Notices économiques UBS
Décembre 1989
L'économie suisse en 1990: relâchement de la demande intérieure et ralentissement des exportations
Au seuil de la nouvelle année, l'économie suisse, dont les capacités sont pleinement occupées, pâtit d'une pénurie croissante de main-d'oeuvre qualifiée et d'une résurgence de l'inflation, signes manifestes d'une surchauffe de la conjoncture. En raison du ralentissement de la demande intérieure, dû à la tension des taux d'intérêt déclenchée par une politique monétaire restrictive, et du tassement de la demande étrangère, la croissance réelle globale de l'économie fléchira aux environs de 2% en 1990, contre 3% en 1989.
Orientation toujours favorable de l'économie mondiale
Bien que l'essor conjoncturel mondial entre, en 1990, dans sa huitième année, les perspectives économiques demeurent favorables dans la plupart des nations industrialisées occidentales. Les efforts croissants de libéralisation et de déréglementation des marchés financiers, les réformes fiscales introduites par divers pays et la coordination internationale positive de la politique économique ont notablement amélioré le climat conjoncturel. Par ailleurs, l'expansion dans la plupart des pays industriels continue d'être stimulée dans une large mesure par la consommation, les investissements d'équipement et les exportations. Au cours des années à venir, les nations occidentales devraient en outre profiter de stimulants additionnels du marché intérieur de la CE et, en partie également, des mouvements de libéralisation amorcés dans les pays de l'Est. Les risques d'une récession subite sont ainsi limités.
Il est vrai que depuis le milieu de 1989, certains signes d'un fléchissement de l'économie se manifestent. La raison principale de ce ralentissement réside dans la politique monétaire restrictive adoptée par la plupart des pays industriels pour écarter le danger croissant d'une poussée inflationniste. L'économie a notablement perdu de son dynamisme aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne surtout, pays dans lesquels les investissements de construction, de même que la consommation privée ont ralenti. Au Japon et dans les pays d'Europe continentale, en revanche, le rythme de croissance s'est pratiquement maintenu. Ces tendances divergentes que l'expansion sont l'une des raisons pour lesquelles les déséquilibres toujours inquiétants des balances commerciales et des paiements des grandes nations industrialisées ne vont guère se réduire notablement l'an prochain.
En 1990, la politique monétaire restrictive freinera l'évolution de la demande globale en Europe également. Aux Etats-Unis, par contre, une légère ranimation est escomptée pour le second semestre de 1990 déjà. En raison du repli des taux d'intérêt, l'activité de construction notamment va s'y ranimer. Par ailleurs, la légère dépréciation du dollar devrait avoir une incidence positive sur les exportations américaines. Dans les pays de l'OCDE, le taux de croissance moyen de l'économie va probablement reculer à quelque 3% en 1990, contre 3,5% environ cette année. Ce rapprochement vers le taux de croissance escompté à long terme atténuera également quelque peu la poussée inflationniste provoquée par l'excédent de la demande. Dans les pays industriels, le taux d'inflation moyen devrait se replier à quelque 4,5% en 1990, après avoir grimpé à 5% en 1989.
La demande étrangère, soutien de la conjoncture en Suisse
L'évolution toujours favorable de la conjoncture internationale aura une incidence positive sur l'économie suisse. La demande étrangère, qui a fourni les stimulants principaux depuis 1988, va certes ralentir légèrement en 1990, mais continuera d'être un facteur déterminant pour l'expansion économique en Suisse. Dans les pays industriels, la conjoncture continuera d'être soutenue surtout par les investissements. Aussi est-il permis d'admettre que notre industrie exportatrice en profitera dans une large mesure. Malgré un certain ralentissement au troisième trimestre 1989, les commandes de l'étranger inscrites par l'industrie mécanique suisse durant les neuf premiers mois étaient supérieures de 18% à celles de la période correspondante de 1988. La réserve de travail a ainsi encore augmenté. Contrairement à l'année en cours et à l'an dernier, durant lesquels la demande étrangère a encore été encouragée par l'affaiblissement du franc suisse, nous escomptons, pour 1990, une stabilisation du cours réel de notre monnaie. Par ailleurs, le volume du commerce mondial, après une expansion de près de 10% en 1989, devrait progresser moins fortement l'an prochain. De ce fait, l'augmentation des exportations de biens et de services devrait se replier à 4% environ, contre plus de 6% en 1989.
Les augmentations de salaires, stimulants de la conjoncture
En ce qui concerne la demande intérieure, la consommation privée restera un soutien important de la conjoncture. Bien que le renchérissement moyen sera notablement plus élevé en 1990 qu'en 1989, le revenu disponible réel continuera d'augmenter. Il ressort d'une enquête faite par le département Economie politique de l'UBS en novembre 1989 que les associations patronales et les entreprises escomptent une augmentation moyenne des salaires de 5,5% environ en 1990. La progression réelle tient tout autant à la forte pénurie de main-d'oeuvre qu'à la bonne capacité bénéficiaire des entreprises. Compte tenu d'une nouvelle augmentation du nombre des travailleurs, la masse salariale de l'ensemble de l'économie progressera même de plus de 6% en 1990. Ainsi, l'accroissement des revenus disponibles globaux devrait être de l'ordre de celui de 1989. Même en tenant compte de l'effet de freinage de taux d'intérêt plus élevés dans le secteur de la consommation privée, par exemple la majoration des loyers, le taux de croissance réel des dépenses de consommation ne devrait fléchir que modérément en 1990.
La hausse des taux d'intérêt ralentit les investissements
L'incidence des taux d'intérêt est plus importante par contre dans le secteur des investissements. Le renchérissement prononcé du loyer de l'argent en 1989 n'a certes eu, jusqu'ici, que peu d'incidence sur l'activité de construction, en raison de l'importance de la réserve de travail, mais il n'en sera pas de même en 1990. La construction de logements, secteur fortement influencé par les variations des taux d'intérêt, devrait notamment en pâtir. Le ralentissement sera en revanche moins prononcé dans la construction industrielle et artisanale, vu que les perspectives bénéficiaires des entreprises demeurent favorables et que le taux d'utilisation des capacités de production reste très élevé. Eu égard à l'envolée des coûts de construction, le freinage de l'activité dans ce secteur semble parfaitement positif.
Les investissements d'équipement vont certes progresser aussi moins fortement en 1990, mais continueront de fournir malgré tout les stimulants principaux. Les motifs incitant aux investissements demeurent notamment les goulets d'étranglement actuels dans la production, d'une part, et les contraintes d'innover en matière de produits et de processus de fabrication, en raison du durcissement de la concurrence internationale, d'autre part.
Le bon climat de consommation et d'investissement aura également une incidence sur les importations en 1990. Mais en raison du tassement escompté de la conjoncture, celles-ci devraient, globalement, progresser moins rapidement. Vu qu'en 1990, les importations en volume continueront d'augmenter plus fortement que les exportations, la contribution du commerce extérieur à la croissance restera toutefois négative. Globalement, la croissance réelle du produit intérieur brut reculera de 3%, en 1989, à 2% environ l'an prochain.
Tension du marché de l'emploi
Malgré le ralentissement de la conjoncture, la situation restera tendue sur le marché de l'emploi. A l'instar des années précédentes, les besoins additionnels de main-d'oeuvre ne pourront, pour des raisons démographiques, être satisfaits que par de nouveaux contingents de travailleurs étrangers. En raison de la raréfaction de l'offre, la progression de l'emploi ne devrait toutefois atteindre qu'un pour cent à peine. Le taux de chômage annuel moyen reculera de 0,6%, en 1989, à 0,5% en 1990.
Poussée inflationniste passagère
Au niveau du renchérissement, les perspectives sont moins prometteuses. La forte hausse des prix des marchandises importées, enregistrée depuis le début de 1989, devrait certes s'atténuer en 1990, vu qu'une consolidation du franc suisse est probable et que l'on peut s'attendre à une large stabilité des prix des matières premières. Par contre, les majorations des loyers du logement, rendues nécessaires par le relèvement des taux hypothécaires, entraîneront une forte hausse de l'indice des prix à la consommation en novembre 1989, ce qui accroît en même temps le risque de déclencher une escalade des prix et des salaires. Ce n'est que vers la fin de 1990, lorsque cette poussée inflationniste se sera résorbée, que les perspectives en matière d'inflation redeviendront meilleures. Cela en raison surtout de la politique monétaire restrictive de la Banque nationale et du relâchement de la conjoncture. Sur la base des taux d'inflation mensuels escomptés, le renchérissement moyen s'élèvera à 4,1% en 1990, contre 3,1% en 1989.
Incidences de la politique monétaire
Dans cette optique, le dilemme dans lequel se trouve la Banque nationale est compréhensible. Si, pour combattre l'inflation à long terme et affermir le franc suisse, elle continue de pratiquer une politique monétaire restrictive, elle risque que la tension des taux d'intérêt n'entraîne une nouvelle majoration des taux hypothécaires et, partant, un renforcement de la poussée inflationniste intérieure à court terme. Du point de vue international, la dépréciation prévue du dollar et la tendance à la baisse des taux d'intérêt mondiaux devraient permettre d'escompter un certain assouplissement de la politique monétaire en 1990. Mais étant donné que, contrairement à la tendance mondiale, le taux d'inflation va encore grimper sensiblement ces prochains mois en Suisse, la marge de manoeuvre en matière de politique monétaire reste très restreinte.
Taux d'intérêt toujours élevés
Si la Banque nationale poursuit sa politique restrictive ces prochains mois, ce qui est probable, les taux du court terme resteront élevés. Un assouplissement ne peut être escompté qu'à partir du milieu de 1990. Les taux du long terme, quant à eux, persisteront encore assez longtemps au niveau actuel de 5,5%, en raison de la montée prononcée du renchérissement ces prochains mois. Seules les perspectives d'un reflux de l'inflation devraient faire reculer légèrement les taux du long terme qui, toutefois, demeureront probablement au-dessus de la barre des 5% jusqu'à la fin de 1990. Par conséquent, la structure inversée des taux d'intérêt se maintiendra en 1990.
La place boursière suisse en pleine mutation
par Ulrich Grete, directeur général adjoint de l'Union de Banques Suisses *
*Version abrégée d'un exposé présenté à la conférence de presse de l'UBS du 9
novembre 1989
L'environnement boursier suisse a besoin d'être modernisé sur certains points. Notamment, pour ce qui est du retard dans la transparence du négoce de titres, de la fluidité restreinte du marché en raison de son "fédéralisme", du peu d'efficacité des opérations effectuées à la criée, ainsi que du faible choix des instruments de garantie de risques. En revanche, certains éléments tels que la politique d'information des sociétés suisses, à la traîne en comparaison internationale et qui gagnerait à être améliorée, le "poids" trop lourd des titres suisses, ou encore la coexistence d'actions nominatives et au porteur, avec l'aspect particulier de leur transmissibilité, ne sont pas des problèmes boursiers au sens propre du terme. C'est notre législation la responsable.
Situation actuelle
La discussion des problèmes oblige à traiter d'abord brièvement du marché boursier suisse. Nous nous payons le luxe d'avoir sept Bourses traditionnelles, plus ou moins importantes en fonction des volumes de transactions effectués. On ne peut même pas avancer l'argument du fédéralisme pour, en bonne conscience, briser une lance en faveur du maintien de quatre d'entre elles. Mais il serait tout aussi erroné de partir de la prédominance de Zurich, pour en conclure que le volume d'affaires de Genève et de Bâle peut être négligé. De par la structure des opérations, il s'agit de chercher une solution globale "place boursière Suisse", l'idée d'une place boursière purement zurichoise étant contraire aux réalités.
Représentant 2% de la capitalisation boursière mondiale, la Suisse occupe le septième rang derrière le Japon, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne fédérale, le Canada et la France. Mesurée au potentiel économique de notre pays, cette position est remarquable. Elle est encore meilleure si l'on considère le volume des transactions.
Le marché suisse des capitaux est utilisé par les débiteurs étrangers depuis des années pour se procurer des fonds de tiers. D'où le nombre élevé d'emprunts obligataires cotés et l'abondance des émetteurs représentés à la Bourse. Aucune autre Bourse nationale n'enregistre une telle présence étrangère.
Les Bourses suisses sont largement organisées par des mesures d'autorégulation, les lois cantonales n'ayant qu'un caractère d'encadrement. Ce système plaît par sa souplesse, en revanche il ne permet pas d'appliquer des mesures sur le plan national. Au début de 1988, l'Association des Bourses Suisses (ABS) s'est donné pour tâche de poursuivre activement l'autorégulation et d'accomplir une démarche en vue de réaliser une place boursière suisse. Le Code des OPA et la refonte du système de courtage constituent une première étape. Vu la structure de la place boursière, l'Association ne dispose toutefois d'aucun moyen coercitif pour faire appliquer les règles.
L'Association Tripartite Bourses s'occupe depuis quelques années du développement technique des Bourses, de leur organisation et de la négociation des valeurs mobilières en exécution du mandat des trois principales places boursières. L'information Corbeille (IC), le traitement des transactions (TT), le reporting dans le commerce des titres et la famille des SwissIndex sont des preuves éclatantes des prestations fournies. Avec la mise en place et l'expansion de la Soffex, assurées par un groupe de banques, la place financière suisse s'est dotée d'une première Bourse intégralement informatisée. Elle constitue de toute évidence un modèle du genre pour des développements analogues dans d'autres pays, met à disposition des instruments appropriés à la couverture des risques et répond entièrement aux exigences actuelles de transparence. Tout ceci prouve que nous avançons par nos propres moyens sur la voie de la maîtrise des problèmes et que nous sommes en mesure de présenter des résultats dont il y a lieu d'être fier.
Transparence et liquidité
La transparence est une des conditions essentielles au bon fonctionnement d'un marché des valeurs. C'est ainsi que les statistiques sur les volumes d'échanges et les cours des Bourses suisses ont été sensiblement améliorées ces derniers temps. Le "reportingsystem" de l'ATB pour les titres Soffex constitue un sérieux pas en avant. D'autres mesures suivront. La transparence signifie la réduction des possibilités de manipuler les cours et d'enregistrer des écarts inexplicables de prix dans le même segment ou pour le même titre. Il s'agit essentiellement d'être en mesure d'apprécier l'influence du volume traité sur l'évolution des cours. L'obligation d'annoncer rapidement au marché toutes les transactions sur des titres cotés (reporting) est la condition sine qua non. Elle est de fait pour les trois principales Bourses et constitue un élément prépondérant pour le système de la Bourse électronique Suisse (BES).
En dépit de tous les reproches adressés, les récentes enquêtes ont démontré que la liquidité du marché suisse des actions était meilleure que généralement supposé. Par ailleurs, il n'est pas possible de comparer simplement notre volume de transactions aux situations prévalant sur des marchés plus importants. Notre capitalisation boursière est inférieure et la prescription sur la valeur nominale minimale des actions conduit à une compression relative du nombre de titres en circulation. En outre, les actions nominatives sont régies par des dispositions légales différentes de celles des titres au porteur et les actions suisses véritablement internationales ne représentent qu'un segment étroit. Si l'on compare le volume d'échanges au nombre de titres en circulation, la Suisse est avec 70% solidement en course. La dispersion de cette liquidité sur sept marchés est par contre insatisfaisante, mais peut être corrigée par des mesures prises par les Bourses. C'est pourquoi nous devons d'abord nous concentrer sur les principales Bourses, avant de passer, dans une deuxième étape, à la réalisation d'une véritable Bourse suisse.
Comparé aux autres Bourses, le manque d'aisance du marché des titres à revenu fixe résulte, en revanche, du volume relativement restreint des émissions. Le fait que les investisseurs privés et institutionnels conservent très souvent les obligations en francs suisses de la souscription à l'émission ou de l'achat des titres jusqu'à l'échéance joue un rôle déterminant, notamment, en rendant de prime abord impossible toute évolution vers une fluidité raisonnable. Ce comportement est en grande partie attribuable au droit de timbre de négociation qui rend l'optimalisation d'un portefeuille obligataire en francs suisses difficile.
Système dépassé
L'efficacité de la transmission des informations est un des éléments clés du fonctionnement performant d'un marché national et international. Dans l'environnement actuel, cela veut dire un marché largement assisté par l'informatique. Le système à la criée est peut-être parfait pour l'échange direct d'informations et pour laisser libre cours aux influences psychologiques entre boursiers, mais pour le volume d'échanges on ne peut rêver pire. On ne peut quand même pas négocier un titre quelques minutes à peine et considérer ensuite que le cours est valable pour la journée entière. De nos jours, les titres se négocient durant des heures et ce commerce a besoin des capacités requises. Depuis longtemps, les opérations à la criée ne sont plus en mesure de faire face à la situation et seul un système électronique offrant de bonnes possibilités d'accès est à même d'assurer une meilleure efficacité.
Le système boursier suisse est fédéraliste. C'est de bonne tradition, mais il ne correspond plus aux réalités. Seule une place boursière Suisse peut conserver son rang dans le concert international. Des différences entre un marché réglementé à Zurich et des possibilités d'opérations sauvages, par exemple dans le canton voisin de Zoug, sont proprement aberrantes. La révision de la loi sur les titres dans le canton de Zurich est dans sa teneur sur la bonne voie; malheureusement la portée de sa validité ne correspond plus aux réalités. Ce dont la Bourse suisse a besoin, c'est d'une loi-cadre fédérale permettant de régler les détails dans un environnement souple sous la forme confirmée de l'autorégulation. Jusqu'à ce que cette lacune ait été comblée, les Bourses suisses doivent pouvoir continuer d'avancer sur la voie de la modernisation, sous l'égide de l'ABS. Elles méritent d'être soutenues et non critiquées.
Appel
La place financière suisse a besoin d'une Bourse bien en vue sur le plan international, répondant suffisamment aux exigences modernes de fonctionnement, et qu'elle peut elle-même développer. L'Union de Banques Suisses s'est engagée sur cette voie et travaille en étroite collaboration avec d'autres établissements. Nous supportons nous-mêmes les frais en résultant, notamment pour le personnel qualifié.
L'objectif principal est d'abord d'améliorer progressivement la transparence du système actuel. Ensuite, il s'agit de créer en plusieurs étapes une place boursière suisse très informatisée. Cela englobe la réalisation du projet d'une Bourse électronique Suisse (BES). Parallèlement, la voie de l'autorégulation exige de délimiter exactement le champ d'action dans les opérations sur titres, avec réglementations ponctuelles et instruments de surveillance nécessaires. Enfin, il convient d'élaborer soigneusement une loi-cadre fédérale pour le négoce de titres et de l'appliquer. L'autorégulation obtenue entre temps doit trouver à s'insérer dans les dispositions clés à définir par voie législative.
Le programme esquissé réclame une mobilisation des efforts à différents échelons. Nous fournissons bien volontiers les contributions nécessaires. Il est toutefois indispensable que les autorités et les autres usagers de la Bourse participent à l'objectif commun sur la scène bancaire Suisse.
Le tourisme suisse des années 90
par Heinz Müller, directeur général de l'Union de Banques Suisses *
* Extraits de l'exposé présenté lors de l'inauguration de l'UBS
Interlaken le 26 octobre 1989.
De par sa nature, l'homme bouge et est curieux. Il rêve d'espaces lointains, de ce qu'il ne connaît pas encore, bref de tout ce qui sort du quotidien. C'est la raison pour laquelle, le tourisme occupe une place toujours plus importante dans les loisirs. D'un autre côté, lorsqu'il est en vacances, le touriste ne veut pas renoncer aux commodités de son environnement habituel. Si l'on se réfère à Opaschowski, auteur de recherches en matière de loisirs, le vacancier de demain veut tout avoir à la fois: calme et animation, tourisme individuel et en groupes, nature pour tous mais paysages intacts, longues et courtes vacances. Le touriste des années 90 entend partir plus souvent mais moins longtemps -- quelle que soit la saison -- et entreprendre un grand voyage de temps à autre. Du rêve de voyager on en arrive à un style de vie.
Concrètement, cela signifie que le touriste sera à l'avenir plus exigeant qu'il ne l'a été jusqu'ici. Les vacances devront avant tout être enrichissantes. La possibilité de vivre quelque chose de particulier sera en quelque sorte le critère de qualité des vacances.
Le touriste de demain veut se divertir 24 heures sur 24. Seul, il ne fait rien, mais toutes les activités sont placées sous la houlette d'un animateur. On trouve cependant encore le touriste individuel qui est prêt à payer un prix plus élevé pour ses vacances, mais il a des exigences bien à lui. Outre la diversité de l'offre d'hôtels, il a des idées précises sur la qualité du service qu'il attend. C'est précisément ici que se pose pour nous un premier problème. Comparé à nos voisins de la zone alpine, le rapport prix/prestations devient de plus en plus défavorable. Cette constatation est valable aussi bien pour le confort que la qualité du personnel de service. A cet égard, l'hôtellerie suisse serait bien avisée d'entreprendre quelque chose.
Il serait néanmoins faux de croire que seul le touriste individuel a des exigences élevées. La personne participant à un voyage organisé sait elle aussi parfaitement ce qu'elle veut pour son argent.
Nouvelles perspectives
Le temps de travail continuera de diminuer, même si cela ne sera plus dans la même mesure qu'au cours des trois dernières décennies. Du fait de l'augmentation des loisirs, l'importance du marché du tourisme croît. Mais la nouvelle réduction du temps de travail a aussi un revers de la médaille. A cause de la disponibilité quasi permanente qu'on exige de lui, le tourisme aura en effet encore plus de peine à s'affirmer sur un marché de l'emploi asséché.
Actuellement, tant les indicateurs conjoncturels à court terme que le baromètre de l'évolution de l'économie à long terme annoncent un horizon dégagé. La régression de l'inflation, la stabilité des prix de l'énergie, l'animation du commerce mondial et les effets à moyen terme de la collaboration plus étroite au sein de la CE constituent les bases de ces pespectives favorables. De cette situation il résulte que dans les pays industriels en tout cas -- leurs résidents sont les principaux clients de l'hôtellerie suisse -- , les revenus disponibles continueront d'augmenter et permettront d'exaucer maints voeux touristiques.
Développements en Europe
Le tourisme en Europe occidentale, en Suisse notamment, a de tout temps été empreint d'un esprit libéral, même si la guerre a provoqué une césure. Le marché unique de la CE aura également des effets sur ce secteur économique. La libéralisation du trafic aérien stimulera le tourisme intra-communautaire, puisque les voyages en avion seront meilleur marché. En rapport avec la mise en place d'un réseau européen de trains à grande vitesse et la simplification des formalités douanières, il faut aussi s'attendre à un développement du trafic ferroviaire et routier.
La liberté d'établissement au sein de la CE fournira suffisamment de main-d'oeuvre bon marché venant des pays à bas salaires de la CE pour satisfaire la plus forte demande de prestations touristiques. L'alimentation prévue du fonds structurel en faveur des Etats membres de la CE les plus défavorisés, surtout dans le bassin méditerranéen, leur permettra d'améliorer l'infrastructure hôtelière sans devoir contracter de lourdes dettes.
Sur le marché touristique de la CE, des groupes puissants se formeront pour se partager le gâteau, tant au niveau de l'offre, dans l'hôtellerie notamment, que des services d'intermédiaire (agences de voyage). La meilleure transparence qui en découlera fera baisser les prix pour les consommateurs.
Enfin, les pays de la CE lanceront également des campagnes publicitaires communes, ce qui pourrait avoir pour effet négatif pour nous d'assimiler l'Europe à la CE.
Conséquences pour le tourisme en Suisse
La constitution d'un marché touristique autour de la Suisse durcit la concurrence parmi les hôtes et le personnel de l'hôtellerie. En ce qui concerne les voyageurs, ce sont en premier lieu ceux d'outre-mer qui pourraient de plus en plus visiter les pays de la CE, attirés par la publicité tapageuse de ces derniers. Une collaboration active dans l'organisation publicitaire commune European Travel Commission devrait pouvoir assurer à la Suisse une présence sur les principaux marchés que sont la CE, les Etats-Unis et le Japon. Mais si l'on considère chaque entreprise séparément, notre pays a un sérieux retard en matière de marketing. Compte tenu des efforts publicitaires accrus des offreurs européens, il sera de plus en plus difficile pour un hôtel de vendre lui-même ses prestations sur le plan international. Sous ce rapport, de nouvelles possibilités s'ouvriront aux groupements d'hôtels, comme les "Relais du silence" ou les "Relais & Châteaux", s'ils unissent leurs forces et regroupent des entreprises semblables sous un seul et même nom.
Du point de vue qualitatif non plus, la Suisse n'aura pas la tâche facile. Malgré l'appui de la Société suisse de crédit hôtelier (SCH) et les subventions cantonales, il ne sera guère possible de conserver la capacité hôtelière actuelle au cours des dix prochaines années. Le phénomène de concentration est déjà amorcé et va en direction d'hôtels de plus grande taille proposant des services encore meilleurs. Même si cette évolution sera douloureuse pour certains, il ne faut pas la contrecarrer si notre pays entend, dans le tourisme également, affirmer sa position parallèlement au marché de la CE. Sur ce marché, la qualité de l'hôtellerie s'améliorera encore à grands pas.
Le déplacement vers des hôtels de catégories plus élevées s'impose aussi pour des raisons découlant du marché de l'emploi. Vu que pour des motifs de politique intérieure il ne faut guère compter sur des contingents supplémentaires de travailleurs étrangers, la pénurie de personnel persistera. Mais étant donné que les résultats des grands hôtels des catégories supérieures sont meilleurs, on peut espérer, en favorisant les regroupements, retrouver plus facilement du personnel qualifié, voire du personnel suisse.
Nouvelles chances
A côté de ces effets négatifs du marché unique pour la Suisse, on trouve également des éléments positifs. Ainsi, les gens voyageront davantage parce qu'il disposeront de plus d'argent et de temps. Dans la CE, précisément, la demande touristique s'amplifiera notablement, situation dont la Suisse pourra profiter en raison de sa position au coeur de l'Europe. Par ailleurs, étant rapidement accessible des principaux pays européens, la Suisse se prête particulièrement bien à des vacances de courte durée, qui ont toujours plus la cote.
Comme nous avons pu le constater cette année, la pollution de l'environnement, en particulier des mers, préoccuppe toujours plus nos concurrents et incite les vacanciers à les délaisser au profit de la Suisse. Dans ce domaine, nous récoltons les fruits du soin que nous portons à l'environnement et des efforts que nous faisons, dans le cadre de dispositions légales sévères, en vue d'améliorer la qualité de l'eau et de l'air. Il s'agit toutefois aussi d'avoir constamment à l'esprit les limites de l'utilisation de notre territoire à des fins touristiques. Enfin, le travail des pouvoirs publics suisses peut être qualifié d'exemplaire.
J'aimerais résumer mes considérations sur le tourisme helvétique en dix thèses:
--- 1. L'offre touristique de la Suisse est intacte dans la plupart des cas. Elle restera attrayante si elle est constamment adaptée aux nouveaux besoins et si elle est bien gérée.
--- 2. Sous l'effet des nouvelles habitudes de voyage et du marché unique, la concurrence se durcira.
--- 3. La lutte au niveau des prix avec nos principaux concurrents en Europe, mais également dans la zone alpine au sens strict, s'exacerbe. Il est donc d'autant plus nécessaire de développer le tourisme de qualité, qui a les meilleures chances sur le marché. Le rapport prix/prestations devra cependant être amélioré.
--- 4. La saison d'été restera le souci majeur de nombreuses stations, parce que des variantes concurrencent fortement la Suisse. Les touristes veulent en effet des vacances sûres tant du point de vue temps que du point de vue climat.
--- 5. Le secteur animation qui fonctionne très bien en hiver (écoles de ski, après-ski) doit trouver son pendant en été.
--- 6. Cette animation peut être proposée par l'office du tourisme ou les hôteliers. Un meilleur service, et cela est déterminant, améliorera également la qualité des vacances du touriste individuel.
--- 7. La séparation entre hôtellerie et parahôtellerie sera plus nette, en ce sens que cette dernière s'adressera davantage aux petits porte-monnaie, tandis que l'hôtellerie se consacrera aux services de haute qualité. Les petits hôtels des classes de prix inférieures ne survivront que s'ils sont en mesure d'assurer un service personnalisé.
--- 8. En ce qui concerne l'hôtellerie, la question centrale sera de savoir si elle réussira à affirmer sa position sur un marché plus étroit, mais plus exclusif. Cela signifie qu'il faut rehausser la qualité de l'offre et parfaire sa commercialisation. Ces objectifs, de même que l'affectation optimale du personnel posent de grandes exigences aux hôteliers en tant qu'entrepreneurs.
--- 9. Le tourisme suisse devra encore davantage satisfaire les désirs de la clientèle, réagir à temps aux nouvelles tendances et en tenir compte dans l'offre au niveau des entreprises.
--- 10. Jouissant d'une position reconnue de tous, l'hôtellerie suisse devra néanmoins trouver de nouveaux créneaux et mettre davantage l'accent sur la qualité que la quantité pour assurer son avenir. Les limites lui seront fixées par les ressources disponibles en personnel.
Chronique boursière
Perspectives de placement
Des pronostics de rendement précis pour les divers instruments de placement et marchés sont souvent difficiles à établir en cas d'incidences divergentes. Dans de telles phases, il n'est pas aisé de faire des recommandations, notamment pour les investisseurs axés sur le court terme. Ces prochaines semaines, l'orientation de la Bourse sera déterminée dans une large mesure par l'évolution des taux d'intérêt du dollar sur le marché monétaire. Un nouveau recul des taux pourrait faire gonfler fortement le volume des échanges à Wall Street en fin d'année et avoir ainsi un effet positif sur les autres places boursières également, bien que sur la plupart de celles-ci, les taux d'intérêt aient encore, pour l'instant, plutôt tendance à hausser. Faute de stimulants à ce niveau, nous prévoyons que la Bourse de New York demeurera étale durant les semaines à venir et que les cours risqueront de devenir plus volatiles. La contraction des bénéfices des entreprises américaines au troisième et surtout au quatrième trimestre 1989 pèsera par ailleurs sur la cote. Une amélioration du climat ne pourrait être escomptée qu'au cours de janvier prochain si une croissance économique à nouveau plus vigoureuse devait être anticipée.
En Europe, c'est la Bourse allemande qui polarise l'attention. L'ouverture des frontières par la RDA l'a ragaillardie, mais maints problèmes doivent encore être résolus. Lors de nouveaux placements, il convient de retenir notamment que, d'une part, certains titres de la construction et de la consommation ont déjà accusé d'importantes plus-values, ce qui a fait grimper le rapport cours/bénéfice, et que, d'autre part, les négociations tarifaires entre IG-Metall et les employeurs, qui seront entamées au début de janvier, exerceront encore une certaine pression sur le marché. Vu que les taux d'intérêt allemands ne devraient plus hausser fortement à court terme, mais pourraient même reculer en 1990, des placements en valeurs à revenu fixe semblent par ailleurs redevenir attrayants. Dans ce contexte, les obligations néerlandaises méritent aussi un regain d'attention, vu que le florin, pour des motifs de politique monétaire, demeure relativement stable vis-à-vis du mark allemand. En 1990, les taux du court terme devraient se replier légèrement aux Pays-Bas, ce qui stimulera les marchés des actions et des obligations.
La Bourse suisse devrait également profiter dans une certaine mesure de l'euphorie née en Allemagne. Cela concerne surtout les secteurs construction et commerce de détail où des titres tels que Holderbank, Forbo, Sika et Interdiscount ont déjà gagné passablement de terrain. Pour les douze prochains mois, nous prévoyons que les principales Bourses internationales réaliseront de belles performances. A court terme, les marchés allemand et néerlandais pourraient même se détacher légèrement en hausse.
Marchés de l'argent et des capitaux
Nivellement des différentiels d'intérêts internationaux
Sur les places financières des principaux pays industriels, la tendance fondamentale qui s'est manifestée durant les mois précédents s'est poursuivie en novembre. Alors qu'aux Etats-Unis, les taux du court terme notamment s'orientent de plus en plus à la baisse, les rendements sur les marchés des capitaux ont généralement continué de grimper en Europe et au Japon. A l'exception de la Grande-Bretagne, où les taux sur les marchés de l'argent et des capitaux persistent en solitaire à un niveau élevé -- le taux d'inflation étant, il est vrai, supérieur à la moyenne --, les différentiels d'intérêts entre les principales monnaies se sont ainsi encore contractés. Depuis le début de 1989, l'écart entre le taux des eurodollars et celui des eurofrancs à trois mois, par exemple, s'est réduit de 4,5 à 0,5 point. En même temps, l'écart de rendement sur les marchés des capitaux américain et suisse s'est rétréci, moins fortement certes, mais tout de même de 4,7 à 2,3 points.
Tendances conjoncturelles divergentes
L'évolution inégale des taux d'intérêt de part et d'autre de l'Atlantique tient au comportement nettement divergent de la conjoncture. Aux Etats-Unis, la croissance économique s'est ralentie, bien que le risque d'inflation n'ait pas encore été définitivement écarté. Un abaissement temporaire d'un demi-point environ des taux des fonds fédéraux a été interprété prématurément comme étant un nouvel assouplissement de la politique monétaire, mais s'est avéré, par la suite, n'avoir été qu'une mesure préventive contre un resserrement possible des liquidités durant la période des achats de Noël. Il n'en reste pas moins qu'aux Etats-Unis, les taux d'intérêt semblent être toujours orientés à la baisse. Sur le marché obligataire américain, les rendements n'ont cependant reculé que modérément, ce qui a rendu les opérateurs sceptiques en ce qui concerne l'évolution du renchérissement.
Les marchés des pays industriels d'Europe continentale et du Japon sont en revanche toujours influencés par une politique restrictive pratiquée par les banques centrales pour combattre les tendances d'une surchauffe conjoncturelle. Les réformes accélérées dans plusieurs pays de l'Est ont ouvert des perspectives d'un boom durable, avec les dangers d'inflation qu'ils comportent, en Allemagne fédérale notamment. Le marché allemand des capitaux a réagi à cette nouvelle appréciation de la situation par une hausse de 0,4 point des rendements. Une nouvelle majoration des taux directeurs n'est, ce de fait, pas exclue. La Banque du Japon, qui a resserré relativement tard le carcan monétaire, a certes nié le nouveau relèvement attendu du taux de l'escompte. Mais eu égard au degré d'utilisation élevé des capacités de production, au fléchissement du yen et au potentiel d'inflation menaçant, il est peu probable que le Japon n'assouplisse lui non plus sa politique monétaire, pour l'instant du moins.
Taux toujours élevés du franc
En novembre, le taux des eurofrancs à trois mois est demeuré en permanence près de la barre de 8%. Un allégement temporaire pour les échéances les plus courtes n'a été apporté que par le léger repli du dollar et la gestion plus efficiente des liquidités dans le cadre du Swiss Interbank Clearing. La Banque nationale suisse (BNS) persiste dans sa politique monétaire restrictive. Malgré un taux d'inflation plus élevé en novembre, dû aux majorations de loyers, un nouveau durcissement de cette politique ne paraît ni nécessaire, ni opportun. La seule question est de savoir si la BNS pourrait se tenir à l'écart si la Banque fédérale d'Allemagne devait relever une nouvelle fois les taux directeurs, étant donné que le franc subit actuellement déjà une pression à la baisse vis-à-vis du mark.
Sur le marché suisse des capitaux, la tension des taux d'intérêt s'est maintenue et le rendement moyen des obligations de la Confédération a atteint le nouveau plafond annuel de 5,54 % à fin novembre. Malgré les taux élevés, le volume des émissions d'emprunts suisses a atteint près de Fr. 1 milliard, le succès de placement ayant toutefois divergé d'un emprunt à l'autre. Le marché a une fois de plus été mis à contribution par les banques surtout, leur but ayant été de compenser ainsi le reflux permanent de fonds d'épargne et en dépôt. Le programme des émissions a été enrichi d'un emprunt à option de BBC, fortement sursouscrit et qui était négocié hors bourse au-dessus du prix d'émission.
Comparativement aux mois précédents, les émetteurs étrangers d'emprunts en francs suisses sont apparus en plus grand nombre sur le marché en novembre, malgré la contraction du différentiel d'intérêts par rapport à l'étranger, mais du fait que le risque de cours est limité et que la Suisse offre les conditions les plus avantageuses sur le plan international. Par contre, le secteur du mark sur le marché euro-obligataire a subi l'influence paralysante du niveau plus élevé des rendements et de l'évolution future incertaine des taux d'intérêt, alors que les emprunts en dollars, du fait du recul escompté des rendements, ont fait l'objet d'une demande plus soutenue.
Métaux précieux
Intérêt ravivé des investisseurs
Les changements intervenus sur le marché des métaux précieux à fin octobre se sont confirmés en novembre. Les premiers jours déjà, l'or a dépassé la cote des $ 380, puis celle des $ 390 au milieu du mois. La barre psychologique des $ 400 a été franchie durant les dix derniers jours. Cet élan n'a été provisoirement freiné que par des prises de bénéfice, les pointes successives du cours du dollar et l'accroissement des ventes d'or par les producteurs. La tendance à la hausse a également concerné les autres métaux précieux, notamment l'argent.
L'effritement du dollar et la nervosité sur les marchés financiers ont été à l'origine de cette évolution. Le fléchissement des taux d'intérêt américains a aussi stimulé les investisseurs. Ce sont surtout les investisseurs institutionnels, tels les caisses de pension et les fonds de placement qui se sont manifestés, alors que les particuliers hésitaient, dans un premier temps, à réintervenir sur le marché. La demande physique, qui avait tout d'abord diminué, s'est ranimée notablement.
Le 30 novembre, l'or a clôturé à $ 409.50 l'once, l'argent à $ 5.66 l'once et
le platine à $ 510.50 l'once.
Marchés des changes
L'impact des événements politiques
Outre les Bourses et l'appréciation de l'évolution de l'économie américaine, les principaux facteurs ayant influencé les relations de change ont été l'assouplissement de sa politique monétaire par la Réserve fédérale et les efforts de réforme politique observés dans les pays d'Europe orientale. En particulier les événements qui se sont produits en République démocratique allemande ont tenu les marchés en haleine et ont été à l'origine du changement d'orientation des flux de capitaux internationaux. Dans ce contexte, le mark allemand s'est initialement affaibli avant de se ressaisir. Les reculs de cours les plus marqués ont été notés pour la livre sterling. Elle a été soumise à des pressions en raison du niveau élevé de l'inflation annuelle en octobre, de la renonciation à relever encore le loyer de l'argent et de la baisse de popularité de Mme Thatcher; pour la première fois depuis février 1987, la devise britannique est tombée au-dessous de DM 2.80.
Le dollar en perte de vitesse
Le dollar a évolué comme suit: Fr. 1.6195 le 1er novembre, Fr. 1.6445 le 13 et Fr. 1.5915 le 30. Les signaux émanant de l'économie américaine indiquant à la fois une robustesse (emploi) et un tassement de la conjoncture (indicateurs avancés) ont fait évoluer le billet vert sans tendance définie pendant un certain temps. Les premières réactions aux développements politiques en République démocratique allemande lui ont donné des ailes par la suite, bien que le repli des taux d'intérêt des fonds fédéraux ait été interprété comme un indice d'une politique plus expansionniste de la Réserve fédérale. Toutefois, les spéculations à la hausse du loyer de l'argent, consécutives à la publication des résultats plus mauvais que prévu du commerce de détail et de la production industrielle, ont entraîné un repli du dollar au milieu du mois. Cette baisse a encore été accentuée par les prévisions d'une augmentation des taux d'intérêt allemands. La nette diminution du déficit commercial américain n'a soutenu le dollar que pendant une brève période. L'intérêt manifesté pour les placements en mark allemand et le recul passager de la rémunération des fonds fédéraux à 8,25% ont renforcé la tendance à la baisse du billet vert, qui est tombé au-dessous de Fr. 1.60.
Le mark allemand a la cote
Le mark cotait 1.8445 par dollar le 1er novembre, 1.8660 le 13 et 1.7800 le 30. Par rapport au franc suisse, il se négociait à 87.80 pour 100 unités le 1er novembre et à 89.41 le 30. Les craintes générées par l'afflux de ressortissants de la RDA et concernant les conséquences financières et inflationnistes pour la République fédérale d'Allemagne ont, dans un premier temps, pesé sur le mark. Par la suite, les espoirs de stimulants supplémentaires pour l'économie et, partant, d'une politique monétaire plus restrictive de la Bundesbank ont provoqué un afflux de capitaux à court terme, faisant de la devise allemande la monnaie la plus forte du mois.
Le yen en baisse de forme
Le yen s'échangeait à 143.05 par dollar le 1er novembre, à 142.25 le 9, à 144.82 le 20 et à 142.75 le 30. En dépit de la bonne rémunération des euro-yens et des interventions de la Banque du Japon, la monnaie nipponne est demeurée à un bas niveau par rapport au dollar. Cette situation défavorable était due, d'une part, aux exportations de capitaux et, d'autre part, aux espoirs déçus d'un relèvement du taux d'escompte.
Evolution des prix en Suisse
Poussée inflationiste liée aux taux d'intérêt
En octobre, l'
indice national des prix à la consommation
a progressé de
0,4% à 116,2 points (décembre 1982=100). La hausse a touché les groupes
chauffage et éclairage (+3,5%), transports (+1,2%) et alimentation (+0,6%). Si
le prix des marchandises suisses ne s'est accru que de 0,1%, celui des
marchandises importées a augmenté de 1,1%, en raison surtout de l'augmentation
des huiles de chauffage. Le renchérissement annuel a ainsi passé de 3,4% en
septembre à 3,6% en octobre. L'inflation a été encore plus nette en novembre
avec la prise en considération du prix des loyers. Compte tenu de
l'accroissement du coût des logements lié aux taux d'intérêt, l'inflation
devrait atteindre environ 4,5%.
La hausse des prix de gros des derniers mois s'est légèrement ralentie. En
octobre, l'
indice des prix de gros
n'a progressé que de 0,1% à 181,1
points (1963=100). Le renchérissement , qui était encore de 5,4% en mai, a
continuellement reculé pour s'établir à 3,5% en octobre.