UBS Economic Notices (fre) 1/1991

Notices économiques UBS

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Publiées par l'Union de Banques Suisses

Département Economie politique, case postale, 8021 Zurich

Direction: P. Buomberger

Rédaction: M. Gutmann, C. Frey (tél. 01/234 34 71)

Responsables de la version française: A. Naon, D. Probst, R. Sevieri

Paraissent sept fois par année en français, allemand et italien (No 95 105f)

Clôture de la rédaction: 24 janvier. Prochaine édition: mi-mars.

Reproduction autorisée avec indication de la source

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A nos lecteurs et lectrices,

Dès maintenant, les "Notices économiques" se présentent sous un nouveau visage. Le grand format répond à la tendance actuelle. Il permet une conception et une disposition plus conviviale du texte, des tableaux et des graphiques, tout en ménageant plus de souplesse quant à la longueur et à la succession des articles. Côté contenu, nous restons fidèles au cadre éprouvé et utilisé jusqu'ici. Notre objectif est la qualité des contributions. Dans la première partie alterneront des papiers, des analyses et des commentaires bancaires et économiques généraux. A un rythme trimestriel, vous y trouverez également le "Panorama conjoncturel". Reposant sur notre enquête menée auprès de nombreuses entreprises du secteur industriel, de la construction, du commerce de détail et du tourisme, c'est un baromètre fiable de vie économique suisse. Les rubriques fixes traitent des instruments de placement et de leurs marchés respectifs: actions, placements sur le marché monétaire, obligations, devises et métaux précieux. Nous avons également étoffé la partie statistique en vous présentant l'évolution d'indicateurs économiques en Suisse et à l'étranger.

La nouvelle présentation de nos notices économiques implique de ramener le nombre de parution à sept par an - partiellement en alternance avec d'autres publications. Nous sommes convaincus de répondre ainsi aux souhaits de nos lecteurs et clients. La Rédaction

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Net ralentissement de l'économie suisse en vue

Les entreprises participant à notre enquête trimestrielle du "Panorama conjoncturel" sont plus sceptiques en ce qui concerne l'évolution future qu'il y a trois mois encore. Alors que la marche des affaires avait déjà été inférieure aux prévisions au quatrième trimestre 1990, la tendance est à la stagnation pour les prochains mois. Pour l'ensemble de 1991, on table cependant sur un accroissement des ventes suisses et des exportations. Il n'en demeure pas moins que les entreprises industrielles prévoient une détérioration de leurs résultats par rapport à 1990. Dans la construction, la tendance à la baisse devrait encore se prononcer. Les perspectives sont un peu plus favorables pour le commerce de détail et, surtout, le tourisme.

Le Panorama conjoncturel paraît trimestriellement

Industrie:la marche des affaires a continué de se ralentir au cours des trois derniers mois de 1990. Compte tenu de la stagnation de l'entrée des commandes et de la légère augmentation de la production, la réserve de travail a diminué une nouvelle fois. L'utilisation moyenne de l'appareil de production a reculé à 88% à la fin de 1990 et était de ce fait inférieure de 1,3% à son niveau de fin décembre 1989. Les chefs d'entreprise interrogés sont d'avis que l'entrée des commandes sera inférieure, cela pour la première fois depuis 1983, à celle de la période comparable de 1990. Quant à la production, elle stagnera.

Construction:au quatrième trimestre 1990, le volume de constructions des entrepreneurs consultés était inférieur à celui d'un an auparavant à la même époque. Le recul a été particulièrement marqué dans le bâtiment. Cette tendance devrait encore s'accentuer au premier trimestre 1991, puisque l'on craint une diminution de l'entrée des commandes encore plus forte qu'une année auparavant.

Commerce de détail:les affaires de Noël ont été meilleures qu'en 1989 pour la plupart des gros distributeurs interrogés. Les ventes ont notamment progressé fortement dans le secteur alimentation, boissons et tabac. En 1990, les chiffres d'affaires nominaux des gros distributeurs interrogés se sont accrus de 5% en moyenne. Ils devraient continuer d'augmenter au premier trimestre de cette année.

Tourisme:grâce aux bonnes conditions d'enneigement, les directeurs des offices de tourisme des principales stations ont enregistré, pendant Noël/Nouvel an, une augmentation du nombre des nuitées dans les hôtels et les appartements de vacances et une meilleure fréquentation des chemins de fer de montagne et des remontées mécaniques par rapport à l'année passée. Les perspectives sont jugées favorables pour le semestre d'hiver (novembre-avril). On attend avant tout davantage de touristes suisses, allemands et italiens.

Industrie

La marche des affaires a continué de se ralentir au quatrième trimestre 1990 dans l'industrie suisse. Dans les quelque 200 entreprises interrogées en décembre, la production, les chiffres d'affaires et l'emploi étaient certes supérieurs à ceux de l'année précédente mais, comparativement à l'enquête de septembre, le solde positif des annonces de progression et de recul a continué de se réduire. De ce fait, l'évolution des affaires était notablement moins bonne que ce que les participants à l'enquête avaient prédit il y a trois mois encore. Etant donné que l'entrée des commandes a stagné, la réserve de travail était moins importante que douze mois auparavant. L'utilisation moyenne de l'appareil de production a reculé une nouvelle fois par rapport au troisième trimestre 1990, soit à 88% et était ainsi inférieure de 1,3% à celle d'une année auparavant. Les effectifs se sont légèrement contractés au quatrième trimestre, ce qui a fait que l'accroissement par rapport à l'année passée à pareille époque a fortement diminué.

Le ralentissement devrait s'accentuer

Les participants à l'enquête s'attendent à un nouveau ralentissement de la marche des affaires au premier trimestre 1991. Selon eux, la production et les chiffres d'affaires stagneront à leur niveau de l'année passée à pareille époque. Quant à l'entrée globale des commandes et à la réserve de travail, elles diminueront. Pour le premier trimestre, 17% des entreprises prévoient une diminution de l'entrée des ordres par rapport à janvier-mars 1990 et même 33% une réserve de travail plus faible. Par conséquent, l'emploi ne devrait lui aussi que peu s'améliorer.

Pour l'ensemble de l'année 1991, près de 70% des participants à l'enquête tablent sur un accroissement des chiffres d'affaires nominaux par rapport à 1990; une entreprise sur six escompte même une amélioration supérieure à 6%. La situation est identique en ce qui concerne les exportations: 60% des chefs d'entreprise prévoient une tendance à la hausse, 26% des participants à l'enquête pronostiquant même une progression des exportations supérieure à 6%. Ces objectifs ambitieux ne pourront toutefois être atteints qu'avec des marges plus étroites. Alors qu'en 1990, 37% des entreprises avaient annoncé des résultats meilleurs que ceux de l'année précédente et 39% des résultats plus mauvais, il n'y a plus que 24% des entreprises qui escomptent une nouvelle amélioration, 39% des chefs d'entreprise craignant une détérioration.

Evolution divergente d'un secteur à l'autre

L'évolution varie comme d'habitude d'un secteur à l'autre. L'évolution des indicateurs principaux que sont la production, le chiffre d'affaires et l'entrée des commandes était meilleure que la moyenne des secteurs dans l'industrie du papier et l'alimentation. En revanche, la marche des affaires a été inférieure à la moyenne dans la chimie, le léger recul des chiffres d'affaires étant toutefois dû, outre la diminution des exportations, à la fermeté du franc suisse et à l'évolution particulièrement favorable notée en 1989. Les tendances sont également hétérogènes en ce qui concerne le premier trimestre 1991. La marche des affaires devrait être supérieure à la moyenne dans les arts graphiques, l'industrie du papier et, surtout, dans l'alimentation. Par contre, elles sera inférieure à la moyenne dans l'industrie métallurgique, l'industrie du bois et la chimie.

Recul probable de l'entrée des commandes

Lors de notre enquête de septembre 1990, les entreprises avaient prédit un sensible ralentissement de l'accroissement de l'entrée des commandes, mais ce ralentissement a été plus net que prévu. En l'espace de trois mois, le solde positif des annonces de progression et de recul a régressé de 17 à 1 point. La raison déterminante était, outre l'interruption attendue de la croissance des ordres en provenance de l'étranger, la stagnation surprenante des commandes suisses. Les chefs d'entreprise interrogés sont d'avis qu'au premier trimestre, l'entrée des commandes suisses et étrangères sera inférieure à celle de l'année précédente à pareille époque, et cela pour la première fois depuis 1983.

Stagnation également de la production

Au quatrième trimestre, la production qui, en moyenne des trois premiers trimestres 1990, avait été supérieure de 3,3% à celle des neuf premiers mois de 1989, était supérieure à celle des trois derniers mois de 1989 dans 12% seulement des entreprises interrogées en décembre (enquête de septembre: 30%). Les chefs d'entreprise sont d'avis que la production stagnera au premier triemstre 1991 par rapport à janvier-mars 1990. Les perspectives divergent toutefois d'un secteur à l'autre. Un recul de la production est craint par un tiers des entreprises de la métallurgie et de la chimie et par un quart des entreprises de l'industrie du bois et du meuble. En revanche, une nouvelle amélioration de la production est escomptée par les arts graphiques, l'industrie des machines et du papier ainsi que par l'industrie alimentaire.

Diminution de la réserve de travail

Alors qu'à fin septembre 1990, 8% des entreprises interrogées avaient encore annoncé une réserve de travail supérieure à celle d'un an auparavant à pareille époque, 23% des entreprises faisaient état d'ordres en carnet inférieurs. Ce n'est que dans les arts graphiques que 30% des firmes ont enregistré une augmentation de la réserve de travail. La tendance à la baisse devrait se poursuivre en 1991 également. Pour la fin mars, tous les secteurs, à l'exception des arts graphiques et de l'industrie alimentaire, prévoient une nouvelle diminution au-dessous des valeurs comparables de 1990.

Moins bonne utilisation des capacités

Au quatrième trimestre 1989, l'utilisation moyenne de l'appareil de production a reculé de 0,4 point par rapport au trimestre précédent, pour s'établir à 88%. D'une année à l'autre, la diminution est de 1,3%. Selon les entreprises interrogées, le recul devrait encore se prononcer en janvier-mars 1991. Un revirement de tendance est constaté sur le marché de l'emploi également. Entre octobre et décembre 1990 - pour la première fois depuis trois ans - 7% de entreprises interrogées ont réduit leurs effectifs. La diminution a été particulièrement forte dans l'industrie alimentaire et la chimie. D'une année à l'autre, 15% des entreprises ont fait état d'un accroissement du nombre de leurs employés. Au premier tirmestre 1991, l'augmentation des effectifs devrait continuer de se ralentir par rapport à l'année précédente.

Perspectives favorables concernant les ventes

Au quatrième trimestre 1990, 24% des entreprises (troisième trimestre: 34%) annonçaient une augmantation des chiffres d'affaires globaux et 19% (24%) une progression des exportations. Pour le premier trimestre 1991, on s'attend, en moyenne de tous les secteurs, à une stagnation des ventes et des livraisons à l'étranger. L'industrie des machines, l'industrie alimentaire et les arts graphiques tablent sur un nouvel accroissement des ventes en Suisse et à l'étranger, de même que, pour ce qui concerne les exportations, la chimie. Les stocks de produits finis sont demeurés inchangés au quatrième trimestre 1990 et étaient supérieurs à ceux d'un an auparavant dans 20% des entreprises interrogées.

Les prix ont continué de hausser au cours des trois derniers mois de l'année passée également, 67% des entreprises ayant annoncé des prix de vente plus élevés que ceux des trois derniers mois de 1989. Cette tendance devrait se renforcer encore au premier trimestre de cette année. Etant donné qu'un tiers des entreprises entendent relever leurs prix de vente au cours du premier trimestre 1991, ceux-ci seront supérieurs à leur niveau de la période comparable de 1990 dans 70% des entreprises.

Pour l'ensemble de 1991, 70% des chefs d'entreprise interrogés tablent sur un accroissement des chiffres d'affaires exprimés en valeur nomianale, 23% craignent un recul. 30% des entreprises escomptent un accroissement des chiffres d'affaires oscillant entre 3 et 6%, 16% même une augmentation supérieure à 6%. Une progression des ventes supérieure à la moyenne de tous les secteurs est notamment pronostiquée par l'industrie alimentaire, les arts graphiques, l'industrie du papier et la chimie. Par contre, les prévisions de la métallurgie sont inférieures à la moyenne.

Les perspectives concernant les exportations sont également jugées positives par la plupart des entreprises. 60% d'entre elles sont d'avis que les livraisons à l'étranger continueront de progresser par rapport à l990, 6% estimant même que la progression dépassera 6%. En revanche, 20% des firmes craignent un recul des exportations. L'accroissement devrait être particulièrement marqué dans l'industrie alimentaire et dans la chimie. Les exportations ne s'accroîtront par contre que dans une faible mesure en 1991 dans la métallurgie.

Détérioration attendue des résultats

En 1990, les résultats des entreprises ont pratiquement stagné par rapport à l'année précédente. Ils se sont effet améliorés pour 37% d'entre elles et détériorés pour 37%. La situation a fortement divergé d'un secteur à l'autre. Les résultats se sont nettement améliorés dans l'industrie du bois et du meuble de même que dans l'industrie alimentaire. Les grandes entreprises de ces deux secteurs, en particulier, ont enregistré de bons résultats. En revanche, les résultats ont été inférieurs à la moyenne de tous les secteurs dans les arts graphiques, dans l'industrie du papier et - surtout pour des questions de change - dans la chimie.

En 1991, les résultats, de l'avis des chefs d'entreprise intrerrogés, seront inférieurs à ceux de 1989. Si 24% des entreprises tablent sur une amélioration, 39% d'entre elles - notamment un grand nombre de petites entreprises - craignent une détérioration. Les perspectives sont jugées particulièrement favorables dans la chimie. Les firmes de l'industrie métallurgique, de l'industrie du bois et du meuble et de l'industrie papetière s'attendent par contre à une sensible détérioration de leurs résultats.

Construction

Selon la comptabilité nationale, les prestations globales se sont accrues de 2,4% au cours des trois premiers trimestres de 1990. En octobre 1990, les prix mesurés à l'indice zurichois du coût de la construction avaient progressé de 8% par rapport à la période comparable de 1989. Selon des indications fournies par la Société suisses des entrepreneurs, le volume de constructions, exprimé en valeur nominale, s'est accru de 7,6% au cours des trois premiers trimestres de 1990, les taux de croissance ayant toutefois nettement diminué durant l'année (+ 47% au premier trimestre, + 5,7% au deuxième et + 5,3% au troisième). Les commandes ont elles aussi reculé dans tous les secteurs de la construction au troisième trimestre (- 20,6% d'une année à l'autre). Les effectifs, qui s'élevaient à 166'447 personnes à fin septembre étaient inférieurs de 2,6% à leur niveau de la période comparable de 1989.

La demande a continué de fléchir au quatrième trimestre 1990. Parmi les quarante entrepreneurs interrogés par l'Union de Banques Suisses en décembre 1990, 50% dans le bâtiment et 38% dans le génie civil ont fait état d'un recul de l'entrée des commandes par rapport l'année précédente. Le solde négatif a de ce fait doublé comparativement à l'enquête de septembre 1990. Par conséquent, dans les deux secteurs, la réserve de travail était inférieure à celle de fin 1989 dans la moitié des entreprises et supérieure dans un quatre d'entre elles. En ce qui concerne le volume de constructions, 23% des entreprises du bâtiment et 7% de celles de génie civil ont annoncé, au quatrième trimestre 1990, une diminution par rapport à octobre-décembre 1989. Les prix des prestations dans le bâtiment se sont repliés entre septembre et décembre 1990 dans 69% des entreprises et ne se sont accrus que pour 3% des participants à l'enquête. Durant le même laps de temps, les prix du génie civil ont régressé dans 41% des firmes et sont demeurés inchangés dans 59% d'entre elles. Quant aux effectifs à fin décembre 1990, ils étaient identiques à ceux d'un an auparavant dans 60% des entreprises interrogées et identiques dans 32% d'entre elles.

Selon notre enquête, la demande fléchir encore plus nettement au premier trimestre 1991: tant dans le bâtiment que dans le génie civil, plus de la moitié des entrepreneurs interrogés s'attendent à une diminution de l'entrée des commandes par rapport à la période comparable de 1990. Les prestations seront elles aussi inférieures à celles de janvier-mars 1990, le recul étant toutefois plus prononcé dans le bâtiment que dans le génie civil. Les entreprises du bâtiment, en particulier, sont d'avis que les prix continueront de baisser (solde négatif de 22 points) entre décembre 1990 et mars 1991, tandis qu'ils ne se replieront que dans 7% des entreprises de génie civil. Les effectifs diminueront au-dessous de leur niveau de la période comparable de 1990.

Pour l'ensemble de 1991, les constructions, notamment celles de maisons familiales, seront inférieures à celles de 1990 (solde négatif de 91%) de l'avis de entrepreneurs interrogés. 69% des entreprises consultées prévoient une diminution de la construction de bâtiments locatifs et 39% un recul de la construction d'immeubles à usage commercial et industriel.

Commerce de détail

Selon notre enquête, les chiffres d'affaires nominaux se sont accrus de près de 5%, voire même de plus de 8% dans certains cas. Dans les secteurs alimentation, boissons et tabac ainsi que textile et habillement, tous les participants à l'enquête ont fait état d'une augmentation de leurs ventes. En revanche, dans les autres secteurs non alimentaires, elles ont partiellement stagné, bien que là aussi les annonces positives aient prédominé. En 1990, le chiffre d'affaires moyen par m2 s'est élevé à Fr. 10'000.- - 15'000.- pour deux tiers des gros distributeurs interrogés. Le dernier tiers d'entre eux a vendu des marchandises pour une valeur de Fr. 8'000.- - 10'000.- par m2. Les prix de vente de l'assortiment se sont accrus en moyenne de 4% par rapport à leur niveau de 1989. Par ailleurs, 75% des participants à l'enquête ont enregistré une marge brute supérieure à celle de 1989, tandis qu'elle est demeurée inchangée pour les autres gros distributeurs, notamment dans le secteur alimentation, boissons et tabac.

Les résultats positifs de 1990 sont en premier lieu la conséquence des bonnes affaires de Noël. 70% des chefs d'entreprise interrogés ont fait état de ventes globales supérieures à celles de 1989, le reste ayant noté des ventes inchangées. Les facteurs d'infleunce positifs indiqués ont été l'évolution favorable des revenus et l'arrivée à point nommé de l'hiver. Cela a compensé partiellement la retenue des consommateurs consécutivement aux relèvements des loyers et aux événements dans le Golfe. Tous les gros distributeurs interrogés du secteur alimentation, boissons et tabac ont vendu davantage qu'en 1989. Dans les autres secteurs, les ventes de Noël ont été supérieures, dans la plupart des cas, à celles de l'année précédente; pour deux cinquièmes des participants à l'enquête elles ont cependant stagné, voire même reculé.

Pour le premier trimestre 1991, 80% des gros distributeurs interrogés tablent sur une augmentation des ventes par rapport à janvier - mars 1990, tandis que les autres craignent une stagnation. Une croissance à nouveau supérieure à la moyenne s'annonce dans le secteur alimentation, boissons et tabac. En effet, presque tous les participants à l'enquête s'attendent à un accroissement des chiffres d'affaires. Par contre, dans le secteur textile et habillement ainsi que dans les autres secteurs non alimentaires, les ventes ne s'amélioreront que pour la moitié des participants à l'enquête et resteront inchangées pour les autres. Au cours des trois premiers mois de cette année, les prix de vente de l'assortiment seront supérieurs à leur niveau de la période comparable de 1990 pour presque tous les gros distributeurs. Les prix de certaines marchandises - notamment dans le secteur textile et habillement - demeureront toutefois inchangés. Entre janvier et mars de cette année, la marge brute ne se modifiera pas pour la moitié des participants à l'enquête et s'élargira pour l'autre moitié.

Tourisme

Compte des bonnes conditions d'enneigement, la majorité des 26 directeurs d'offices de tourisme interrogés des principales stations de sports d'hiver suisses ont enregistré une marche des affaires très positive pendant les fêtes 1990/91. 21 d'entre eux ont fait état d'une augmentation du nombre des nuitées dans l'hôtellerie par rapport à l'année précédente. Aucune station n'a noté un recul. L'évolution a été analogue dans la parahôtellerie, les annonces d'une situation inchangée ayant cependant été légèrement plus nombreuses. Après les sensibles pertes subies pendant la saison d'hiver 1989/90 en raison du manque de neige, presque toutes les stations ont fait état d'une meillleure fréquentation des chemins de fer de montagne et des remontées mécaniques pendant les fêtes. Seule la station valaisanne de Saas-Fee a enregistré une dimunution de la fréquence de 5%. Cela était toutefois dû au fait que cette station avait vu un gros afflux de skieurs lors de la saison précédente en raison de ses bonnes conditions d'enneigement comparativement aux autres stations. Selon notre enquête, les tendances n'ont pas divergé de manière importante d'une région à l'autre. Les taux de croissance de l'hôtellerie ont oscillé entre 3 et 10%.

Les perspectives demeurent favorables pour l'ensemble de la saison d'hiver 1990/91 (novembre-avril). Compte tenu des réservations faites jusqu'ici, 23 des directeurs d'offices de tourisme interrogés s'attendent à une augmentation du nombre des nuitées dans l'hôtellerie par rapport à l'année passée. L'accroissement des touristes suisses sera plus marqué que celui des vacanciers étrangers. La raison principale la plus souvent invoquée de cette évolution positive est les bonnes conditions d'enneigement. La crise du Golfe empêchant de se rendre au Proche-Orient, quelques directeurs d'offices de tourisme escomptent en outre que davantage de touristes suisses et étrangers passent à nouveau leurs vacances d'hiver en Suisse.

Durant la saison d'hiver en cours, le tourisme suisse prévoit une augmentation sensible des hôtes en provenance d'Allemagne et d'Ialie. En revanche, en ce qui concerne les touristes de France, du Benelux, de Scandinavie, des Etats-Unis et du Japon, la plupart des participants à l'enquête s'attendent plutôt à une stagnation.

Evolution au 4e trimestre 1990

Augmentation 2 Sans change- Diminution 2 Solde

ment 2

Entreprises industrielles interrogées (%)

Commandes suisses

Commandes étrangères

Production

Réserve de travail 3

Emploi 3

Chiffre d'affaires global

Exportations

Stocks de produits finis 3

Prix de vente 3

1 Résultats de l'enquête UBS de décembre 1990 2 Par rapport au trimestre comparable de l'année précédente 3 Fin de trimestre

Pévisions pour le 1er trimestre 1991

Augmentation 2 Sans change- Diminution 2 Solde

ment 2

Entreprises industrielles interrogées (%)

Commandes suisses

Commandes étrangères

Production

Réserve de travail 3

Emploi 3

Chiffre d'affaires global

Exportations

Stocks de produits finis 3

Prix de vente 3

1 Résultats de l'enquête UBS de décembre 1990 2 Par rapport au trimestre comparable de l'année précédente 3 Fin de trimestre

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Europe de l'Est: le rude chemin menant à l'économie de marché

L'Europe de l'Est a entrepris la tâche ardue de passer d'un système dirigiste à l'économie de marché. Dans les Etats d'Europe orientale, il y a accord sur le fait qu'il s'agit là d'une condition préalable essentielle à l'obtention d'un meilleur niveau de vie et à un développement dynamique de l'économie.

On tend toutefois souvent au moment de l'exécution, pour des questions politiques, à édulcorer certaines des mesures prises. D'un autre côté, certains conseils trop radicaux négligent fréquemment la dure réalité des démocraties balbutiantes: même si théoriquement des solutions conséquentes doivent finalement conduire à de meilleurs résultats, leur coût social est très élevé dans la phase de transition. En d'autres terme, il y a peu de chance de réunir des majorités démocratiques pour les réaliser.

Démantèlement de l'interventionnisme

L'interventionnisme d'Etat doit être sensiblement réduit après l'achèvement (provisoire) des réformes institutionnelles dans la plupart des pays d'Europe orientale, afin de permettre le fonctionnement des marchés. Il s'agit de décider radicalement de quels moyens et mesures l'Etat peut disposer en matière de politique économique. L'extrême modulation actuelle des interventions selon le destinataire, ainsi que leur fréquente modification à court terme sont à limiter au minimum requis. En outre, il faudrait déterminer quels secteurs sont à subventionner et dans quelle mesure. Nous pensons ici avant tout aux investissements d'infrastructure et au dispositif des assurances sociale. Les autres domaines et entreprises auraient à s'adapter aux lois de la concurrence.

Concurrence et décentralisation

Le passage (progressif) à l'économie de marché peut s'effectuer de différentes manières. Il est possible, par exemple, de suivre la voie de l'activation de la concurrence comme c'est peu ou prou le cas actuellement en Hongrie ou en Yougoslavie, mais aussi dans d'autres pays d'Europe orientale depuis la réorientation des échanges commerciaux au sein du CAEM. La convertibilité partielle de la monnaie nationale en constitue une des conditions essentielles. Déjà pratiquée en Yougoslavie et en Pologne, la convertibilité intérieure pourrait être un premier pas. Elle autorise les personnes physiques et morales du pays à convertir à volonté la monnaie nationale en d'autres devises. Compte tenu du poids énorme de la dette extérieure, de la faiblesse des réserves monétaires et des déficits budgétaires élevés, une convertibilité intégrale n'est guère réalisable à court terme.

Toutes les économies d'Europe orientale restent fortement centralisées. A l'inverse des structures industrielles occidentales, caractérisées par un nombre élevé de fournisseurs, de trop nombreux produits intermédiaires sont fabriqués au sein d'une entreprise dans les pays de l'Est. Dans les années cinquante et soixante, ces structures ont été sciemment encouragées dans le but de simplifier la planification centralisée. Ces derniers mois, la crainte d'un manque de fiabilité des fournisseurs étrangers à l'entreprise a souvent fait obstacle à la décentralisation volontaire. Ainsi, le nombre des usagers du marché nécessaire à la constitution d'une concurrence efficace est demeuré jusqu'à présent trop restreint, même dans les pays les mieux avancés sur la voie des réformes (Hongrie, Pologne et Yougoslavie). La solution pourrait se trouver dans l'élaboration d'un climat propice aux fondations d'entreprise ou dans la privatisation des sociétés d'Etat existantes.

Privatisation et liberté des prix

La peur de "brader le pays" en le livrant aux puissantes économies occidentales est encore grande dans la plupart des pays de l'Est. Lors des premières privatisations, il s'est produit effectivement des cas où des entreprises d'Etat ont été vendues à des intermédiaires étrangers pour une bouchée de pain. En outre, certaines tranches de la population ont le goût amer d'avoir été trahies, elles qui ont dû contribuer pendant les décennies antérieures aux investissements massifs dans les entreprises publiques en étant forcées de renoncer à consommer. Enfin, le refus d'accorder la propriété privée à des grandes entreprises est attribuable en grande partie à la répartition inégale des richesses sur le plan national. Ce sont avant tout les anciens "apparatchiks" ou leur progéniture qui disposent des moyens financiers nécessaires à l'achat des entreprises d'Etat. Les raisons évoquées et de nombreuses autres encore obligent à une approche prudente des privatisations, tant qu'aucune proposition acceptable n'aura été avancée (par exemple bons de participation) pour élargir la base d'accès à la propriété.

Une décision doit être également prise concernant la liste exhaustive et autant que possible restreinte des biens sur lesquels l'Etat peut exercer une influence quelconque en matière de prix. Tous les autres prix étant à libérer aussi rapidement que possible.

Actuellement, les prix à la consommation en Pologne, en Hongrie et en Yougoslavie (pays réformateurs) avoisinent davantage, compte tenu des hausses fréquentes, les prix (hypothétiques) du marché que dans les autres pays de l'Est. L'expérience montre aussi que les ajustements immédiats aux fluctuations des prix sur le marché mondial sont plutôt mieux acceptés par la population que les flambées périodiques lorsque les adaptations sont devenues incontournables. Toutefois, la liberté des prix doit être liée à des transferts de paiement aux basses tranches de revenus pour éliminer les cas sociaux particulièrement graves.

Autonomie des banques

La répartition efficace des maigres ressources financières est impossible sans un système bancaire autonome. Un système bancaire à deux échelons avec création d'une banque centrale et des banques commerciales qui lui seraient indépendantes pourrait constituer une première étape. Parallèlement, l'Etat doit céder sa prérogative de s'immiscer dans les opérations de crédit. En Hongrie, en Yougoslavie et en Tchécoslovaquie, les banques commerciales sont déjà institutionnellement détachées de la banque nationale et ne reçoivent plus de directives directes de l'Etat. Le montant énorme des crédits en souffrance les oblige cependant de maintenir en vie des entreprises en faillite au moyen de nouvelles injections financières, afin de ne pas mettre en danger leur propre existence par des amortissements élevés. La menace "d'illiquidité" contraint les Banques d'émission à assouplir le contrôle de la masse monétaire, ce qui a pour effet d'accélérer l'inflation et finalement de mettre en danger la stabilité économique. En revanche, l'indépendance du système bancaire mettrait un terme au financement du déficit budgétaire par le recours à la planche à billets, éliminant ainsi une des causes principales du renchérissement. D'un autre côté, un changement brutal de cap aurait aussi une incidence des plus néfaste sur la croissance économique.

Le présent article est extrait de "Regionalbericht Osteuropa" à paraître vers la mi-février. Publié uniquement en allemand, ce rapport peut être commandé à l'adresse suivante: Union de Banques Suisses, dépt. Economie politique, case postale 8021 Zurich, tél. 01/234 42 43.

Etat des réformes économiques en Europe de l'Est

1er échelon 2e échelon

Réformes Création de marchés

institutionnelles Marchandises Travail Capitaux

Albanie

Bulgarie

Tchécoslovaquie

Yougoslavie

Pologne

Roumanie

Union soviétique

Hongrie

- Processus non encore engagé

(+) Processus engagé

+ Processus engagé jusqu'à 25%

++ Processus engagé jusqu'à 50%

+++ Processus engagé jusqu'à 75%

++++ Processus engagé à plus de 75%

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Chronique boursière

La crise du Golfe domine

Les marchés boursiers sont pour le moment dominés par la crise du Golfe. Depuis son éclatement, le 2 août 1990, jusqu'au 16 janvier 1991, lendemain de l'expiration de l'ultimatum des Nations unies, l'indice des actions allemande (DAX) a perdu 28,7%, le Swiss Performance Index 27,4%, l'indice Nikkei 25,8%, le All Shares Index britannique 13% et le Dow Jones des industrielles 12,4%. Le début des bombardements par l'aviation alliée a déclenché un mouvement d'euphorie, concrétisé par des hausses substantielles de cours dans des volumes d'échanges très étoffés. La tenue des actions dépendra en grande partie du déroulement des opérations militaires. Nous accordons, sous réserve d'une guerre courte, un bon potentiel de plus-values aux placements boursiers dans les douze mois.

Pour 1991, nous prévoyons une légère augmentation des bénéfices par action en Suisse et pas d'effet de change. Compte tenu d'un rendement en terme de dividende supérieur à 3%, d'une prime de risque relativement élevée et d'un P/E ratio évalué à 8,5, les actions apparaissent historiquement très modestement capitalisées. La concurrence exercée par le marché monétaire demeure néanmoins. Nous conseillons de surpondérer les compartiments de portefeuille dans les branches commerce de détail (baisse des prix de revient des biens importés, augmentation du revenu réel des ménages privés), produits alimentaires ( valeurs défensives résistant bien aux aléas de la conjoncture) et assurances (progression satisfaisante des bénéfices due, entre autres, au processus de déréglementation en Europe). Par contre, nous recommandons une pondération conforme au marché dans les secteurs pharmacie et chimie, ainsi qu'industrie mécanique. Les banques (érosion des marges) et la construction (réduction des ordres due à la flambée des taux d'intérêt) devraient être sous-représentées.

Les développements dramatiques en Union soviétique pourraient rendre le marché allemand instable dans le proche avenir. Nous conseillons donc de surreprésenter les secteurs électronique, construction mécanique et construction, étant donné qu'ils vont largement bénéficier du retard à combler dans les cinq nouveaux Länder. Par contre, il faudra s'en tenir à une pondération conforme au marché pour les titres des services publics, du commerce et de la finance. Les secteurs construction automobile (durcissement de la concurrence), chimie/pharmacie (affaiblissement du dollar) sont à sous-représenter.

Aux Etats-Unis, les bénéfices des entreprises restent comprimés. Compte tenu de la capitalisation élevée, des divers problèmes d'ordre structurel et des incertitudes économiques, la Bourse est assortie de risques qui à notre avis sont supérieurs à la moyenne. C'est pourquoi on accordera la priorité aux actions des secteurs pharmacie et technologie de pointe (construction aéronautique civile). Nous conseillons de suivre le marché dans les branches énergie, biens d'équipement et finance, mais de sous-représenter les secteurs transports, services publics et industries de base.

Le niveau élevé des taux d'intérêt et l'assombrissement des perspectives bénéficiaires pèseront sur la Bourse japonaise. Elle devrait donc rester nerveuse. La robustesse de l'économie nous permet cependant d'accorder un certain potentiel de redressement aux titres japonais dans le courant de l'année. Nous conseillons à l'investisseur conscient des risques encourus de renforcer les compartiments construction (marchés publics), pharmacie (nouveaux produits) et industrie mécanique (automatisation).

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Marchés de l'argent et des capitaux

Pas encore de détente en vue

Le ralentissement de la conjoncture mondiale, l'inflation toujours virulente, l'imminence des hostilités dans le Golfe et l'aggravation des tensions politiques en Union soviétique ont déprimé les marchés financiers internationaux à l'orée de la nouvelle année. Il en a résulté une évolution extrêmement divergente selon les pays, les monnaies et les instruments de placement. Alors que les Etats-Unis s'engageaient dans une désescalade des taux d'intérêt, plus sensible toutefois dans le court terme que dans le secteur obligataire, le marché japonais a continué sur sa voie avec la baisse des rendements des emprunts, malgré la recrudescence de l'inflation. Si les rendements obligataires se sont également légèrement repliés en Grande-Bretagne, pour des motifs conjoncturels, par contre la structure du loyer de l'argent s'est raidie en Europe continentale dans le sillage allemand et la Suisse n'a pas fait exception. Les succès spectaculaires enregistrés dès le début par l'aviation alliée contre l'Irak et la chute du prix du pétrole qui en a résulté ont entraîné une décrue plus ou moins marquée des taux sur la plupart des marchés à la mi-janvier. La perspective d'une campagne plus longue que prévu s'est toutefois rapidement traduit par une consolidation.

Assouplissement de la politique monétaire américaine

La multiplication des indices d'une récession - éventuellement de courte durée - aux Etats-Unis a accentué les pressions exercées sur la Réserve fédérale pour qu'elle relâche encore les rênes monétaires. Bien que le danger inflationniste soit loin d'être éliminé - mais de toute façon on ne pourrait le combattre par le biais des instruments monétaires en cas de poussée additionnelle due à l'alourdissement de la facture pétrolière - le Fed accorde de plus en plus la priorité à la situation conjoncturelle. C'est ainsi qu'il a émis un net signal en ramenant le taux d'escompte de 7% à 6 1/2% le 19 décembre. Les taux du marché monétaire ont immédiatement réagi en baisse à cette décision. En revanche, les banques commerciales ont attendu début janvier pour répercuter ce refinancement plus avantageux sur les emprunteurs sous forme d'une réduction du prime rate, lorsque la rémunération des fonds fédéraux a été abaissée une nouvelle fois d'un quart de point. Globalement, la détente des taux d'intérêt a été avant tout possible sans entraîner d'effets secondaires négatifs sur le dollar, parce que la monnaie américaine était redevenue un havre sûr pour les capitaux étrangers après l'aggravation de la crise du Golfe. Le marché obligataire américain a fait preuve toutefois de moins d'optimisme, puisque les rendements des emprunts d'Etat ont repris nettement leur mouvement ascendant début janvier, après une brève plongée sous la barre des 8%.

L'Europe ne suit pas .....

L'assouplissement de la politique monétaire par la Réserve fédérale a recueilli pour le moment peu d'écho sur le plan international. Ceci pour deux raisons: la situation conjoncturelle est encore largement favorable en dehors de l'espace anglo-saxon et le risque d'accélération de l'inflation reste latent. Même la Grande-Bretagne, dont le cycle conjoncturel avoisine celui des Etats-Unis, a dû renoncer à une nouvelle détente des taux eu égard au mécanisme de change du SME. De fait, on a plutôt assisté à un léger raidissement des taux d'intérêt dans le reste de l'Europe à l'instigation de l'Allemagne fédérale. Cette tension des taux allemands s'explique par le besoin accru de capitaux nécessaires à la modernisation de l'ex-RDA, mais aussi par l'aggravation des risques relatifs à la politique soviétique. Un revers de la perestroïka aurait pour l'économie allemande, fortement engagée en Europe orientale, des conséquences directes plus graves que pour les autres grandes nations industrielles.

....le Japon non plus

La Banque du Japon a également maintenu un cours restrictif et rien n'indique pour l'instant un prochain changement de cap. Le ralentissement de la croissance économique est certes effectif, mais l'inflation - due surtout à l'assèchement structurel du marché de l'emploi- ne décélère pas. En revanche, le marché obligataire nippon s'est plutôt comporté de manière atypique, avec un rendement en baisse de un et demi point par rapport au niveau record de l'automne dernier. Cette tendance s'est largement poursuivie en janvier, bien que le yen n'ait pas particulièrement brillé sur les marchés des changes et que le renchérissement ait franchi, pour la première fois depuis fin 1981, la barre des 4% en novembre. En admettant que cette évolution s'explique partiellement par l'abandon d'une Bourse léthargique en faveur de placements à revenu fixe, l'environnement extérieur pourrait néanmoins générer un nouveau retournement de tendance.

Suisse: la détente se fait attendre

Le peu de changements sur la scène européenne, voire la légère tension des taux d'intérêt pour le moment, n'ont pas permis d'amorcer la détente escomptée en Suisse. Dans les premiers jours de janvier, certains indicateurs de la masse monétaire avaient certes laissé envisager que la Banque nationale assouplirait quelque peu sa politique monétaire, mais la poussée des taux d'intérêt juste à l'échéance mensuelle s'est chargée de corriger cet optimisme. Le raffermissement du franc suisse vis-à-vis du mark allemand, attaqué à la suite du durcissement de la politique intérieure soviétique, n'a pour le moment rien changé à cela. Il pourrait toutefois en résulter un élargissement de la marge de manoeuvre en vue d'un desserrement du carcan monétaire, si cette situation devait durer assez longtemps. En annonçant que désormais l'expansion "à moyen terme" de la monnaie centrale était de 1% par an, la Banque nationale avait fait dépendre cet objectif, entre autres, de l'évolution des taux de change. En 1990, la croissance effective de la masse monétaire a été très largement inférieure (-3%) à l'objectif fixé de 2%.

Le marché suisse des capitaux a aussi opté pour le statu quo en ce début d'année. Le rendement des obligations de la Confédération a bien légèrement fléchi sur fin décembre, où avec 6,68% il était presque revenu à son niveau maximum 1990, mais il s'est agi d'un phénomène purement statistique dû à la refixation annuelle des emprunts pris en considération dans les calculs. Lancé début janvier, le nouvel emprunt de la Confédération a déjà fixé une barre plus réaliste avec un rendement à l'émission de 6,69%. Pourtant, la vive demande des investisseurs pour des titres de tout repos et rentables à long terme aurait permis, sans problème, de gonfler le montant prévu des émissions. Une désescalade générale des taux sur le marché des capitaux ne pourra s'amorcer que si ceux du court terme s'orientent durablement à la baisse et qu'aucune nouvelle source de renchérissement ne vient enrayer le processus engagé de décélération de l'inflation.

Nouveau fonds de placement UBS sur le marché monétaire

Intrag International, Luxembourg, et Intrag SA ont élargi la gamme des fonds de placement en lançant UBS Money Market Invest-Lit, un fonds de droit luxembourgeois. Ce nouvel instrument complète la palette des fonds spécifiques UBS Money Market Invest U.S. Dollar, £ Sterling, Ecu, Yen. Le fonds investit selon le principe de la répartition des risques en instruments du marché monétaire de premier ordre et libellés en lires. La politique de placement a pour objectif de réaliser un revenu courant élevé, en tenant compte des critères sécurité du capital et maintien de larges liquidités. Ainsi, les investisseurs peuvent déjà avoir accès au marché italien, toujours plus attrayant, avec une mise de fonds relativement modeste. La répartition annuelle s'effectue sans prélèvement d'impôt à la source. Par ailleurs, les achats de parts ne sont plus soumis au droit de timbre d'émission de 0,5%. Les parts de l'un des fonds spécifiques peuvent être converties en celles d'un autre en tout temps. La première émission de parts UBS Money Market Invest a eu lieu du 22 au 29 janvier 1991 au prix de Lit. 1'000'000.-, commission d'émission et éventuellement droits de négociation en sus.

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Premiers effets de la "tempête du désert"

En décembre déjà, le marché a vécu dans une grande insécurité, consécutive à l'intransigeance des deux parties en présence dans le conflit du Golfe et au regain de tension en Union soviétique. Dans un contexte très fortement marqué par la politique internationale, le ralentissement de la conjoncture américaine ainsi que l'assouplissement de la politique monétaire par la Réserve fédérale n'ont pas reçu la même attention qu'en temps ordinaire. Au tout début de l'année, les taux de change ont vu s'accroître leur instabilité, et les monnaies remplissant la fonction de "valeur refuge" ont profité de l'atmosphère de crise croissante, le dollar le premier. Les premières réactions du marché aux nouvelles du déclenchement des hostilités, après l'échec de toutes les missions de paix et l'expiration - le 15 janvier - de l'ultimatum pour le retrait des troupes irakiennes du Koweït, ont cependant été mesurées.

Le dollar bénéficie de la guerre

Le dollar a évolué comme suit: Fr. 1.2760 le 3 décembre, Fr. 1.2470 le 10, Fr. 1.3140 le 21, Fr. 1.2630 le 3 janvier, 1.3040 le 7 et 1.2525 le 18. Depuis début décembre, les placements en dollars sont devenus moins intéressants. La détérioration à l'échelle internationale des taux américains est imputable à deux facteurs: la montée sinon la baisse insignifiante du loyer de l'argent en Europe et au Japon et l'assouplissement de la politique du crédit de la Réserve fédérale en raison de tendances à la récession (suppression d'une part des réserves obligatoires, abaissement du taux d'escompte de 7 à 6 1/2%, nouvelle réduction de 75 points de base de la rémunération des fonds fédéraux, ramenée en trois étapes à 6 3/4%). Même si une série de données conjoncturelles moroses n'incitaient pas à s'engager en dollars, les facteurs politiques ont finalement pris le dessus au vu de l'aggravation de la situation dans le Golfe, de sorte que le dollar a provisoirement dépassé la barre des Fr. 1.30. La démission du ministre soviétique des affaires étrangères, M. Edouard Chevardnadze, et les événements dans les pays baltes ont également stimulé ce mouvement. Mais lorsque les hostilités ont éclaté dans le Golfe, l'affermissement du dollar, étonnamment modeste, n'a que peu duré. La raison en était que les succès spectaculaires des alliés laissaient espérer une fin rapide du conflit; de plus un fort volume de positions longues s'était auparavant constitué, et le G7 prévoyait des actions concertées pour le cas de variations excessives des cours. A la fin de janvier, les problèmes de l'économie américaine ont à nouveau occupé le devant de la scène, exerçant une pression sur la valeur extérieure du dollar.

Le mark allemand a perdu de son éclat

Le mark cotait 1.4945 par dollar le 3 décembre, 1.4630 le 10, 1.5415 le 24, 1.4870 le 3 janvier, 1.5535 le 14 et 1.4880 le 23. Par rapport au franc suisse, il se négociait à 85.30 pour cent unités le 3 décembre, à 86.07 le 20, à 82.99 le 14 janvier, à 84.18 le 23. Ces dernières semaines, de notables baisses de cours, quoique provisoires, dans les taux indirects ont partiellement affecté le mark, notamment en raison de l'affairement autour du franc suisse, convoité en tant que "valeur sûre". Outre les problèmes persistants liés au financement des gros besoins en capitaux des pouvoir publics, les événements d'Union soviétique, mettant en danger le processus de détente Est-ouest, expliquent ce recul de la monnaie allemande. A cela s'ajoute la décision de la Bundesbank de ne pas resserrer sa politique monétaire. A l'intérieur du SME, la peseta a pu confirmer sa première place, ce qui a mis fin à des rumeurs de réalignement.

Vent favorable pour la livre

La livre cotait $ 1.9455 le 3 décembre, $1.9620 le 10, $ 1.8750 le 24, $ 1.9510 le 4 janvier, $ 1.8905 le 14 et $ 1.9545 le 23. En décembre 1990, la livre avait subi les effets de spéculations sur un abaissement des taux d'intérêt décidé en raison d'un ralentissement de l'activité économique. La livre était donc restée à un niveau nettement inférieur à son cours pivot de DM 2.95 (plancher atteint le 19 décembre à DM 2.85). Le vent a tourné depuis, la livre ayant à nouveau dépassé DM 2.90 (maximum: 2.94 le 14 janvier), et cédant la lanterne rouge, qu'elle détenait dans le SME depuis début novembre, au franc français et à la couronne danoise. Il se peut que ce raffermissement ait résulté des propos du gouvernement, du Trésor et de la Banque d'Angleterre, garantissant qu'un abaissement précipité des taux d'intérêt n'entrait pas en ligne de compte et qu'aucune dévaluation n'était projetée. La qualité de pays producteur de pétrole ainsi que les avantages en matière de taux d'intérêt par rapport à l'étranger ont également contribué au regain de vigueur de la monnaie britannique.

Douche écossaise pour le yen

Le yen s'échangeait à 132.85 par dollar le 3 décembre, à 130.15 le 10, à 137.28 le 27, à 132.60 le 3 janvier, à 137.45 le 7 et à 132.25 le 23. Avec les nouvelles du Moyen-Orient en toile de fond, le yen a été soumis à de constantes fluctuation. S'il a d'abord perdu du terrain en raison de la crainte d'une réduction massive de l'offre pétrolière consécutive à des arrêts de production provoqués par la guerre, il a néanmoins bénéficié de la capacité attribuée au Japon de mieux résister que d'autres pays industrialisés à des hausses des prix du pétrole. Après le déclenchement des hostilités, l'affaissement du prix du brut ainsi que la situation géographique du Japon, éloigné du théâtre des opérations, ont profité au yen.

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Crise du Golfe: flambée passagère des cours

Les marchés sont toujours sevrés de stimulants durables. En effet, la conjoncture en mauvaise posture aux Etats-Unis empoisonne le climat et les pays producteurs, pour la plupart en mal de devises, alimentent le négoce d'une offre abondante. La perspective d'une guerre au Moyen-Orient avait provoqué quelques mouvements épars. Mais l'intérêt des investisseurs s'est vite émoussé. C'est pourquoi les échanges se maintiennent à un niveau exceptionnellement bas.

En décembre, l'or a faibli jusque peu avant la fin de l'année. Outre le dialogue proposé à l'Irak par George Bush et les bonnes dispositions affichées par Saddam Hussein pour libérer les otages, l'essoufflement de l'économie américaine et le fléchissement du renchérissement ont pesé sur les cours. Durant la première moitié de janvier, le manque d'esprit de compromis de l'Irak dans le conflit koweïtien ont donné un nouvel élan au métal jaune. Immédiatement après le début des hostilités, le cours a même dépassé les $ 400 l'once pour décrocher brutalement par la suite. Aussi bien l'espoir d'une décision militaire rapide, compte tenu des premiers succès de l'offensive aérienne, que la perspective d'une diminution de l'inflation par suite de la baisse du prix du pétrole n'ont pas été étrangers à ce repli. L'or n'a néanmoins crevé le seuil des $ 380 que temporairement.

L'argent n'a pas été ménagé non plus avant la détérioration de la situation dans la région du Golfe. Au fixing de Londres le 17 décembre, il est revenu au plancher atteint en février 1972, soit $ 3.95 l'once. Ensuite, le cours est remonté pour un temps jusqu'à $ 4.28 l'once. Le métal blanc a surtout subi les assauts d'une offre physique en plein dynamisme.

Le platine a fait plutôt bonne figure à mauvais jeu et est demeuré à l'écart des soubresauts engendrés par la crise. Par ailleurs, les opérateurs semblent s'être détournés du palladium. Il n'a été en aucune manière influencé par la hausse minime de la première quinzaine de janvier.

Le 23 janvier, l'or a clôturé à $ 378 l'once, l'argent à $ 3.98 l'once et le platine à $ 401.50 l'once.