et la formation, les questions de changement de la nature même du travail, de respect de la vie privée, d'échange de données à travers les frontières et maints autres problèmes importants doivent être pris en considération. Les services de la Commission ont déjà entrepris l'étude de plusieurs de ces problèmes, ainsi que des actions proposées et des mesures mises en oeuvre.
30. La dépendance de la Communauté à l'égard des importations de technologies de l'information s'accroît rapidement. En 1972, la balance des produits de la TI était encore excédentaire. En 1980, le déficit atteignait 2 milliards de dollars et, selon certaines sources, la barre des 10 milliards a été franchie en 1982.
31. Le problème du déficit est aggravé par le fait que la Communauté importe essentiellement des produits de haute technologie - tels qu'unités et mémoires centrales d'ordinateur - en provenance des Etats-Unis et du Japon, tandis qu'elle exporte des produits plus classiques et de technologie moins avancée.
32. Le développement du marché communautaire des TI est en retard de plusieurs années sur celui des marchés américains et japonais. Le fait est attesté par le montant des ventes de produits des TI réalisées par tête d'habitant dans la Communauté, qui n'atteint que 60 % de celui enregistré aux Etats-Unis.
33. Les bénéfices du secteur des TI dépendent de plus en plus de l'importation de technologies ou de licences de production, distribution et entretien. Cette situation se traduit par un important retard au niveau des produits et de la technologie.
34. En raison de la rapidité d'introduction de nouvelles générations technologiques et de l'amélioration de la productivité de chacun de celles-ci, on a estimé que la durée de vie moyenne des produits TI de haute technologie ne dépassait pas 3 ans. Ces produits, tels que microprocesseurs et autres composants clés, ainsi que tous les produits et services de l'économie ne sauraient être compétitifs sur le marché international s'il ne tiennent pas compte des réalisations les plus récentes.
32. En même temps, le minimum d'investissements à réaliser dans les activités de R & D portant sur les technologies "motrices" continue à croître, de sorte que la rentabilité de l'investissement exige des marchés de dimensions croissantes. La commutation numérique a nécessité l'investissement d'environ 1 milliard de dollars dans des travaux de R & D. Pour amortir cet investissement, il faut réaliser un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars et d'après les projections faites pour la prochaine décennie, le marché d'aucun Etat Membre n'atteindra pareille dimension, vu le nombre de concurrent qui s'y affrontent. 36. Des contraintes analogues pèsent, à un degré variable, sur nombre de secteurs des TI et en particulier sur les technologies "motrices" nécessaires pour l'élaboration de produits et services de pointe.
37. Les sociétés européennes, parfois stimulées par la politique gouvernementale, ont déjà entrepris de relever le défi que constitue l'intensification de la concurrence américaine et japonaise. Tout indique cependant que le niveau et l'ordre de grandeur des ressources affectées à la recherche et au développement dans les pays de la Communauté sont trop faibles et que l'effort entrepris n'est pas convenablement concentré sur l'innovation et par conséquent sur la compétitivité internationale.
38. En particulier, les thèmes de R & D impliquant de longs délais entre le début des études et l'exploitation industrielle des résultats, sont négligés en faveur de la recherche et du développement à court terme qui permettent certes de rattraper des retards, mais ne peuvent placer une industrie au tout premier rang dans un secteur spécifique.
39. Les méthodes actuelles de gestion du patrimoine technologique et des ressources ne semblent être d'aucune aide à l'industrie communautaire dans ce domaine et ce qui est plus grave, elles risquent de ne pas remplir leur rôle vital nécessaire dans la consolidation des bases technologiques nécessaires pour pouvoir innover dans les années 80 et 90, lorsque, selon toute probabilité, les régions industrialisées se livreront sur les marchés d'exportation à une concurrence féroce, afin de pouvoir payer l'énergie et les matières premières.
40. C'est dans la recherche et le développement qu'il faut chercher la clé du renforcement de l'industrie communautaire spécialisée dans les TI à moyen et à long terme. Dans ce domaine, la Communauté dispose de suffisamment de ressources pour rivaliser avec les Etats-Unis et le Japon, mais actuellement ces ressources ne sont pas utilisées de façon suffisamment efficace. Une planification stratégique à long terme et la concentration des ressources, réalisables moyennant définition et financement de la poursuite d'objectifs technologiques au niveau communautaire, auraient de bonnes chances de redresser progressivement et durablement la situation.
41. La Commission partage avec l'industrie le point de vue que les efforts actuels de R & D doivent être à la fois rendus plus efficaces et considérablement accrus pendant longtemps.
42. Le rapide déclin que l'on enregistre actuellement va en s'accélérant. Il importe par conséquent d'entreprendre une aide efficace le plus rapidement possible.
43. Des concertations approfondies avec les grandes sociétés spécialisées dans les TI, les petites et moyennes entreprises, les universités et les administrations des Etats Membres ont permis d'élaborer le programme de R & D à long terme dit ESPRIT (Programme Stratégique Européen de Recherche et de Développement dans le Domaine des Technologies de l'Information).
44. ESPRIT a reçu une impulsion majeure de l'industrie. C'est celle-ci qui, afin d'inverser la tendance actuelle, doit recourir de plus en plus à l'importation de technologies nouvelles et proposer un programme commun de R & D dont les objectifs sont les suivants : - réduire les doubles emplois dans le domaine de la recherche et du développement précompétitif, - constituer des équipes de chercheurs atteignant la taille critique nécessaire, et suffisamment stable dans le temps pour pouvoir se concentrer sur certains domaines clés et obtenir des résultats valables. - réduire les retards dus à la dépendance à l'égard des technologies importées.
45. L'industrie a déclaré qu'elle était prête à fournir la moitié des fonds nécessaires, et, élément plus important encore, à céder en partage une grande partie de ses précieuses ressources en main d'oeuvre technique. Ceci se vérifie particulièrement pour les sociétés qui possèdent de grandes installations et participent à la réalisation intégrée de projets stratégiques à grande échelle.
46. Que l'industrie demande à la Communauté et que celle-ci
accepte d'assurer le reste du financement se justifie par
les raisons suivantes :
1) en acquérant ensemble la maîtrise des technologies
"motrices", on pourra jeter les bases de normes communes
et créer un marché communautaire des TI ; dans ce
domaine, une progression n'est possible qu'à condition de
déployer les forces sur toute la largeur du front
communautaire ;
2) il importe d'éviter les gaspillages dûs aux doubles
emplois des efforts nationaux(1).
47. Pour rétablir l'équilibre, l'industrie communautaire doit nécessairement commencer par améliorer les bases technologiques dont elle aura besoin au cours des dernières années 80 et des années 90 en se livrant à des travaux généraux de recherche et de développement précompétitif.
48. Le choix d'un programme de R & D se justifie par les raisons suivantes : 1) un tel programme peut démarrer immédiatement, 2) l'innovation technologique est une condition indispensable de la compétitivité, 3) La collaboration industrielle au niveau de la recherche précompétitive n'empêche pas la concurrence au niveau de la conquête des marchés.
49. ESPRIT aura la dimension et donnera l'impulsion voulues pour
exercer une influence majeure sur le savoir-faire de pointe
dans le domaine des TI.
Il intensifiera les efforts de l'industrie et des
universités sur une base sélective en ce qui concerne la
technologie stratégique, secteur dans lequel l'approche
communautaire offre d'importants avantages. Il en résultera
un influx technologique.
Toutefois, la recherche et le développement ne sont pas les
seuls aspects offrant l'avantage et la dimension
communautaire. L'enseignement et la formation, le transfert
technologique, la normalisation et la certification, la
création de marché de pointe, l'amélioration de
l'environnement commercial pour les PME et bien d'autres
aspects encore, donnent la possibilité d'adopter une
approche communautaire sélective pour améliorer les
conditions du marché(1).
50. La section II de ce document sera consacrée à l'exposé du contenu et à la portée d'ESPRIT et ce à la lumière des améliorations que ce projet doit apporter aux performances industrielles.
1. Le but stratégique général d'ESPRIT est de fournir à l'industrie européenne des TI la technologie de base dont elle a besoin pour pouvoir soutenir la concurrence des Etats-Unis et du Japon au cours de la prochaine décennie.
2. En raison de la croissance rapide de la demande d'information et de communication dans tous les domaines de la vie, les TI sont indipensables au canevas économique tout entier. D'ici peu, près de 70 % de l'économie auront recours, d'une manière ou d'une autre, aux ordinateurs et aux autres produits informatiques.
3. Au cours des deux ou trois dernières décennies, la technologie a considérablement développé les possibilités d'améliorer les moyens de communication. Cette impulsion technologique subsiste toujours et n'a rien perdu de sa vigueur. Il est possible d'identifier dans ce processus un certain nombre de tendances dont : - la diminution constante de la taille, de la consommation d'énergie et du coût des équipements électroniques, associée à une augmentation considérable de leur pouvoir fonctionnel et de leur fiabilité ; - la répartition physique croissante des fonctions de traitement de l'information, ce qui permet l'accès à distance et l'exploitation en coopération par le biais de liaisons à large bande ; - le développement électronique des bases de données mises à la disposition d'un nombre sans cesse croissant d'intéressés dans les milieux industriels, tertiaires et domestiques ; - l'augmentation des niveaux d'interaction entre l'homme et la machine à travers l'interface entrée/sortie.
4. Si l'on extrapole ces tendances, on peut conclure que les années 1990 seront celles de la fusion des systèmes et services d'information, naguère séparés, par l'intermédiaire des réseaux régionaux et locaux. Les réseaux publics, tels que le réseau numérique de services intégrés (RNSI), diffuseront les données sur des liaisons à large bande, y compris les satellites, et atteindront les foyers, le bureau et l'usine par l'intermédiaire de lignes d'abonnés numériques. Les réseaux locaux seront connectés par des passerelles ou portes pour former de grands réseaux régionaux.
5. Une interface sera réalisée entre les utilisateurs et ces réseaux par des terminaux ou des postes de travail donnant accès à une très vaste gamme de services : affaires, éducation, loisirs, communications personnelles.
6. Au cours des années 1990 et au-delà, tous les systèmes d'information se caractériseront par une intelligence croissante de la machine. Cette intelligence se traduira par un comportement adaptable - par la possibilité de traiter la connaissance plutôt que les données ; de comprendre la parole, d'accepter des textes imprimés ou manuscrits, ainsi que des graphiques. Mais la machine sera avant tout plus sensible et plus serviable à l'égard des utilisateurs humains des systèmes d'information. Les machines construites à des fins telles que les transports, les activités industrielles, la défense et la médecine offriront des possibilités et auront un comportement beaucoup plus sophistiqué. Elles seront de plus en plus "conscientes" de leur environnement et pourront adapter leurs opérations aux changements de situation.
7. Bref, il s'instaurera une interaction de plus en plus étroite entre l'homme et la machine à tous les niveaux et dans tous les secteurs de l'économie et de la société. Ces faits et tendances auront deux répercussions évidentes : - l'une est qu'un nombre croissant d'individus devra apprendre à se servir de cette technologie, - l'autre, que les produits de la technologie devront être de plus en plus facile à utiliser et être mieux intégrés au déroulement de notre vie quotidienne au travail comme au foyer. La première de ces répercussions est lourde de conséquence pour l'enseignement et la formation, mais elle ne se situe pas dans le cadre de la présente communication. La deuxième permettra à la technologie de relever les défis qu'elle aura à affronter au cours des dix années à venir.
8. Procédons à une analyse plus détaillée de la situation. Se rapprocher de l'utilisateur signifie que le niveau de l'interface homme/machine doit être rehaussé. Les ordinateurs et les autres systèmes TI doivent être en mesure de communiquer avec l'utilisateur par des moyens plus "naturels" qu'à l'heure actuelle. Ils devront comprendre le langage naturel, la parole et les textes manuscrits, bien que dans certaines limites sans doute. La communication deviendra plus interactive : l'utilisateur explorera avec le système les différentes manières dont celui-ci peut l'aider dans son travail, résoudre son problème, ou obtenir l'information qu'il lui faut. Le mode de communication entre l'homme et la machine s'écartera de plus en plus des instructions détaillées et spécifiques nécessaires à l'exécution d'opérations ponctuelles, pour s'orienter vers les descriptions d'unités de travail plus importantes, laissant au système le soin de mettre au point la séquence détaillée des instructions dont il a besoin pour s'acquitter de sa tâche. Au fur et à mesure de l'augmentation de son "intelligence" et de l'exécution de travaux plus ambitieux et moins spécifiques, le système pourrait découvrir des ambiguïtés ou des contradictions au niveau de l'utilisateur et être amené à dialoguer avec ce dernier pour préciser ses desiderata. En même temps, le système devra mieux comprendre ce qu'il fait, pour pouvoir expliquer à l'utilisateur pourquoi il est parvenu à un résultat donné et comment agir si ce résultat ne donne pas satisfaction.
9. Il y a trois autres impératifs. L'un est que les utilisateurs doivent pouvoir accéder facilement à toutes les sources d'informations qui les intéressent, pour pouvoir résoudre leur problème particulier, au moment où ils en ont besoin et quel qu'en soit l'emplacement physique. Cela ne signifie nullement une centralisation du traitement ou des bases de données. Bien au contraire, il en résulte la nécessité de mettre en place des réseaux régionaux et locaux interconnectés et toutes les formes possibles de traitement réparties. Il convient de souligner que, pour rendre possible l'interconnexion de tous les services TI, il est indispensable d'établir des normes pour leurs interfaces. Le deuxième est celui de la fiabilité des sytèmes. Tout le monde s'en remettant à eux pour l'exécution d'un nombre croissant de tâches, ils doivent devenir nettement plus fiables. La défaillance d'un système ne doit pas paralyser toute une usine ou toute une unité économique. La difficulté augmentera de toute évidence du fait que plus de personnes vont se servir de ces systèmes et que ces personnes seront de moins en moins des "professionnels", qu'elles risqueront donc de mal utiliser les systèmes ou de les utiliser d'une manière non prévue par leur concepteur. En même temps, faciliter l'utilisation d'un système signifie le rendre intérieurement plus complexe, ce qui accroît aussi les possibilités d'erreurs ou de dysfonctionnement du matériel ou du logiciel. En outre, comme il doit y avoir une interface entre ces systèmes et un grand nombre d'autres, leur complexité interne augmente encore, ce qui, une fois de plus, se répercute sur la fiabilité. Le troisième est l'amélioration de la sécurité. Plus d'informations étant mises à la disposition de plus de personnes et les interconnexions se multipliant, la protection de ces informations doit être considérablement renforcée.
10. Chacun des facteurs clés précités (interfaces de plus haut
niveau, traitement plus intelligent, interactivité,
interconnexion, fiabilité et sécurité) lance un défi majeur
sur le plan technologique(1).
11. Tous les facteurs ci-dessus exigent des progrès
considérables sur le plan du logiciel. La complexité accrue
de celui-ci, associée à l'interactivité et à la fiabilité,
sous-entend une augmentation très nette de la capacité de
traitement. Cette dernière ne peut être réalisée que grâce
au développement des composants (micro-électronique) et des
architectures de système (combinaison en systèmes du
matériel et du logiciel). C'est pourquoi ESPRIT insiste plus
particulièrement sur ces domaines. En outre, les deux
secteurs dans lesquels les TI sont appelées à exercer le
plus d'effet sur la vie économique -le bureau et l'usine-
ont été sélectionnés comme domaines d'application de base et
bancs d'essais technologiques.
Ces cinq domaines étroitement liés(2) sont étudiés en plus
12. Trois d'entre eux dépendent des technologies clés qui se
situent au coeur même des TI et qui permettent de faire face
aux besoins de tout système TI :
- La micro-électronique de pointe est la technologie qui
constitue la structure physique de tout système
d'information. Elle comporte la possibilité de concevoir,
de fabriquer et d'éprouver des dispositifs VLSI au
silicium et en d'autres matériaux semi-conducteurs. Elle
porte aussi sur la recherche opto-électronique et sur les
systèmes de traitement et d'affichage numériques optiques.
- La technologie du logiciel, comme son nom l'indique,
concerne le milieu de contrôle du comportement de tout
système TI, c'est-à-dire le logiciel, et a pour but
d'intégrer en une technologie cohérente la connaisance
scientifique, les pratiques et méthodes d'ingénierie,
ainsi que les techniques de gestion, qui sont nécessaires
au développement, à la production et à la maintenance du
logiciel.
- Le traitement avancé de l'information a trait à la
combinaison architecturale du matériel et du logiciel
nécessaires pour réaliser le bond qualitatif permettant de
passer du traitement actuel de l'information à celui de la
connaissance, clé de la prochaine génération
d'ordinateurs.
Il fournira entre autres la base de développement de
systèmes à grand débit de traitement des messages en temps
réel (par exemple pour l'entrée de la parole), de systèmes
experts(1) et de systèmes d'informations fondés sur la
13. Les deux autres domaines proposés sont choisis en raison de leur potentiel de croissance et de leur impact sur d'autres grands secteurs industriels ainsi que sur la largeur du spectre technologique sur lequel repose leur développement. - La bureautique constitue un secteur d'application des TI en plein essor et revêt une importance stratégique majeure pour l'efficacité du milieu des affaires dans la Communauté ; elle requiert des progrès dans un spectre technologique aussi large que possible et représente donc le meilleur banc d'essais des résultats de la R & D dans les 3 domaines clés précités. En outre les progrès de la bureautique se repercuteront directement sur l'ensemble du secteur des services et sur le domaine de l'automatisation domestique. - La production intégrée par ordinateurs (PIO) revêt, elle aussi, une importance stratégique majeure pour l'ensemble du secteur très tendu de la production dans la Communauté, notamment en ce qui concerne la production par petits lots de pièces discrètes (70 % des articles fabriqués dans la Communauté le sont en petites séries). La PIO implique l'intégration totale du processus de fabrication au moyen d'ordinateurs, de capteurs et de systèmes de contrôle automatique à tous les niveaux et à tous les stades. A ce titre, elle constitue un excellent banc d'essai pour la R & D dans le secteur des intercommunications homme-machine et machine-machine.
14. Pour garantir l'acquisition par l'industrie européenne des TI de capacités technologiques adaptées aux objectifs poursuivis, un effort majeur de R & D doit être consenti simultanément dans tous les secteurs indiqués ; pour cela, il faudra regrouper toutes les ressources disponibles dans la Communauté.
15. L'industrie doit être l'acteur principal et la force motrice de cet exercice, mais elle doit pouvoir compter d'une part sur les contributions des milieux universitaires et, d'autre part, sur la participation active des futurs utilisateurs ainsi que sur le soutien des autorités publiques au niveau à la fois national et communautaire.
16. Les programmes nationaux ont joué un rôle important à l'appui de la R & D dans le secteur des TI et dans d'autres domaines apparentés, mais ils ont eu certains effets secondaires indésirables, tels que la fragmentation du marché et la dispersion des ressources.
17. Le premier pôle d'action proposé par ESPRIT est l'augmentation de l'efficacité et la réduction des effets négatifs de ces programmes, grâce à la consultation systématique de tous les intéressés tout au long de la planification et de l'exécution des programmes, en vue de parvenir à une plus grande sélectivité d'attaque et à une efficacité générale améliorée.
18. Toutefois, une coordination efficace ne peut se faire dans le vide, sans objectif concret d'intérêt commun unissant tous les participants et focalisant leur attention.
19. D'où le deuxième pôle d'action d'ESPRIT : la poursuite, grâce à des efforts concourants et coopératifs, d'un certain nombre d'objectifs technologiques extrêmement ambitieux, dont bénéficiera toute la Communauté et qui ne pourraient être réalisés au même rythme et avec la même intensité sans une approche communautaire conjointe.
20. Pour identifier et sélectionner les domaines spécifiques de R & D répondant à cette nécessité, les services de la Commission ont dû recourir à la contribution et aux avis d'éminents scientifiques et techniciens de l'industrie, des universités et des insititutions de recherche dans tous les pays de la Communauté. Deux cents personnes environ ont répondu à cet appel et ont contribué aux travaux pendant une période de près d'un an ; le résultat de cette activité relaté dans plusieurs rapports d'un millier de pages est succinctement exposé dans la section 3. La partie A de l'annexe au projet de décision précise les principales limites et les objectifs essentiels des travaux proposés.
21. Lors de l'analyse et de la sélection des actions de R & D concertées à entreprendre en coopération par des sociétés qui se concurrencent sur le marché, on a veillé à ce que ces actions se situent suffisamment en amont du produit (c'est-à-dire qu'elles soient précompétitives), tout en restant suffisamment proches de l'application potentielle pour ne pas se dissocier des besoins prévus par l'industrie et la société (c'est-à-dire pour qu'elles puissent offrir certaines possibilités réelles).
22. Les discussions au sujet du contenu des travaux de recherche communs ont aussi conduit à l'analyse des conditions dans lesquelles ces travaux pourraient être effectués. Théoriquement, on aurait pu rassembler plusieurs équipes de recherche dans quelques laboratoires publics ou privés et concentrer là la majeure partie des travaux. Malgré les difficultés pratiques liées au déplacement des gens entre différents pays, cette concentration se fera sans doute spontanément dans le cas des petits projets exigeant peu d'infrastructure. Elle serait cependant impossible dans le cas des grands projets exécutés conjointement par deux ou plusieurs grandes organisations communautaires avec leurs propres infrastructures de recherche.
23. La technologie offre la possibilité de surmonter l'inconvénient de la distance géographique et permet aux équipes de recherche et de développement et aux individus oeuvrant ensemble aux mêmes projets ou à des projets apparentés, mais dans des laboratoires ou des institutions situés dans des pays différents, de rester en contact les uns avec les autres ainsi qu'avec les responsables de la coordination générale et de la gestion du programme.
24. C'est pourquoi on a inclus dans les actions proposées la mise en place progressive d'une infrastructure adéquate permettant l'échange d'information nécessaire dans l'intérêt de tous ceux qui participent à ESPRIT.
25. Le processus de sélection esquissé dans les chapitres précédents a été appliqué à différents niveaux partant de l'identification des objectifs détaillés des travaux de recherche dans les domaines stratégiques clés.
26. Il convient cependant de rappeler ici, avant de présenter les grandes lignes de ces travaux, que plus nous entrons dans les détails, plus les prévisions perdent de leur validité dans le temps. Autrement dit, s'il ne subsiste aucun doute quant à l'importance stratégique, au cours des dix années à venir, des cinq grands secteurs identifiés et à l'ampleur de l'effort total nécessaire pour rattraper le retard sur le plan de la compétitivité, la validité et la fiabilité des objectifs de R & D diminuent, elles. Tout au long de l'exécution du programme de R & D ESPRIT proprement dit, un contrôle des résultats obtenus dans la Communauté et ailleurs dans le monde doit être exercé en continu, et ce processus peut entraîner la nécessité de procéder de temps à autre à des ajustements majeurs. La structure gestionnaire du programme tient compte de cette nécessité.
27. A la lumière de ce qui précède, nous pouvons proposer les travaux de recherche ci-après :
27.1.1. Tous les sous-systèmes micro-électroniques dans le domaine des TI exigent une meilleure performance sur le plan de la vitesse opérationnelle, sur celui de la consommation d'énergie ou encore en ce qui concerne les coûts. Un important facteur permettant de répondre à ces impératifs est l'accroissement de la densité fonctionnelle des circuits intégrés au silicium, matériau sur lequel la plupart de ces circuits continueront à être basés dans un avenir prévisible. Passant de l'état actuel de l'art et de la taille de 3 microns à celle d'1 micron, la technologie d'interconnexion s'améliorant simultanément, nous obtiendrons un décuplement de la vitesse, une réduction de la consommation d'énergie d'un facteur 10 et une augmentation de la densité d'un facteur 8. Cette dernière amélioration fera baisser d'autant les coûts de production, tandis que la performance du système deviendra plus rapide et moins onéreuse.
27.1.2. Pour réaliser ces objectifs, les buts technologiques des projets de R & D seront les suivants : - technologies bipolaires de 1 à 0,2 micron, MOS et mixte MOS/bipolaire - techniques de conditionnement et d'interconnexion pour circuits VLSI pouvant fonctionner à une puissance de 2 Watt, avec 220.000 portes, 400 broches par puce, et un temps de transfert atteignant 0,1 nano-seconde par porte. - amélioration de la qualité des matériaux - technologie d'interface se prêtant à la combinaison d'une tension et/ou d'une puissance élevées et d'une capacité de traitement des données à grande vitesse sur un même susbrat physique.
27.1.3. La réalisation de l'objectif VLSI dépend autant de la maîtrise de la complexité de la conception que du développement de la technologie du silicium. Les outils conceptuels actuels sont loin de permettre la pleine exploitation du potentiel des VLSI. Le programme adopté par la Commission dans le règlement du Conseil 3744/81 n'est que le début d'un système CAO intégral, qui sera réalisé grâce à ESPRIT.
27.1.4. C'est ainsi que, dans le cadre de cet effort technologique, l'initiative est basée sur le règlement du Conseil 3744/81 dans les domaines suivants : - Architecture : structure des données, interfaces, vérification des nouvelles méthodes. - Essais : production de données d'essai, possibilités d'essai des facteurs de conception, vérification des données. - Modélisation : numérique, physique, analytique, tableaux. - Simulation : simulation au niveau des appareils (avant-arrière), synchronisation, simulation fonctionnelle. - Langages : développement d'un langage à haut niveau, interfaces haut niveau/bas niveau, communication ascendante et descendante avec bases de données. - Présentation : comprend normes de bases de données, logiciels modulaires (packaging), bibliothèques, accessibilité pour l'utilisateur, emplacement, acheminement, suivi. CAD pour VLSI complexe exigera le soutien d'outils informatiques très puissants, la production de ces outils dépendra du développement d'une technologie puissante et disciplinée du logiciel.
27.1.5. La rubrique générale micro-électronique comprend également des technologies qui ne sont pas rigoureusement liées à la VLSI silicium, telles que les technologies de traitement des signaux optiques, de même que la recherche sur de nouveaux matériaux organiques et inorganiques.
27.1.6. Pour l'application des techniques de l'information, il faudra nécessairement disposer d'une infrastructure de télécommunication adéquate fondée sur des liaisons à large bande capables de transporter des données, des textes, des graphiques et des images intégrés. On développe actuellement des réseaux publics de manière à offrir un service utilisant les fibres optiques comme moyen de transmission. D'autres domaines, tels que les réseaux locaux, les bureaux et les contrôles de processus sont sur le point d'adopter cette technologie. Des recherches sont nécessaires pour permettre d'obtenir des circuits opto-électroniques intégrés pour modulation/démodulation et transmission/réception, accompagnés de coupleurs et interrupteurs optiques ainsi que de moyens de transmission par fibres à faible perte.
27.1.7. L'opto-électronique intégrée exigera une structure de géométrie submicronique sur de nouveaux matériaux tels que l'arsénure de gallium et le phosphure d'indium, ainsi que leurs alliages ternaires et quaternaires. Ces matériaux sont également intéressants pour les circuits logiques à très haute vitesse, en raison de la plus grande mobilité des électrons dans le matériau. C'est pourquoi on va promouvoir la recherche sur ces nouveaux matériaux.
27.1.8. Sont comprises enfin dans ce même effort technologique des recherches sur les capteurs intégrés "intelligents" pour automatisation perfectionnée, ainsi que sur le perfectionnement des technologies de la présentation des images, pour lesquelles il est prévu une interaction étroite avec les travaux dans les domaines de la production intégrée par ordinateur de la bureautique.
27.2.1. Dans les systèmes des techniques de l'information, l'importance du logiciel augmente régulièrement et sa part dans le coût global de développement ne cesse de croître. Des projections indiquent que dans la prochaine décennie, le coût du logiciel atteindra peut-être 90 % du coût global du développement des systèmes. Une industrie de production de logiciel compétitive n'aura d'impact que sur les techniques de l'information : pour être compétitifs sur le marché mondial, toute une série de produits industriels dépendront nécessairement des technologies de l'information soit pour leur développement ou leur production, soit parce que les éléments empruntés à la technologie de l'information qu'ils comportent leur assureront un caractère fonctionnel plus marqué.
27.2.2. Pour le développement du logiciel, tout comme pour le développement du matériel, une ingénierie solide basée sur des connaissances scientifiques est indispensable. Le génie logiciel vise à fournir ces connaissances, les méthodes et les instruments nécessaires au processus de développement du logiciel et les principes de gestion des technologies de l'information, et vise à les intégrer dans une technologie cohérente. Il se fonde sur les mathématiques, les sciences du management, l'économie et l'ingénierie traditionnelle.
27.2.3. La recherche sur la technologie du logiciel en Europe manque d'esprit communautaire et d'unité. Les chercheurs de l'industrie, des universités et des instituts de recherche communiquent entre eux dans une mesure limitée lors des conférences et par des publications techniques, mais leurs programmes ne sont pas coordonnés, ni structurés en vue d'une approche commune. Le transfert de technologie entre la recherche et les applications pratiques est beaucoup plus lent en Europe qu'au Japon et aux Etats-Unis. Une réticence constante à une normalisation précoce empêche une interaction entre produits. La demande future de logiciel ne pourra pas être satisfaite en quantité et en qualité tant qu'une approche européenne coordonnée ne sera pas adoptée.
27.2.4. Traditionnellement, les avis diffèrent sur ce qui constitue l'essentiel de la recherche en matière de génie logiciel et ces divergences de vues ont engendré des approches individuelles différentes.
27.2.5. Une approche met l'accent sur les bases scientifiques et couvre des domaines tels que les techniques formelles à base de mathématiques, la taxonomie et la métrologie, y compris des techniques empiriques, et la discipline de la modélisation. Cette conception considère que le développement du logiciel est une activité intellectuelle et elle recherche une meilleure compréhension scientifique.
27.2.6. Une seconde approche est axée sur le processus technique de production et considère le développement du logiciel comme une activité industrielle dans le cadre de laquelle de vastes groupes d'ingénieurs du logiciel (professionnels et spécialisés) créent des systèmes de logiciel complexes (à établir, mais non à utiliser), présentés en nombreuses versions et variantes pour de vastes marchés et pendant longtemps. Les travaux dans ce domaine suivent l'évolution du modèle de logiciel et comportent des activités telles que l'analyse des besoins, les spécifications, la conception, l'exécution. L'intégration complète des méthodes et outils, ainsi que la continuité entre les différentes phases, en sont des aspects importants. La recherche dans ce domaine porte sur les méthodes et outils, ainsi que sur leur intégration en systèmes complets de production de logiciels. Le but est d'arriver à maîtriser le processus technique de production.
27.2.7. Une troisième approche s'intéresse à l'organisation globale du processus de développement du logiciel en tant qu'activité commerciale et industrielle et considère le logiciel comme un produit, en recherchant les interdépendances entre les buts commerciaux d'une entreprise et les caractéristiques techniques du logiciel produit. Cette conception touche également au problème de la production de logiciels d'application spécifiques et à la manière dont les connaissances relatives au domaine d'application influent sur les outils et les méthodes de développement du logiciel. Au nombre des objectifs figurent des critères quantifiables selon lesquels opérer des sélections en ce qui concerne l'assistance au développement technique du point de vue de l'organisation, des méthodes et des outils, et les méthodes et outils assistés par ordinateurs pour la gestion du processus de développement des logiciels.
27.2.8. Toutes ces conceptions sont légitimes et importantes en elles-mêmes, mais on ne pourra véritablement progresser dans la voie d'une industrie avancée du logiciel qu'en les combinant. C'est pourquoi elles ont toutes été prises en considération dans la définition des trois principaux thèmes de recherche retenus. Ces thèmes sont les suivants : 1) Théorie et méthodes de développement de programmes Les projets sur ce thème traiteront des éléments fondamentaux du développement de logiciels et de systèmes, logiciel compris. Ils devront déboucher sur des théories et des méthodes pouvant servir de base au processus de développement industriel. 2) Méthodes et outils du génie logiciel Ce thème concerne les applications industrielles du premier point, les projets qu'il comporte visent à la production d'outils et de méthodes pour utiliser ces outils dans un environnement industriel. 3) Aspects économiques de la production industrielle de logiciels Les projets concernant ce thème insisteront sur l'aspect économique de la production de systèmes de logiciels par l'industrie. Le logiciel et les systèmes seront considérés comme des produits, issus de la planification et de la production, et destinés à être commercialisés, soutenus, etc. ; ces activités seront menées selon les règles d'un processus industriel.
27.3.1. Les ordinateurs actuels peuvent résoudre des problèmes lorsqu'on leur donne la solution d'un problème analogue sous forme de programme. Ces systèmes traditionnels, conçus pour aider l'homme à rassembler et traiter des données, ont pratiquement atteint la limite de leurs possibilités en tant qu'outils valables et nous allons très prochainement assister à une modification fondamentale en passant du traitement des données au traitement des connaissnces, qui ouvrira la voie à la prochaine génération d'ordinateurs.
27.3.2. Le niveau de spécialisation nécessaire à une interaction avec la génération actuelle de machines et leur interface relativement rudimentaire avec le monde extérieur constituera bientôt un goulot d'étranglement intolérable s'opposant au développement et à la diffusion des technolgies de l'information.
27.3.3. Pour aider l'homme à résoudre le problème de la gestion d'un volume sans cesse croissant d'informations de plus en plus étroitement liées entre elles, il faudra disposer de systèmes avancés qui percevront les informations directement dans la forme sous laquelle elles sont produites, les mettront en corrélation avec les connaissances acquises antérieurement (mémorisées) et créeront de nouvelles connaissances en appliquant des règles et le processus d'inférence. Le traitement avancé de l'information (TAI) touche à l'automatisation de la perception et du traitement de signaux et à l'automatisation des processus de raisonnement dans le but de combiner ces deux fonctions en un seul système capable d'avoir un comportement "intelligent".
27.3.4. Jusqu'ici, les efforts faits pour exploiter les résultats des recherches sur l'"intelligence artificielle" (IA) en vue d'applications pratiques ont été peu nombreux et n'ont guère connu de succès. Cependant, certaines des conditions permettant une exploitation industrielle de l'intelligence artificielle sont en train de changer. Les progrès de la micro-électronique, des nouvelles architectures des processeurs et des systèmes permettent d'utiliser et de perfectionner les techniques informatiques en matière d'intelligence artificielle. On en est arrivé au point où on peut entreprendre la recherche pratique et le développement dans deux domaines principaux : perception et traitement des signaux, représentation des connaissances et inférence. En outre, les travaux menés sur l'ergonomie cognitive doivent déboucher sur des principes conceptuels de systèmes homme-ordinateur qui soient orientés vers l'assistance totale à l'utilisateur dans le processus de communication et qui ne souffrent pas des limitations artificielles imposées par les insuffisances actuelles de l'équipement de calcul, de son architecture et de son logiciel.
27.3.5. Ces dernières années, on a mis au point des systèmes et des prototypes expérimentaux, par exemple pour la solution de problèmes mathématiques et pour le raisonnement géométrique, pour l'apprentissage et pour des dialogues simples, mais il reste encore fort à faire à cet égard. L'Europe est en retard dans ce domaine.
27.3.6. Ce programme a pour but d'atteindre un stade où l'exploitation industrielle de la technologie du traitement avancé de l'information deviendra possible dans la Communauté. A cette fin, des travaux de recherche et de développement sont nécessaires dans les principaux domaines suivants.
27.3.7. Ingénierie de l'information et de la connaissance. Les travaux de recherche et de développement nécessaires pour atteindre un stade auquel les produits industriels peuvent se baser sur la technologie du système expert comprennent les points suivants : - Sélection de formes de représentation pour les systèmes à base de connaissance. - Méthodes de saisie des données et de déduction de faits à partir de ces données. Un matériel spécial et des structures algorithmiques devront être mis au point. - Synthèse de nouvelles architectures efficaces matériel/logiciels pour servir de soutien aux systèmes à base de connaissance. - Conception de systèmes à base de connaissance (SBC) dans des domaines spécifiques, et contrôle de leur comportement et de leur utilité pratique. - Conception et évaluation des outils de conception et d'exécution, de méthodes de conception, d'exploitation et d'évaluation de systèmes experts.
27.3.8. Traitement des signaux et interfaces externes. L'interface d'un système de traitement avancé de l'information (TAI) doit assurer certaines fonctions dans le domaine du traitement et de la reconnaissance des signaux, de manière à pouvoir recueillir des informations directes. Un autre but du programme de recherche est donc la compréhension des signaux, pour permettre aux ordinateurs de transformer des ensembles de données observées en connaissances qui seront élargies de manière à comprendre la formulation de règles de reconnaissance du monde. La recherche d'architectures et d'interfaces présentant les caractéristiques souhaitées devra de plus se fonder sur les résultats d'études effectuées sur des systèmes naturels et sur la psychologie appliquée. Des modèles de comportement cognitif des individus et de comportement social de groupes doivent aboutir à la conception de lignes directrices débouchant sur une utilisation pratique. Les domaines de recherche comprennent : - des études du comportement humain pour identifier les caractéristiques de conception désirées et les faiblesses indésirables dans les produits d'interface, - des études d'autres représentations formelles de la connaissance du monde extérieur, - des algorithmes et architectures pour l'analyse des signaux, - la sélection de "candidats" pour la reconnaissance avec probabilités associées, - le rôle de l'inférence dans les processus de reconnaissance chez l'homme, - extraction de la sémantique et de l'inflexion, de l'intonation etc. de la parole humaine.
27.3.9. Stockage et usage de l'information/connaissance Les bases de connaissances ont en mémoire des informations qui comportent un jugement de la signification et de la valeur, ainsi que des règles d'interprétation ; des méta-règles peuvent contrôler l'application des règles. Dans les bases de données structurées à pointeur ou les bases de données relationnelles, les méthodes d'accès effectuent le "dereferencing" des critères d'accès ; les méthodes de "dereferencing" automatique dans les bases de connaissances ne sont pas encore évidentes. L'essentiel du travail consistera à établir les interfaces, les langages, le matériel et la technologie du logiciel nécessaires pour construire, distribuer, répartir fonctionnellement et structurer hiérarchiquement (ou d'une autre manière) les bases de données et les bases de connaissances, y compris pour formuler les accès d'inférence et d'interrogation des données, à des niveaux allant du domaine visible par l'homme aux domaines propres à la nouvelle génération des systèmes.
27.3.10. Architecture des ordinateurs L'intérêt économique entièrement nouveau des cellules de stockage logiques et de leur interconnexion, que l'on doit à la technique VLSI, permet d'espérer des modèles de traitement et de manipulation des données possédant notamment les propriétés suivantes : - petit nombre de types de cellules à haut degré de réplication, - localisation des calculs dans des (groupes de) cellules, - flux de contrôle et de données bref et régulier, - utilisation minimale de sorties ou de lignes à grand fan-out, - communication hautement contextuelle entre cellules / groupes / noeuds, - haut degré de concurrence asynchrone entre les cellules / groupes / noeuds. En outre, pour pouvoir exploiter les architectures parfaitement parallèles fournies économiquement par la technique VLSI, il est nécessaire d'effectuer encore beaucoup de recherches dans ce domaine pour développer des algorithmes tenant compte de l'évaluation parallèle ainsi que des langages et des environnements adéquats.
27.3.11. Objectifs et méthodes conceptuels L'approche rigoureuse des spécifications et de la conception susceptibles d'être converties systématiquement en réalisations véritablement correctes, le contrôle des systèmes actuellement utilisés et des vérifications de cohérence à haut niveau sont des domaines qu'il convient d'approfondir. L'évaluation technique des règles concernant les risques, des mécanismes de validation des systèmes experts et des méthodes de preuve formelle doivent également être étudiés. Etant donné que les systèmes doivent fonctionner en continu, il faut prévoir des techniques qui tolèrent les erreurs, contrôlent et réparent en ligne les systèmes à tous les niveaux de sécurité : la sécurité des systèmes informatiques doit être améliorée pour s'opposer aux tentatives de pénétration. Dans le domaine de la conception des circuits VLSI, la complexité des circuits atteint un niveau très difficile à maîtriser. Des méthodes de conception et des outils formels doivent être mis au point pour permettre la conception rapide de puces complexes. Ce n'est qu'avec des "compilateurs en silicium" qui incorporent des connaissances technologiques importantes et permettent aux concepteurs de donner à leurs circuits des spécifications d'un haut niveau d'abstraction à partir de la réalisation physique qu'il sera possible de mettre au point des puces d'une complexité croissante pour les technologies de l'information.
27.4.1. A long terme, la bureautique doit relever le véritable défi que pose l'aide à toute une série de travaux non déterministes effectués par les "travailleurs intellectuels" (la grande majorité des employés de bureau), et non s'attacher uniquement à la mécanisation d'une gamme étroite de travaux répétitifs structurés tels que la frappe dactylographique. Au cours des vingt prochaines années, on prévoit que la bureautique - représentera le plus grand marché potentiel pour les technologies de l'information, estimé à 100 milliards d'écus par an dans le monde entier en 1990, contre 29 miliards d'écus prévus pour l'ensemble des secteurs de la fabrication et de la transformation ; - représentera la majeure partie de l'amélioration potentielle de la productivité commerciale globale alors que la productivité des secteurs de protection connaîtra des rythmes d'accroissement plus lents que dans le passé ; - apportera des solutions entièrement nouvelles au problème de la division du travail entre l'homme et la machine d'une part, l'homme et l'homme d'autre part.
27.4.2. Des signes montrent que les Etats-Unis et le Japon pourront dominer ce marché et exporteront de plus en plus avec succès à partir d'un marché national homogène dans une Europe qui est loin d'être unifiée. Cette percée est soutenue par l'essor de la recherche en matière de concepts avancés dont dépendra la croissance future des systèmes (langages naturels, aide au processus décisionnel). Aux Etats-Unis, les grandes sociétés investissent individuellement dans ce secteur plus que l'industrie et l'université européennes combinées, cependant que le programme japonais des systèmes informatisés de la cinquième génération a pour objectif précisément des applications de ce genre.
27.4.3. Abandonner ce secteur potentiel à des concurrents extraeuropéens, c'est non seulement perdre le développement d'un grand marché pour les fournisseurs européens de systèmes de bureautique, mais encore rendre tout le commerce et toute l'industrie européenne tributaires de sources non européennes dans un domaine où les facteurs socio-culturels jouent un rôle important et seraient pris en considération de manière optimale sur place. Cela signifie que l'on introduit des pratiques commerciales et des règles de fonctionnement conformes à des stratégies étrangères et qu'on laisse échapper une belle occasion de profiter de la spécificité et de la variété des caractéristiques de la culture européenne pour assurer un cadre de travail plus efficace et plus séduisant. La définition d'objectifs pour la bureautique et leur conversion en réalisations dépendent de beaucoup de considérations culturelles locales et sont difficiles parce qu'il nous manque une discipline scientifique à cet égard. Pour comprendre comment jouent les facteurs humains, les possibilités techniques et leurs conséquences culturelles, sociologiques et industrielles, il faut posséder des aptitudes que l'on a rarement rencontrées jusqu'ici dans nos organisations industrielles. La technologie a elle seule n'est pas suffisante. Les êtres humains sont intimement liés aux systèmes que nous envisageons et toute tentative faite pour introduire ces systèmes sans tenir compte du contexte culturel et des aspirations des utilisateurs est d'avance vouées à l'échec.
27.4.4. Alors qu'il faudra poursuivre les recherches sur la technologie du matériel pour appuyer d'une manière adéquate les concepts des systèmes de bureautique, il apparaît clairement que les considérations tenant à l'architecture et au logiciel devront retenir au maximum l'attention des chercheurs avant que la technologie de l'information soit acceptée d'une manière générale au bureau. En outre, c'est l'impact de l'intégration de l'homme et des techniques de l'information qui est la plus grande inconnue dans la détermination du rythme auquel on peut introduire le nouvel équipement de bureau. L'interface entre l'homme et les réseaux informatiques changera radicalement le monde. C'est pourquoi il serait irrationnel de se lancer dans une recherche et un développement intensifs sur l'interface homme/machine sans étudier en même temps son impact sur l'individu (par exemple éducation, dignité de l'être humain), sur l'environnement professionnel (par exemple nombre d'emplois, qualité du travail) et sur la société (par exemple sur le système éducatif et sur la démocratie).
27.4.5. Dans cette perspective, on devra envisager 5 principaux domaines de recherche : - La science des systèmes bureautiques, condition préalable à l'analyse structurelle et fonctionnelle ainsi qu'à la description des procédures de bureau et à la conception de produits et systèmes bureautiques bien conçus ; définition des normes. Trois domaines de recherche principaux qui couvrent les trois activités de bureau fondamentales (création / distribution, transmission et stockage / recherche d'information), - Postes de travail de bureau ; langages de description des documents, création et distribution de documents, interfaces homme/machine ; - Systèmes de communication dans les bureaux, y compris les réseaux locaux et leurs interconnexions, communication intégrée texte - voix - image et les fonctions à valeur ajoutée ; - Systèmes de classement et de recherche dans les bureaux, l'accent étant mis sur la facilité d'accès et de recherche des "connaissances", bases de données adressables par contenu et structure, langages de documentation de bureau. Et un cinquième domaine : - Facteurs humains comprenant tous les aspects des interactions entre l'homme et les systèmes de traitement de l'information.
27.5.1. L'une des raisons principales pour lesquelles on a choisi
ce domaine particulier est qu'il laisse entrevoir des
perspectives commerciales significatives(1) et son impact
27.5.2. L'objectif général de la production intégrée par ordinateur (PIO) est de créer une base technologique pour l'introduction progressive des aides informatiques dans tous les stades de la production industrielle de biens. La production intégrée sera le résultat final de l'application de ce concept. Les futurs systèmes de production intègreront des fonctions telles que la conception assistée par ordinateur (CAO), la production assitée par ordinateur (PAO) et les essais assistés par ordinateur (TAO) grâce à la création d'une base de données commune servant d'armature à tout système de production intégrée par ordinateur (PIO).
27.5.3. Le terme général "production intégrée par ordinateur" désignera cette notion générale de production efficace et souple d'éléments discrets qui est la conséquence de l'intégration complète d'ordinateurs et/ou de systèmes de contrôle automatique à tous les niveaux du fonctionnement de l'usine. Les principaux domaines retenus pour des travaux de R & D sont les suivants :
27.5.4. Le secteur des architectures de systèmes intégrés couvrant : - l'identification et la mise au point de structures générales de systèmes intégrés pour systèmes de bases de données d'ingénierie de modèles globaux de produits et de données de fabrication d'installations, de machines et de modèles d'outils ; - des systèmes de gestion de bases de données visant à assurer la communication nécessaire des données entre les composants du système de production intégrée et les bases de données.
27.5.5. Le domaine du logiciel des systèmes et du logiciel général couvrant : - des systèmes de conception assistée par ordinateur / ingénierie assistée par ordinateur visant à améliorer le processus de conception en abrégeant les délais d'étude et en augmentant la précision, et à établir des modèles globaux de produits en vue de leur utilisation ultérieure aux divers stades du processus de fabrication ; - des systèmes de production assistée par ordinateur visant à créer des structures modulaires de PAO autorisant tous les types d'applications dans tous les secteurs de l'industrie ; - des techniques d'essais assisté par ordinateur / réparation assistée par ordinateur visant à une amélioration de la qualité des produits au meilleur rapport coût-efficacité ; - des langages de commande visant à élaborer des modules de logiciel capables de produire des programmes de commande à partir de données de simulation conception / production / essai destinés aux robots, aux machines-outils à commande numérique et aux systèmes de production fléxibles.
27.5.6. Le secteur "Commande des machines" englobe : - des systèmes d'assemblage automatisé et des systèmes de conduite de l'assemblage en vue de mettre en place des systèmes d'assemblage entièrement automatique ; - des systèmes d'utilisation des robots pour les cas où les exigences à remplir dans les futurs domaines d'application seront différentes de celles qui sont satisfaites aujourd'hui ; - le traitement d'images (globales et de contrôle) pour le cas où les futurs systèmes exigeront l'utilisation d'images complexes enregistrées sous forme "d'entrées sensorielles" pour des applications de PIO dans des domaines tels que l'assemblage, l'usinage, les essais etc... - les machines-outils à commande numérique pour les nouveaux domaines d'application qui devraient apparaître dans le secteur du façonnage, des métaux et les autres secteurs de la construction mécanique.
27.5.7. Le secteur "Composant" couvre : - les capteurs, partout où il est jugé nécessaire de progresser pour élaborer des systèmes de fabrication avancés et automatisés, - les sous-systèmes micro-électroniques axés sur l'intégration de sous-systèmes de commande complets dans de simples "puces".
27.5.8. Par ailleurs, des modèles d'opération sont proposés à titre d'incitation pour maintenir le programme de recherche et de développement recommandé dans l'axe de ses objectifs et pour tenir compte du caractère très diversifié du matériel de PIO. Il est proposé de créer un certain nombre d'installations pilotes/centres de développement avancé pour faire la démonstration de systèmes de production intégrée par ordinateur. Les installations pilotes/centres de développement avancé pourraient en fin de compte constituer la base de centres de recherche plus permanents ou de centres d'excellence, dans le cadre desquels il serait possible de poursuivre les activités de recherche et de développement et de créer un service d'information à l'intention de l'industrie. Ces centres serviraient également de bancs d'essais pour l'expérimentation et l'appréciation des techniques de production intégrée par ordinateur et pour la formation du personnel. Les travaux de ces centres seraient menés en collaboration par les entreprises privées et les universités ou d'autres établissements publics de recherche. L'implantation de ces centres dans diférents Etats Membres devraient faciliter et améliorer la coopération à long terme entre les chercheurs de la Communauté et de pays tiers.
27.5.9. Initialement, les installations pilotes / centres de développement avancé devraient couvrir au moins trois secteurs importants : - production d'éléments lourds usinés avec précision ou de sous-assemblages pour machines-outils ou moteurs, - production par lots de produits électro-mécaniques tels que les appareils électro-ménagers et les périphériques T.I., - production de composants ou de sous-assemblages de haute précision, par exemple des instruments médicaux. Les installations pilotes/centres de développement avancé dispenseront également une formation "sur le tas" et des services de vulgarisation à l'intention des ingénieurs, techniciens et cadres.
28. Il a déjà été indiqué au chapitre 2 que la recherche conjointe menée sur une large échelle, telle que le prévoit le programme ESPRIT, ne peut pas se baser uniquement sur la concentration d'équipes de recherche et sur l'infrastructure de quelques centres privilégiés. Si cela est envisageable en théorie, les problèmes que poserait une telle solution l'emporteraient sur les bénéfices à tirer de cette collaboration.
29. Pour garantir une coopération efficace entre les différents participants répartis géographiquement, il est nécessaire de mettre en place une infrastructure offrant les possibilités d'échanges d'information permettant de répondre aux besoins de tous les intéressés.
30. Tous les participants aux projets de R & D, et en fait de nombreux autres intéressés y compris les administrations des Etats membres, devront avoir facilement accès aux informations sur ESPRIT lui-même, sur les différents secteurs techniques concernés et sur les activités correspondantes menées ailleurs. Il est donc nécessaire de prévoir un accès facile aux bases de données périodiquement mises à jour.
31. Les chefs de projet devront avoir facilement accès aux informations concernant la gestion du projet, les instruments de gestion du projet et les progiciels et disposer d'un système de messagerie rapide et efficace ainsi que d'installations de préparation de textes. Les installations initiales mises en place pour la phase pilote d'ESPRIT devront être progressivement améliorées.
32. Les personnes s'occupant du développement et de l'utilisation du logiciel devront avoir accès aux outils de développement du logiciel, dans un environnement de plus en plus intégré, et celles intéressées par la conception assistée par ordinateur (CAO) et par l'information graphique devront pouvoir accéder à des outils puissants pour la production, la gestion et la transmission de ces informations au moyen de dispositifs périphériques de pointe (convertisseurs, écrans, traceurs etc.)
33. La plupart des équipes de recherche, quel que soit leur domaine, devront également pouvoir accéder à distance à d'autres installations et environnements informatiques, souvent sur différents modèles de machines.
34. Les besoins fonctionnels liés à un système d'échanges d'informations (SEI) répondant à toutes ces conditions ont été définis par un groupe de travail commun constitué par la Commission et l'industrie.
35. La principale caractéristique du SEI est qu'il constituera dans le contexte d'ESPRIT un outil de travail servant à la recherche et non pas un thème de recherche en lui-même. La mise en place du SEI doit permettre une incorporation rapide des dernières techniques résultant des travaux de R & D mais doit être basée sur des technologies et des services venus à maturité et éprouvés.
36. En procédant à l'évaluation des installations déjà disponibles ou à celles qui le seront probablement à court ou à moyen terme et en tenant compte de la nécessité de disposer d'un système susceptible d'évoluer en fonction des besoins de l'utilisateur et de tirer avantage du progrès technique, il a été possible de fixer les besoins fondamentaux suivants : - messages informatisés et services de conférence - installations communes de préparation de textes - recherche de l'information (documentaire et autre) - environnement intégré pour le développement du logiciel, devant inclure des installations permettant la télé-exécution de programmes de transfert de fichiers et tous les aspects de la gestion du logiciel pendant les différentes phases de son cycle de vie - installations graphiques, d'abord via fac-similé, et en particulier fac-similé numérique, mais n'excluant pas le transfert direct ultérieur d'informations graphiques entre systèmes informatiques au fur et à mesure de l'évolution des méthodes de codage et des capacités de transmission.
37. La multiplicité et la diversité de ces besoins ainsi que l'absence d'estimations précises quant au volume de données, au nombre d'utilisateurs etc. et à leur taux de croissance pendant les dix prochaines années entraînent la nécessité de prévoir un système souple, évolutif et basé rigoureusement sur les normes européennes et internationales.
38. Les paragraphes qui précèdent traitent : - des objectifs technologiques - des critères de sélection utilisés pour établir le programme - des cinq principaux domaines interconnectés et de l'infrastructure du SEI proposé. Une analyse soigneuse des ressources nécessaires à l'exécution du programme et à la réalisation de ses objectifs a été faite. On trouvera ci-dessous un résumé des ressources requises situées dans un contexte plus vaste.
39. Les principales conditions limites dont il a été tenu compte sont le niveau actuel des ressources financières et humaines de l'industrie et des universités, le niveau de la dépense publique dans les Etats membres et le niveau global des investissements de nos principaux concurrents dans les travaux de R & D. Ce qui est également essentiel d'un point de vue industriel, c'est la ventilation entre les travaux de développement, la R & D orientée vers les produits et la R & D précompétitive à long terme.
40. L'industrie communautaire des TI produit des biens et des services d'une valeur annuelle de quelque 40 milliards d'ECUS et consacre environ 2 milliards par an à la R & D, ce qui représente près de 10 % de la dépense communautaire globale au titre de la R & D. Si la même proportion est retenue par la dépense publique, 2 à 2,2 milliards d'ECUS supplémentaires sont consacrés annuellement à la R & D dans le domaine des TI, soit un montant annuel des dépenses au titre des TI de 7 à 8 milliards d'ECUS dans la Communauté. Ce chiffre correspond à 20 % environ de l'effort mondial consenti dans ce domaine.
41. Si l'on considère que le but de l'industrie communautaire doit être de conquérir une part du marché mondial égale à celle que la communauté représentera elle-même, c'est-à-dire 30 %, les chiffres du paragraphe précédent permettent de conclure que, bien que l'industrie communautaire des TI fasse déjà de gros efforts dans le domaine de la R & D et dépense de fait en moyenne plus à ce titre que ses principaux concurrents, cet effort n'est pas suffisant lorsqu'on le compare au volume des dépenses que ses concurrents consacrent à la R & D ni à la taille du marché convoité. Cette faiblesse relative affecte en outre la nature des travaux qui amènent les principales sociétés à favoriser les activités à court terme axées sur les produits, voire la détection et la correction d'erreurs, au détriment des activités de R & D stratégiques à long terme qui formeront la base de la prochaine génération de produits.
42. Une augmentation et une rationalisation substantielles sont donc indispensables. La première demandera pas mal de temps, mais la deuxième peut être entreprise immédiatement.
43. Bien que ESPRIT soit conçu pour promouvoir cette rationalisation plutôt que pour faire augmenter les ressources financières, l'ampleur de l'effort qu'il mobilisera doit être proportionnel à l'impact qu'il se propose d'exercer. Cet impact peut être mesuré grosso-modo en terme de marché et de niveau actuel de la dépense. Le montant total de l'investissement industriel dans la R & D concernant les TI dans la Communauté peut être estimé à quelques 2 milliards d'ECUS par an : une fraction négligeable est consacrée en Europe à la R & D précompétitive à long terme en comparaison des 2 à 10 % que nos principaux concurrents affectent à ces activités.
44. Pour être valable et stimuler le nouveau raisonnement stratégique qui doit présider à la définition et à l'exécution du programme de R & D, l'intervention communautaire doit promouvoir un effort conjoint à long terme dans le domaine de la R & D précompétitive du même ordre de grandeur (c'est-à-dire 2 à 10 % au moins de l'effort global actuel de l'industrie). Les conclusions auxquelles on est parvenu après les consultations avec l'industrie, les gouvernements et les milieux universitaires en tenant compte des limites physiques de la réalisation progressive des capacités requises, ont indiqué qu'un effort initial en matière de R & D précompétitive à long terme d'environ 2.000 années homme à partir de la 3e année constitue un but raisonnable. Le tableau 1 ci-joint montre comment les ressources affectées aux activités exercées pendant la première phase se développeront au cours des 2 premières années (1984-1988) et s'amenuiseront par la suite. Lors de la planification de la 2ème phase du programme un schéma similaire de répartition des ressources sera adopté pour les années 89 à 93 et maintenu pendant les 3 à 4 années de cette phase, au cours desquelles elles pourraient augmenter légèrement en terme réel.
45. La conversion de ces chiffres en estimations budgétaires, suivant la pratique de l'industrie, conduit à un investissement général de près de 1.200 millions d'ECUS au cours de la première phase quinquennale, ce qui correspond grosso-modo à 6 % de l'investissement total de l'industrie communautaire dans les TI. Cet investissement est très semblable à celui de nos principaux concurrents et ne dépasse pas nos possibilités. Sur la base d'une contribution moyenne de 20 %, la charge budgétaire de la Communauté serait de 720 MECUS, y compris les frais de gestion du programme et d'accès au système d'échange d'informations.
1. Réaliser une "percée technologique" dans toute la Communauté en vue d'égaler sinon de dépasser du point de vue technologique nos principaux concurrents dans les dix prochaines années représente un objectif ambitieux qui demandera, pour être atteint, qu'un effort commun de l'ampleur citée dans la section précédente soit accompli. Seul un programme d'une importance suffisante mobilisera dans la Communauté, tous ceux qui peuvent contribuer efficacement à la R & D et à l'exploitation de ses résultats : grandes et petites firmes industrielles, instituts de recherche, universités et individus. Ce n'est que de cette façon qu'il sera possible d'obtenir une concentration des ressources humaines et financières sur une échelle répondant à l'ampleur des objectifs.
2. Dans cette perspective, ESPRIT se doit d'être un programme permettant : a) d'engager les crédits nécessaires pour lancer des projets communautaires de R & D précompétitive entrant dans le cadre de la stratégie technologique arrêtée et présentant un intérêt et un caractère communautaires directement identifiables ; b) d'encourager une consultation systématique entre les administrations des Etats membres, les milieux universitaires, l'industrie et la Communauté quant à la définition, à l'appréciation et à l'adaptation des activités de R & D directement ou indirectement associées aux activités retenues pour le programme ESPRIT en vue d'assurer la meilleure coordination possible des efforts et une utilisation optimale des ressources de tous ceux qui participent aux activités de TI dans la Communauté ; c) de disposer de l'infrastructure et des installations administratives nécessaires pour une sélection rigoureuse, une exécution efficace des programmes, un contrôle et une gestion rationnels ainsi qu'une diffusion appropriée des résultats des actions.
3. Le programme revêt avant tout un caractère industriel, de sorte que les crédits devraient être fournis en premier lieu par l'industrie ; la participation communautaire sera indispensable à la réalisation de la concentration voulue concernant le temps et l'ampleur.
4. La définition des objectifs stratégiques techniques se basera sur les renseignements fournis par l'industrie compte tenu d'intérêts nationaux et communautaires plus larges, et sera étayé par une analyse systématiques des secteurs. Quant aux projets de R & D qui doivent bénéficier d'une aide financière, ESPRIT est conçu pour garantir la couverture optimale du spectre sélectionné des technologies-clés ainsi que de leurs précurseurs éventuels et de leurs retombées.
5. Dans cette perspective, la R & D industrielle est reconnue comme reposant essentiellement sur deux grandes catégories de projets :
5.1. Projets qui doivent pouvoir bénéficier d'une large infrastructure et d'importantes ressources à la fois humaines et financières et qui présupposent la possibilité de procéder à des investissements substantiels dans une phase ultérieure de R & D orientée vers les applications. Pour que ces activités portent leurs fruits, il convient de définir une stratégie claire et durable pour assurer la continuité des actions et disposer de la marge de manoeuvre nécessaire pour en tirer les bénéfices à long terme. Ces activités de R & D "commandées par le système" à moyen ou à long terme, qui seront désignées dans le présent document comme projets de type A, constitueront l'épine dorsale d'ESPRIT. L'ampleur des efforts accomplis pour ce type de projet devra refléter la contribution des contractants s'intéressant à la R & D, dans le domaine des technologies de l'information dans la Communauté.
5.2. En outre, il existe une seconde catégorie de projets qui demanderont relativement moins de ressources. Ces activités, qui seront désignées comme projets de type B, iront de la R & D spéculative à très long terme jusqu'à la R & D à relativement court terme spécifiquement orientée. Ces projets tendent généralement à reposer en grande partie sur une infrastructure souple et sur le raisonnement individuel plutôt que sur une approche de système et devraient représenter une part importante de l'effort global accompli dans le cadre d'ESPRIT.
6. En vue de créer les conditions d'un déroulement optimal de ces deux types d'activité, il est proposé maintenant que le programme ESPRIT, prévu pour une période de dix ans, comporte une phase initiale de cinq ans avec, en règle générale, une mise à jour annuelle du programme de travail détaillé et une révision globale au bout de 2 ans et demi. Cette structure garantirait une perspective à long terme aux grands projets tout en assurant une certaine flexibilité aux plus petits et donnerait la possibilité, si nécessaire, de changer de cap à la lumière des résultats et de l'évolution de la technologie.
7. A cet effet, il sera nécessaire d'établir un régime de consultations étroites entre la Commission et les E.M. et de prévoir une surveillance permanente de ce secteur en vue de dégeler en temps voulu les objectifs et les tendances de la technologie, d'organiser l'infrastructure administrative de façon à mettre à jour le programme de travail et de l'adapter aux besoins réels, d'apprécier de façon objective et précise les propositions, de gérer les contrats, de coordonner les différents projets et de diffuser les résultats.
8. Ces activités seront exercées par la Commission avec le
concours du Comité de gestion et de consultation (CGC)
établi par Décision du Conseil et dont les membres seront
désignés par la Commission d'accord avec les gouvernements
des E.M. La composition et les principales fonctions de ce
Comité sont définies dans le projet de la Décision du
Conseil créant des comités de ce genre, qui a fait l'objet
d'une récente proposition de la Commission(1).
9. La section A de l'annexe technique au projet de décision expose les grandes lignes des travaux de R & D proposés ainsi que les principaux modes d'approche et les objectifs qui peuvent déjà être retenus. La Commission estime que les indications données dans cette annexe sont suffisamment claires et détaillées pour qu'il soit possible de fixer les grandes lignes du programme de travail, de déterminer son ampleur et de prévoir son impact, si on le compare à l'état actuel de l'art en Europe et dans le monde. Cependant, il est évident que ce programme de travail n'est pas destiné à donner une définition ou une évaluation de projets de R & D concrets.
10. Dans un secteur aussi mouvant que les TI, où la durée de vie moyenne d'un produit est de trois ans, il serait illusoire et fallacieux d'essayer de définir, "dès le départ", des activités détaillées et de fixer des calendriers précis pour les cinq prochaines années ; un programme de travail rationnel exige une surveillance continue et doit être révisé au moins une fois par an. Il faut également s'attendre à ce qu'il se produise certains événements entraînant la nécessité de revoir certaines actions à court terme à n'importe quel moment de l'année. Il semble nécessaire, pour faire face à cette réalité et aux imprévus éventuels, de disposer d'un mécanisme plus léger qu'une décision du Conseil. Dès le départ, ce mécanisme doit assurer le processus permanent de prise de décision nécessaire pour l'exécution du programme et doit réagir rapidement et efficacement lorsqu'une décision immédiate est nécessaire.
11. C'est pourquoi il est proposé qu'un programme de travail
plus détaillé nécessaire pour la réalisation du programme au
jour le jour soit établi et mis à jour comme l'a exigé la
Commission en consultation avec le Comité de gestion et de
consultation.
En règle générale, ce programme de travail sera établi tous
les douze mois et couvrira les activités détailées de la
première année(1), les activités étant affinées
12. Un avant-projet de programme est en cours d'élaboration par la Commission qui procède aux consultations nécessaires et qui tiendra compte des informations mises à jour résultant d'une série d'études préparatoires (lancées à la fin de l'anée dernière), qui seront disponibles à partir de juin 1983. Un projet final de programme de travail couvrant les années de 1984 à 1988 sera disponible en septembre 1983.
13. Afin que le Comité de gestion de coordination puisse formuler un avis sur le premier programme, d'étroits contacts ont été établis avec les administrations des Etats membres par l'intermédiaire du Comité des hauts fonctionnaires (CHF) constitué pour les projets pilotes et les consultations doivent se poursuivre jusqu'à la définition officielle du programme.
14. Par ailleurs, étant donné le caractère ambitieux du but poursuivi et la complexité ainsi que la nature évolutive des objectifs techniques, un programme tel qu'ESPRIT exige d'être révisé ou modifié dans ses grandes lignes au fil des années. C'est pourquoi, bien que le programme doive durer 10 ans, on propose maintenant une première phase de 2 ans. Avant la fin de la quatrième année d'exécution de cette première phase, une nouvelle proposition sera préparée pour la 2ème phase du programme à la lumière de l'expérience et des résultats acquis à ce moment. La décision de proposer un programme de 2 ans dans le cadre d'une perspective décennale s'explique par plusieurs raisons, dont les principales sont les suivantes : - on prévoit qu'ESPRIT sera déjà bénéfique à court terme, bien qu'il vise des objectifs à moyen et à long terme qui exigent que la continuité soit assurée au-delà de ces 2 années, quel que soit le niveau des crédits, - l'impact d'ESPRIT dépend autant de l'anticipation et de l'apprentissage de la coopération en matière de R & D que de l'excellence des travaux de recherche; d'où la nécessité d'assurer la continuité sur une plus longue période. La possibilité de proposer immédiatement une décision pour une période de 10 ans n'a pas été retenue, car il est pratiquement impossible dans un domaine en évolution aussi rapide, d'établir un programme d'une certaine précision dépassant les 2 années.
15. Etant donné l'ampleur et les nécessités différentes des projets (projets de type A et B) et, souvent la nature différente des travaux, et pour obtenir la meilleure contribution de tous les participants, il est nécessaire de prévoir différentes procédures d'insertion de ces projets dansle programme ESPRIT compte tenu de l'importance et de la nature du soutien et des critères d'éligibilité.
16. En ce qui concerne les projets à caractère stratégique (projets de type A) la Commission propose que la contribution financière de la Communauté atteigne le niveau de 20 % sous forme de subsides. Les autres 20 % devraient en général être apportés par l'industrie elle-même. Le taux de participation financière de l'industrie permet de déterminer la mesure dans laquelle elle croit en la nécessité des travaux. C'est pourquoi, lorsqu'il y a intervention financière de la part des autorités nationales, compte tenu des différents modes de soutien accordés par les gouvernements à l'industrie, la Commission examinera la situation cas par cas compte tenu du principe général.
17. Les projets moins importants (type B) soulèvent des problèmes différents. En principe, la Commission considère que même pour les petits projets la contribution communautaire devrait être normalement de 20 %. Cependant, il est possible de prévoir des variantes dont on trouvera des exemples ci-dessous : a) lorsqu'un soutien industriel est demandé par des petites et moyennes entreprises ou d'autres entreprises ayant des moyens très limités on peut envisager exceptionnellement un soutien communautaire nettement supérieur à 20 %. Dans ce cas, des accords particuliers concernant l'accès aux résultats ou leurs exploitations sont également envisageables. b) dans des cas exceptionnels, lorsqu'une proposition de recherche est soumise par des institutions universitaires qu ne peuvent s'assurer le concours d'un partenaire industriel ou d'un sponsor parce que les travaux proposés sont trop avancés pour que l'industrie prête son concours aux premiers stades d'exécution, la proposition peut initiallement être financée jusqu'à concurrence de 100 %, si la Commission estime que les caractéristiques techniques des travaux sont d'une qualité qui justifie ce financement du projet malgré l'absence de soutien industriel. Dans ce cas, il conviendrait d'envisager une approche progressive permettant de lancer le projet à condition que l'industrie prenne une part raisonnable du financement (dison 1/3) après que le projet ait atteint un stade déterminé prouvant la validité de l'approche adoptée.
18. Pour être retenus, les projets doivent être proposés par des sociétés ou des organisations ayant leur siège dans la Communauté et y exerçant en règle générale leurs activités de R & D et être réalisés dans la Communauté. Normalement, les propositions seront soumises à la Commission en réponse à un appel d'offres publié au Journal Officiel.
19. En règle générale, les critères principaux suivants seront appliqués à l'évaluation de tous les projets, à l'exception de leur valeur technique : - contribution à la stratégie industrielle à la lumière des objectifs ESPRIT, - dimension communautaire, - capacités techniques, scientifiques et administratives permetttant d'effectuer le programme de travail proposé, - mesures envisagées et approche de l'accessibilité et de l'exploitation des résultats.
20. Les orientations spécifiques suivantes sont envisagées sur la base des principes généraux définis ci-dessus (pour les différentes étapes du processus de sélection du projet) :
20.1. Pour les projets plus importants (type A), la participation d'au moins deux firmes n'ayant entre elles aucun lien commercial et ayant leur siège dans des Etats membres différents constituera une condition sine qua none d'éligibilité. Il n'existe aucune restriction particulière pour cette forme de coparticipation, qui peut aller des relations contractant principal/sous-contractant à une entreprise commune créée pour la durée d'un projet spécifique.
20.2. Pour les projets moins importants (type B), la participation multinationale, bien que non obligatoire, sera considérée comme un élément décisif d'éligibilité, toutes choses étant égales par ailleurs. Afin de sauvegarder à dimension communautaire dans les cas de propositions émanant d'un seul Etat membre, il faudra prendre des mesures appropriées afin d'assurer une diffusion adéquate des résultats de la recherche et l'accessibilité de ceux-ci.
21. Des appels d'offres périodiques seront publiés pour tous les projets. Tous les projets soumis dans les délais seront examinés en fonction de leur qualité propre, et un choix sera effectué dans les limites du budget accordé.
22. Toutes choses étant par ailleurs égales, les facteurs principaux déterminant l'attribution des crédits et la sélection des projets seront la qualité technique générale de la proposition et la possibilité du proposant de fournir les résultats : en cas de soumission de nombreux projets valables, on accordera une aide au meilleur de ces projets plutôt que de diluer le soutien parmi tous les bons projets.
23. La responsabilité générale de la gestion du programme incombera à la Commission. Les Etats membres, les milieux industriels et universitaires devront être consultés en même temps pour que des actions coordonnées efficaces puissent être entreprises. Les Etats membres seront consultés par un Comité de gestion et de consultation désigné par la Commission avec l'accord des gouvernements des Etats membres.
24. Parallèlement à cette structure consultative officielle, la Commission procèdera à des consultations avec l'industrie et, le cas échéant, avec les institutions universitaires et de recherche. Elle les organisera de manière à permettre aux petites et grandes entreprises ainsi qu'aux utilisateurs et aux institutions universitaires et de recherche de formuler leur avis à l'intention de la Commission, sur toutes les questions importantes en rapport avec le contenu, la structure et l'exécution du programme. A cet effet, la Commission a l'intention de créer des organismes consultatifs industriels et scientifiques.
25. Outre la surveillance financière et technique classique des contrats, la gestion du projet aura pour objectif de s'assurer : - que les projets soient soumis et sélectionnés conformément aux objectifs stratégiques retenus ; - que les objectifs et les programmes de travail soient suivis et mis à jour, afin de maintenir leur validité stratégique ; - que toutes les entreprises, institutions de recherche et universités entrant en ligne de compte aient la possibilité de contribuer aux travaux et que les ressources scientifiques disponibles soient utilisées d'une manière optimale ; - que la coordination soit assurée et maintenue entre les diverses actions et projets de recherche ; - que l'information, concernant les activités en cours ou projetées ainsi que leurs résultats, soit communiquée à tous les bénéficiaires potentiels ; - que l'information affectant les questions de normalisation soit diffusée et examinée adéquatement.
26. Un organisme disposant de moyens de traitement avancé de l'information et comportant un noyau d'administrateurs sera créé pour assurer la continuité de l'action et pour constituer une infrastructure de base ; il comportera également plusieurs scientifiques. Cette infrastructure permettra de disposer à tout moment d'informations concernant toutes les activités en cours, achevées ou prévues, d'évaluer l'efficacité des diverses mesures prises, et d'élaborer des mesures d'amélioration lorsque cela s'avèrera nécessaire. La mise à jour des fichiers et l'accès aux données seront possibles grâce aux liaisons avec le système d'échange d'informations, qui sera créé afin de répondre aux besoins de communications de tous les participants au projet ESPRIT (voir section II, paragraphes 28-37).
27. ESPRIT constitue un programme de recherche précompétitif. Ceci signifie qu'en règle générale, les résultats ne peuvent être appliqués immédiatement dans le commerce et exigeront normalement une phase complémentaire de R & D, en plus de la pahse couverte par le programme, avant d'obtenir des produits ou des procédés commercialisables.
28. D'autre part, une justification fondamentale d'ESPRIT réside dans l'effet synergétique que ce programme exercera en concentrant une "masse critique" de travaux de recherche sur des objectifs technologiques stratégiques. Il est destiné à fournir à l'industrie communautaire les outils technologiques qui lui permettront d'améliorer sa compétitivité sur le marché mondial. A cette fin, un système approprié de diffusion de l'information sur les travaux projetés ou en cours, ainsi que sur leurs résultats, et leur exploitation revêtira une importance fondamentale. Il tiendra compte des différents types d'informations et des divers groupes à desservir ainsi que de leurs intérêts. Au niveau des scientifiques participant directement à la recherche, la Commission envisage d'organiser ou de promouvoir la création d'une série de séminaires de travail par thèmes de recherche, au cours desquels les informations concernant les travaux de recherche pourraient être échangées sur une base informelle. Les participants devront être invités, et contribueront activement par la présentation de leurs activités et de leurs résultats. Des observateurs qualifiés, provenant d'organismes ne participant pas directement aux travaux du programme ESPRIT, mais manifestant un intérêt légitime à cette participation, pourraient être invités. On obtiendrait ainsi une infrastructure concrète, permettant à ceux qui participent à un type particulier de travaux de recherche en Europe de rester mutuellement en contact et d'être informés des résultats obtenus par les uns et les autres. La coopération future et la coordination de facto des travaux de recherche seraient ainsi efficacement renforcées.
29. En dehors de ces aspects plus particulièrement techniques concernant les principaux acteurs de travaux de recherche, il sera créé une infrastructure plus large de collecte et de diffusion d'informations sur les travaux en cours et sur les brevets déposés par les contractants dont tous les participants à ESPRIT pourront prendre connaissance lors de conférences spéciales, par exemple, ou par l'intermédiaire du SEI qui sera mis en place à l'intention des utilisateurs. A cet effet, la Commission se réservera en règle générale le droit de publier ou de diffuser gratuitement des comptes rendus des résultats des travaux effectués dans le cadre d'ESPRIT.
30. L'accès aux résultats et leur exploitation soulèvent d'autres questions. Le programme ESPRIT est caractérisé par les faits suivants : - l'industrie finance elle-même une part importante du coût des travaux. - les principaux objectifs des travaux ne seront atteints que lorsque l'industrie pourra elle-même en exploiter les résultats de façon rentable. Ces conditions étaient déjà posées à l'époque où les projets pilotes du programme ESPRIT étaient en cours d'étude, et sont en principe les mêmes que celles qui s'appliquent aux autres projets financées par la Communauté.
31. Ces projets sont caractérisés par le fait que la propriété et le droit d'exploitation de toute information et propriété industrielle résultant des travaux effectués sous contrat reviendront en premier lieu aux contractants.
32. Le détail des accords entre contractants sera laissé à l'initiative des intéressés, la Commission se bornant à veiller au respect des règles de concurrence. Quelle que soit la nature des accords conclus entre les contractants, ceux-ci devront s'assurer que chaque participant au même projet, pour toute la durée de celui-ci et pour les besoins de sa participation aux travaux, dispose d'un accès garanti et privilégié aux résultats des travaux des autres.
33. Afin de permettre aux équipes participantes de bénéficier de l'effet synergétique général, qui doit être favorisé par l'action communautaire, chaque équipe pourra accéder aux connaissances acquises par une autre équipe travaillant sur un projet différent dans le cadre d'ESPRIT, dans la mesure où cette information peut permettre au projet qui en a besoin d'obtenir des résultats meilleurs ou plus rapides.
34. En outre, afin de promouvoir la compétitivité de l'industrie de la Communauté dans son ensemble, il est nécessaire que d'autres firmes industrielles de la Communauté qui n'ont pas participé à un projet déterminé, mais qui peuvent et qui souhaitent utiliser ses résultats aient le droit de le faire. Les conditions correspondantes devraient être négociées sur une base commerciale, compte tenu de la contribution des parties ayant obtenu les résultats en question ainsi que de celle de la Communauté.
35. A cet effet, si la partie précitée ne souhaite pas exploiter les résultats des recherches en tout ou en partie sans raison légitime, des dispositions seront prises pour permettre à la Communauté d'inviter cette partie à accorder une licence soit pour l'exploitation des résultats de ses travaux, soit pour la poursuite de ces derniers.
36. ESPRIT constitue un programme pourvu d'objectifs spécifiques déterminés de façon soignée et sélective, et non pas un "programme d'aide". En conséquence, la Commission aura besoin d'un personnel qualifié, suffisamment nombreux, pour assurer une gestion efficace, responsable et transparente.
37. Le programme général est conçu pour une durée de dix ans, sur la base d'une décision initiale de cinq ans. Après une période d'organisation de trois ans (y compris la phase pilote), le nombre de personnes travaillant dans les Etats membres dans le cadre d'ESPRIT sera proche de 2.000.
38. Ainsi qu'il est prévu à la section II, nous distinguerons pour des raisons d'organisation cinq domaines de R & D, plus une activité d'infrastructure. Les activités de R & D, s'étendant sur un ou plusieurs de ces domaines, comporteront : - un nombre relativement réduit de grands projets d'orientation stratégique, qui exigeront une planification et une coordination complexes ; - un nombre nettement plus important de petits projets qui ne nécessiteront pas, malgré leur nombre, un personnel proportionnellement plus important, étant donné que des procédures simplifiées de surveillance et de coordination leur seront appliquées.
39. En conséquence, le personnel affecté aux projets peut être
ventilé comme suit :
a) coordonnateur principal.......................... 1 A
b) unité d'encadrement (personnel de planification
du budget)....................................... 3 A
c) coordonnateur de sous-programme.................. 6 A
d) directeurs de projet et de contrat(1) pour les
40. Le succès du programme ESPRIT dépendra également de l'efficacité de l'activité d'infrastructure, qui exigera un personnel spécialisé supplémentaire. Ventilation prévue de ce personnel : - contrôle continu du secteur TI et adaptation des objectifs ESPRIT.............................. 6 A - diffusion des résultats dans les conditions convenues......................................... 6 A - présentation de rapports au Parlement, au Conseil et aux Etats membres sur le déroulement des travaux et sur les adaptations du programme....... 2 A - information et consultations de l'industrie, des PME, des groupes d'utilisateurs, des syndicats et du public......................................... 2 A
41. L'équipe générale d'ESPRIT aura besoin, selon ces estimations, de 83 A. Du fait de la nature du programme, tous les postes, ou la plupart, peuvent être des postes temporaires.
42. L'organisation et la gestion d'ESPRIT au moyen de ce personnel relativement limité constituent un défi en soi, car : - La R & D communautaire doit être gérée de façon transparente et faire l'objet de compte-rendus transparents ; - L'orientation stratégique industrielle exige une grande souplesse, une réaction rapide et une focalisation rigoureuse sur les technologies motrices critiques ; - Le secteur des T.I. ne cesse d'évoluer ; - ESPRIT se caractérise par l'intégration horizontale et verticale de la R & D entre sociétés, centres de recherche et utilisateurs industriels ; - L'accès aux résultats et la diffusion de ceux-ci doivent être gérés rapidement mais prudemment.
43. Les éléments ci-après en apportent la preuve : a) D'autres programmes de la Commission qui sont comparables à ESPRIT quant à leur importance mais non pas à leur complexité et qui ne sont pas interdisciplinaires disposent d'un fonctionnaire A pour O,2 à 2 MECU par an. Dans l'estimation ESPRIT, chaque fonctionnaire A est responsable de 20 MECU au cours de la période prévue de 10 ans, c'est-à-dire de 2 MECU par an. b) Dans toute gestion de cette nature, l'affectation de 10 % de la main d'oeuvre de recherche totale à la gestion et à l'administration de la R & D est jugée raisonnable. L'estimation ci-dessus représente moins de 2 % du nombre de chercheurs actifs après l'achèvement de la phase d'organisation.
44. Les chiffres ci-dessus représentent le minimum nécessaire à l'accomplissement de toutes les tâches essentielles de gestion centrale, d'une manière compatible avec les obligations institutionnelles associées à l'exécution d'ESPRIT et qui soit de nature à contribuer à sa réussite technique.