UBS Economic Notices (fre) 10/1989

Notices économiques UBS Octobre 1989

L'économie suisse en automne 1989

Conjoncture en plein essor

La marche des affaires de l'industrie est demeurée bonne au troisième trimestre 1989. La forte augmentation des commandes suisses et étrangères ainsi que de la réserve de travail indique que la situation s'améliorera encore au cours des quatre derniers mois de l'année. Au niveau des plans d'investissement pour 1990, on peut s'attendre à un accroissement des investissements d'équipement notamment, malgré l'alourdissement des frais financiers.

Industrie: pour les prochains mois, les entreprises s'attendent à une croissance inchangée de la production, des ventes et de la réserve de travail, mais à un ralentissement de l'entrée des commandes en provenance de l'étranger.

Construction: en dépit de la stagnation de l'entrée des commandes, l'activité, au quatrième trimestre, sera nettement plus animée que durant l'année passée à pareille époque, en raison du niveau élevé de la réserve de travail.

Commerce de détail: les gros distributeurs interrogés prévoient un accroissement des chiffres d'affaires et des prix de vente au cours des mois à venir.

Tourisme: après les bons résultats enregistrés pendant l'été, les prévisions sont le plus souvent optimistes pour le semestre d'hiver 1989/90.

Le Panorama conjoncturel paraît trimestriellement Rédaction B. Bébié Version française: D. Probst

Bonne marche des affaires dans l'industrie

La marche des affaires est demeurée bonne dans l'industrie suisse au troisième trimestre 1989 . Dans la plupart des 200 entreprises que nous avons interrogées en septembre, l'augmentation de l'entrée des commandes, de la production, de la réserve de travail, des ventes et de l'emploi, comparée à l'année précédente, était de l'ordre de celle du deuxième trimestre. Les commandes étrangères se sont beaucoup mieux développées que ce que les entreprises avaient prévu il y a encore trois mois. Si l'utilisation des capacités a reculé en raison des vacances d'été, elle s'est néanmoins établie à 88,3%, soit à un niveau notablement supérieur à celui de la période correspondante de 1988. Quant aux effectifs, ils ont encore été accrus.

Les perspectives restent favorables pour le quatrième trimestre . Les entreprises interrogées sont d'avis que l'entrée des commandes suisses, la réserve de travail, les chiffres d'affaires et l'emploi seront supérieurs aux résultats de l'année passée à pareille époque, et cela dans la même mesure qu'au troisième trimestre. Les entreprises sont particulièrement optimistes en ce qui concerne la production et les ventes, puisque 56% d'entre elles tablent sur un accroisssement de la production et 65% sur une hausse des chiffres d'affaires. En outre, 72% des firmes estiment que la bonne marche escomptée pour le second semestre de cette année se poursuivra au premier semestre 1990.

Comme cela avait déjà été le cas en 1988, l'industrie a fait nettement plus d'investissements d'équipement et de constructions durant l'année en cours. Sur la base de notre enquête, cette progression ne devrait guère être freinée en 1990, notamment en ce qui concerne les investissements d'équipement.

Comme d'habitude, l'évolution a divergé d'un secteur à l'autre. Au cours des trois derniers mois, la marche des affaires -- si l'on considère la production et les ventes -- a été particulièrement bonne, comparativement à l'année passée, dans l'industrie de la chimie, des matières synthétiques et du textile, ainsi que dans les arts graphiques et les grandes entreprises de la métallurgie, alors qu'elle a été nettement inférieure à la moyenne de tous les secteurs dans l'industrie de l'alimentation et du papier. Pour le quatrième trimestre, 60% des entreprises de l'alimentation s'attendent cependant à une amélioration au dernier trimestre de cette année.

Bonne évolution des commandes

Au troisième trimestre, l'entrée globale des commandes a été meilleure, d'une année à l'autre, que les prévisions émises lors de notre enquête de juin. Cette situation était due essentiellement au net accroissement des ordres en provenance de l'étranger. De +41 points au deuxième trimestre, le solde positif entre les annonces de progression et de recul a passé à +46 points au troisième trimestre, c'est-à-dire 9 points de plus que prévu. En revanche, un ralentissement a été noté pour les commandes suisses; 33% des entreprises interrogées (deuxième trimestre: 41%) ont annoncé une augmentation des commandes suisses par rapport à l'année précédente. Cette tendance générale à la hausse devrait se poursuivre au dernier trimestre, mais elle sera moins prononcée en ce qui concerne les ordres en provenance de l'étranger.

Augmentation de la production et de la réserve de travail

Par rapport au deuxième trimestre, la production a stagné dans la plupart des entreprises interrogées; par contre, elle a été supérieure à celle de l'année précédente dans 48% des entreprises. Pour le dernier trimestre, la plupart des participants à notre enquête prévoient une évolution identique à celle de juillet-septembre.

Si, à fin septembre, la réserve de travail était supérieure à son niveau de fin juin dans 19% des entreprises seulement, 37% d'entre elles annonçaient une amélioration par rapport au troisième trimestre 1988. L'augmentation a été particulièrement sensible dans l'industrie du textile, de la chimie et des matières synthétiques, ainsi que dans les grandes entreprises de l'industrie des machines. Au dernier trimestre, l'accroissement de la réserve de travail se ralentira, la plupart des chefs d'entreprise interrogés étant d'avis qu'elle sera inférieure à son niveau de fin septembre. Cependant, comparativement au quatrième trimestre 1988, les ordres en carnets augmenteront dans 39% des entreprises.

Utilisation des capacités, emploi

En raison des vacances d'été, l'utilisation moyenne des capacités de production a légèrement reculé, soit de 88,8% à fin juin à 88,3% à fin septembre; elle est toutefois demeurée supérieure de 1,5 point à celle du troisième trimestre 1988. La chimie, l'horlogerie et l'industrie des machines sont actuellement particulièrement bien occupées. Compte tenu de la réserve de travail élevée et de la bonne évolution des ventes, les entreprises de l'industrie du papier, du textile et des arts graphiques escomptent une nette amélioration de l'utilisation des capacités de production au cours des trois derniers mois de cette année.

Malgré l'assèchement du marché du travail, 22% des entreprises ont renforcé leurs effectifs au troisième trimestre. Une nouvelle augmentation du nombre de personnes employées dans l'industrie est probable au quatrième trimestre également.

Accroissement des ventes et des prix

Au troisième trimestre, 55% des entreprises interrogées ont fait état d'une augmentation des ventes globales et 49% d'un accroissement du produit des exportations. L'augmentation a été supérieure à la moyenne dans la chimie (+91% pour les ventes globales et +70% pour le produit des exportations) et l'industrie du textile et inférieure dans l'industrie du papier et de l'alimentation. Une tendance à la hausse des chiffres d'affaires s'annonce pour les trois derniers mois de l'année. Les stocks de produits finis ont été quelque peu réduits entre juillet et septembre; à la fin du troisième trimestre, ils étaient cependant plus élevés qu'un an auparavant.

Sous l'effet de la bonne évolution des ventes tant en Suisse qu'à l'étranger, une entreprise sur six a relevé ses prix au troisième trimestre. Ils continueront d'augmenter au cours des prochains mois, puisque, selon notre enquête, une entreprise sur cinq envisage une nouvelle majoration au quatrième trimestre.

Prévisions optimistes pour le premier semestre 1990

Se basant sur les prévisions émises pour le second semestre, 70% des entreprises interrogées tablent sur une poursuite de la bonne marche des affaires au premier semestre 1990. L'industrie de l'alimentation prévoit même une amélioration, tandis que l'industrie du papier et en particulier les grandes entreprises de l'industrie métallurgique craignent un ralentissement de la croissance.

Investissements en 1990

En 1989, 29% des entreprises interrogées auront effectué davantage d'investissements de constructions qu'en 1988, 54% tout autant et 17% moins. Ces chiffres sont ainsi conformes, dans l'ensemble, aux prévisions émises lors de notre enquête de septembre 1988. Quant aux investissements d'équipement, 46% des entreprises annoncent une augmentation par rapport à 1988 et 15% une diminution, chiffres un peu moins bons que ceux avancés lors de ladite enquête.

Malgré le niveau actuellement élevé du loyer de l'argent, 32% des entreprises interrogées ont l'intention de faire plus d'investissements de constructions en 1990 qu'en 1989 et 16% d'entre elles moins. En qui concerne les investissements d'équipement, 45% des entreprises envisagent d'en effectuer davantage et 12% moins.

Compte tenu de la bonne utilisation des capacités et des tensions sur le marché de l'emploi, la rationalisation sera le principal motif des investissements.

Situation et prévisions dans divers secteurs

Construction

L'activité est demeurée animée au deuxième trimestre 1989: alors que l'enquête faite par la Société suisse des entrepreneurs auprès de ses quelque 2600 membres fait ressortir une progression des chiffres d'affaires de 14% par rapport à 1988, la valeur réelle des prestations, selon la comptabilité nationale, était de 6,1% supérieure à celle de l'année précédente. La construction de logements a à elle seule augmenté d'un tiers. En ce qui concerne l'entrée des commandes, l'enquête de la Société suisse des entrepreneurs montre cependant un revirement de tendance: compte tenu d'une diminution de 22% des constructions à usage commercial et industriel par rapport à l'année passée et de 2% de celles de logements, les commandes globales ont reculé de près de 6% au deuxième trimestre.

Contrastant légèrement avec ces données, l'enquête faite par l'UBS auprès de 40 entreprises indique une forte demande de prestations dans le bâtiment (41% d'annonces de progression) au troisième trimestre , mais une stagnation de la demande dans le génie civil. Les prestations et les ordres en carnets ont été nettement plus nombreux au troisième trimestre par rapport à la période correspondante de 1988 dans le bâtiment et un peu plus nombreux dans le génie civil. Dans 91% des entreprises consultées, les prix sont demeurés stables entre juin et septembre; ceux du bâtiment ont toutefois eu tendance à monter et ceux du génie civil ont légèrement baissé. Les entrepreneurs interrogés par l'UBS pensent que les commandes cesseront d'augmenter au quatrième trimestre , un tiers d'entre eux étant cependant d'avis qu'ils construiront davantage qu'au dernier trimestre de 1988, en raison de la réserve de travail élevée. Les effectifs ne se modifieront guère jusqu'à la fin décembre dans la plupart des entreprises et ils seront par conséquent de peu inférieurs à ceux de la fin de 1988. 80% des entrepreneurs interrogés sont d'avis que les prix resteront à leur niveau de septembre au cours des quatre derniers mois de cette année et plus de 10% d'entre eux prévoient même un recul. En dépit de cette situation, la capacité bénéficiaire s'améliorera au second semestre par rapport à la période comparable de 1988 dans 44% des entreprises.

Pour 1989, les entrepreneurs s'attendent notamment à une diminution des constructions de maisons familiales (4O% d'annonces de recul) et de logements (-5%) par rapport à 1989, tandis que celles de bâtiments à usage commercial et industriel (+16%) et de génie civil (+5%) continueront de progresser.

Commerce de détail

Les prévisions optimistes se sont confirmées au troisième trimestre. Par rapport à la période comparable de 1988, la plupart des gros distributeurs ont fait état d'une progression des ventes. Même le secteur du textile et de l'habillement qui, il y a trois mois encore, avait prévu une stagnation, a enregistré une augmentation -- quoique modeste -- de ses ventes. Durant la période envisagée, les prix de vente moyens ont été relevés dans la plupart des cas. La marge brute globale est toutefois demeurée inchangée par rapport à juillet-septembre 1988 pour la majorité des participants à notre enquête.

L'évolution positive des ventes devrait se poursuivre jusqu'à la fin de l'année pour la plupart des gros distributeurs interrogés. Considérés sur l'ensemble de cette année, les chiffres d'affaires seront supérieurs à ceux de l'année précédente pour presque tous les chefs d'entreprise consultés. Comparativement à 1988, les prix de vente moyens devraient augmenter légèrement. Quant à la marge brute globale, elle s'améliorera pour la plupart des gros distributeurs, un tiers d'entre eux étant cependant d'avis qu'elle aura plutôt tendance à stagner. Au premier semestre, le cash-flow a évolué de manière divergente. Alors qu'il est resté constant, voire s'est accru pour la plupart des chefs d'entreprise interrogés, certains d'entre eux ont noté un recul. Pour le second semestre, les prévisions sont néanmoins optimistes dans la plupart des cas.

En 1989, près de la moitié des gros distributeurs interrogés auront effectué davantage d'investissements de constructions et d'équipement qu'en 1988, leur volume étant demeuré inchangé pour l'autre moitié. L'année prochaine, la plupart des entreprises consultées ont l'intention d'investir plus qu'en 1989. Ces projets d'investissements pour 1989 et 1990 s'inscriront dans le cadre de la rationalisation et de l'agrandissement des surfaces de vente. En 1990, les investissements dans le but de remplacer d'anciennes installations tout en maintenant les surfaces de vente actuelles gagneront en importance pour la plupart des participants à notre enquête.

Tourisme

Les résultats de la saison d'été 1989 (mai-octobre) seront probablement supérieurs aux prévisions. Selon notre enquête de septembre, 45 des 51 directeurs d'offices de tourisme interrogés s'attendent à une augmentation du nombre de nuitées par rapport à l'été 1988. Cette évolution positive est due autant aux touristes étrangers qu'aux touristes suisses. 44 directeurs d'offices de tourisme ont fait état d'un accroissement du nombre de nuitées d'étrangers et 40% d'une augmentation des hôtes suisses par rapport à l'année passée. Ces résultats sont ainsi supérieurs aux prévisions émises en mars et en juin. Les taux de croissance les plus élevés ont été enregistrés par les stations de l'Oberland bernois et du Valais. En revanche, l'augmentation a été faible en Suisse orientale. La tendance à la hausse a été particulièrement marquée dans la parahôtellerie (appartements de vacances, campings). Dans cette catégorie, 32 directeurs d'offices de tourisme ont annoncé une augmentation, tandis que le nombre de nuitées est demeuré inchangé pour 13 d'entre eux.

Les prévisions sont un peu moins optimistes, tout en restant cependant positives pour le semestre d'hiver 1989/90 (novembre-avril). 27 des directeurs d'offices de tourisme interrogés sont d'avis que le nombre de touristes augmentera par rapport à l'année précédente, 19 n'envisageant aucun changement notable. Aucune des stations consultées ne craint une diminution. 25 stations tablent notamment sur un accroissement du nombre d'hôtes étrangers.

En ce qui concerne la parahôtellerie, 20 directeurs d'offices de tourisme escomptent une augmentation du nombre de nuitées et 19 d'entre eux s'attendent à une situation inchangée par rapport à 1988.

Trois quarts des directeurs d'offices de tourisme interrogés prennent des mesures publicitaires et de vente pour leurs stations, qui dépassent le cadre régional. Une bonne moitié des stations consacrent plus de 15% de leur budget publicitaire à ces activités. Les hôtes étrangers, en particulier les Allemands, les Français et les Américains, représentent à cet égard les principaux groupesibles. Les touristes étrangers viennent en Suisse notamment pour pratiquer un sport ou tout simplement pour se reposer.

Deux nouveaux fonds de placement UBS sur le marché monétaire

Intrag International, Luxembourg, société de gestion, et l'Union de Banques Suisses (Luxembourg) S.A., banque dépositaire, élargissent la gamme de fonds de placement de l'Intrag SA en créant deux nouveaux fonds de droit luxembourgeois: UBS Money Market Invest- Ecu et UBS Money Market Invest- Yen. Ces deux instruments complètent l'offre des deux fonds spécifiques existants: UBS Money Market Invest-U.S. Dollar et UBS Money Market Invest -£ Sterling. Observant le principe de la répartition des risques, les deux fonds investissent en papiers monétaires de premier ordre et à douze mois de terme au maximum, tels que bons du Trésor, papier commercial, certificats de dépôt, acceptations bancaires "floating rate notes" et obligations à échéances rapprochées. La politique de placement a pour objectif de réaliser un revenu courant élevé en tenant compte des critères sécurité du capital et maintien de larges disponibilités.

Un large public d'investisseurs peut ainsi avoir accès -- avec une mise de fonds relativement modeste -- aux placements attrayants sur les marchés monétaires de l'Ecu et du Yen, dont l'importance croît sans cesse. De plus, tant l'Ecu que le Yen sont relativement stables visis du franc suisse. Le timbre fédéral d'émission de 0,9% n'est pas débité et les répartitions annuelles aux porteurs de parts s'effectuent sans prélèvement de l'impôt anticipé. Un autre avantage est la possibilité de convertir des parts de l'un des fonds spécifiques en celles d'un autre, sans qu'une commission ne soit prélevée sur la contrealeur des parts présentées à la conversion.

La première émission de parts de UBS Money Market Investcu et de UBS Money Marketen a eu lieu du 2 au 9 octobre au prix de Ecu 500.- et Yen 100'000.- la part, les montants minimaux ayant été fixés à Ecu 5'000 et Yen 1'000'000, commission d'émission et, le cas échéant, taxe de négociation en sus. L'émission de parts est dès lors continue et le prix s'aligne sur la valeur d'inventaire de la fortune du fonds qui est calculée quotidiennement. C'est sur cette base également que les investisseurs peuvent demander en tout temps le rachat de parts sans qu'une commission ne soit prélevée. Les domiciles de souscription sont l'UBS Luxembourg, l'UBS Zurich, ainsi que ses succursales et sociétés affiliées en Suisse et à l'étranger (sauf aux Etats-Unis et au Canada).

Mutations structurelles dans les bilans des banques en 1988

Après la croissance soutenue du secteur financier jusqu'en 1986 et la césure de 1987, 1988 aura été l'année de la consolidation bancaire en Suisse. C'est ce qui ressort des données, complètes et détaillées, de la statistique bancaire que vient de publier la Banque nationale suisse.

En 1988, la somme des bilans des 626 (+4) banques et sociétés financières opérant en Suisse a progressé de 7,2% à Fr. 967,8 milliards. En fin d'année, ces établissements totalisaient 4286 (+84) succursales et employaient 121'819 (+2,4%) personnes. Légèrement en baisse en 1987, le bénéfice net s'est amélioré de 2% à Fr. 4,75 milliards. Par contre le cash-flow a reculé, les amortissements et les provisions ayant diminué de près de 7%. Composante principale des revenus, le solde actif des commissions a accusé un recul, cependant compensé par la notable progression du produit net des intérêts, ainsi que de celui des titres, et l'alourdissement moindre des charges.

Financement du crédit par l'allégement des liquididés

La somme des bilans, qui n'aurait progressé que de 4,3% au lieu de 7,2% sans l'envolée du dollar, ne traduit qu'imparfaitement la vive expansion des opérations bancaires. Dans le sillage de la conjoncture internationale florissante et de la rémunération encore relativement modeste du franc en 1988, les crédits à la clientèle se sont accrus de 14% et les fonds du public de 8,5%. Le graphique motrant la provenance et l'utilisation des fonds met en évidence que la clientèle du secteur non bancaire a demandé sensiblement plus de crédits qu'elle n'a déposé de fonds. Cela est particulièrement net dans les opérations avec la clientèle suisse, où l'utilisation accuse un solde positif de presque Fr. 22 milliards (expansion des crédits de Fr. 48,2 milliards pour une croissance parallèle des dépôts de Fr. 26,3 milliards) sur les fonds passifs, alors que ces derniers étaient encore supérieurs de Fr. 1,5 milliard en 1987.

Les avoirs en banque ayant aussi dépassé les engagements dans les opérations interbancaires, il en a résulté une restructuration exceptionnelle des bilans en 1988. Abstraction faite des postes relevant du marché des capitaux (emprunts obligataires, capital et réserves, portefeuille titres et participations), qui se sont soldés par un afflux de Fr. 5,9 milliards, les fonds nets utilisés dans les opérations interbancaires et avec la clientèle suisse ont émané principalement de la forte contraction des liquidités (-50%) et de la réduction des placements en effets de change et papiers monétaires (-25%). Cette réduction des disponibilités et des actifs facilement réalisables de Fr. 22 milliards a été rendue possible par l'application au début de 1988 des nouvelles dispositions sur les liquidités bancaires. Elle traduit, par ailleurs, la plus grande efficacité de gestion de la trésorerie des banques depuis l'introduction du système de paiements interbancaires SIC.

En 1989, une fois ce facteur exceptionnel disparu, les banques concentrent leurs efforts à réduire l'écart provenance/utilisation des fonds dans les opérations avec la clientèle, en recherchant l'équilibre par le biais du marché des capitaux et des opérations interbancaires. La flambée des taux en Suisse, dans un contexte de gonflement encore ininterrompu des crédits, a entraîné jusqu'ici des transferts massifs de fonds du public délaissant le moyen pour le court terme. Toutefois, l'accroissement du volume devrait du moins compenser la pression sur les revenus résultant du rétrécissement des marges d'intérêt. En admettant une amélioration parallèle des commissions et un contrôle toujours strict des coûts, on peut afficher un optimisme certain quant aux résultats des banques pour l'exercice 1989.

Economie mondiale: conjoncture et inflation au zénith

La croissance économique des pays industriels occidentaux a donné des signes d'essoufflement ces derniers mois. Globalement, la demande étrangère et les investissements sont demeurés les fers de lance de la croissance, avec toutefois un certain glissement en faveur de la consommation aux Etatsnis.

Tirant son origine de la politique monétaire expansionniste suivie ces dernières années, de l'utilisation depuis longtemps élevée des capacités de production, de l'alourdissement interrompu récemment de la facture pétrolière et des matières premières ainsi que du raidissement des taux d'intérêt, la flambée des prix s'est confirmée. Au deuxième trimestre, l'inflation a de nouveau franchi la barre des 5% dans les pays de l'OCDE, pour la première fois depuis la fin de 1984. Dès l'automne 1988, la plupart des banques centrales sont revenues cependant à une politique monétaire beaucoup plus restrictive, stabilisant ainsi l'activité économique tout en préparant parallèlement le terrain à un enrayement du renchérissement. Cette rigueur monétaire ne devrait toutefois porter véritablement ses fruits qu'à partir de 1990. La Réserve fédérale a desserré quelque peu le carcan monétaire au deuxième trimestre, mais vu les dernières données conjoncturelles à nouveau plus optimistes, elle s'en tiendra pour le moment à son cours plutôt restrictif. Le ralentissement attendu de la croissance en fin d'année, devrait néanmoins l'inciter à revenir à une politique un peu plus expansionniste.

Pas de recul significatif des taux

C'est pourquoi on peut s'attendre, abstraction faite de raidissements passagers, à une légère détente des taux du court terme aux Etatsnis dans le courant du dernier trimestre 1989. Le recul sera moindre sur le marché des capitaux, compte tenu des prévisions encore pessimistes concernant l'inflation. En Europe, les taux devraient plafonner à un niveau élevé jusqu'en fin d'année, alors que lahausse se poursuit au Japon. En 1990, le ralentissement de l'économie et l'assouplissement des politiques monétaires enclencheront également un mouvement baissier des taux en Europe et au Japon. Son ampleur devrait cependant être généralement moindre sur le marché des capitaux que sur celui de l'argent. C'est pourquoi les taux, hors des Etatsnis, pourraient conserver leur stucture inversée jusqu'à la fin de 1990. Concernant les Etatsnis, nous prévoyons une normalisation passagère en 1990. On peut toutefois déjà s'attendre là aussi à un léger raidissement des taux au second semestre, parce que l'amélioration de l'économie contraindra la Réserve fédérale à resserrer les rênes monétaires.

Dollar: tournant décisif?

Les marchés des changes ont été caractérisés ces derniers mois par des fluctuations de forte amplitude et un regain de fermeté du dollar. Compte tenu de la nervosité ambiante due aux récentes interventions des banques centrales et de l'assouplissement attendu de la politique monétaire vers la fin de l'année, l'attrait des placements en dollars va diminuer. Par ailleurs, la persistance des problèmes structurels (déficits jumeaux) et la dégradation de la balance des revenus de capitaux vont dans le sens d'un affaiblissement de la monnaie américaine vers la fin de 1989. Le franc suisse a surmonté sa faiblesse visis du mark allemand et, la contraction du différentiel d'intérêts aidant, oscillera autour de son niveau actuel.

Croissance encore soutenue

Les pays industriels se rapprochent sans soubresauts conjoncturels majeurs d'une croissance à long terme libérée de toute incidence inflationniste. Si en moyenne des pays de l'OCDE la croissance prévue du produit intérieur brut de 3% et quelque cette annnée déclenche encore une vague de renchérissement, le tassement attendu à 2,5% environ en 1990 sera compatible à long terme avec une stabilité des prix. Les pays où l'inflation est la plus forte seront également ceux où le ralentissement de la dynamique de croissance sera le plus sensible en 1990. Aux Etatsnis la reprise devrait se produire dès le second semestre 1990. La stabilisation des prix pétroliers, les cours plutôt à la baisse des matières premières et la diminution du surcroît de la demande induiront une décélération de l'inflation dans tous les pays en 1990.

Chronique boursière

Faut-il procéder à des ventes bénéficiaires?

L'essor spectaculaire des Bourses durant les cinq premiers mois de 1989 avait déjà soulevé la question de l'ampleur et du moment d'un retournement éventuel de tendance. Néanmoins, les prévisions généralement bonnes nous avaient incités à étoffer la part en actions des portefeuilles. Après la récente flambée des cours sur les principales places boursières, la question est de savoir s'il faut assurer les bénéfices ou procéder à de nouveaux achats. On ne peut y répondre globalement, étant donné que nous considérons l'environnement comme toujours aussi favorable à long terme, tant pour les actions que pour les obligations. Les taux d'intérêt devraient cependant évoluer un peu moins bien que ce qui avait été prévu initialement, ce qui implique qu'il faudra raccourcir les durées dans les portefeuilles obligataires. La situation n'a toutefois rien de dramatique. C'est ainsi que l'inflation se stabilise dans la plupart des pays industriels, voire amorce une décélération, et que la croissance adopte une vitesse de croisière. Les risques demeurent néanmoins et il est essentiel d'examiner la composition des portefeuilles en vue d'accroître les performances.

L'excellente orientation des Bourses a modifié automatiquement la structure des portefeuilles en faveur d'une part accrue d'actions, accentuant ainsi le risque. Là où la quote d'alerte est atteinte, il est avisé dans de nombreux cas de prendre les bénéfices et de renforcer la part obligataire. Le marché monétaire présente dans ce contexte des possibilités intéressante et l'UBS y offre des fonds en $US et £ sterling, ainsi que plus récemment en Ecu et en yen.

Par ailleurs, la bonne performance prévue des actions autorise à étoffer les positions, dans la mesure où le potentiel de risque laisse encore de la marge. Les perspectives boursières favorables ne doivent cependant pas dispenser d'une révision de la répartition par branches du portefeuille.

En Suisse, les secteurs banques, assurances et industrie mécanique méritent une attention particulière; par contre les titres des services publics, des transports et du commerce de détail devraient être souseprésentés.

En Allemagne fédérale, la préférence ira à la construction mécanique, à la sidérugie, au commerce, aux communications et aux transports, la construction automobile présentant un potentiel laissant quelque peu à désirer.

Aux Etats-Unis, on favorisera les valeurs financières, ainsi que les titres des secteurs pharmacie et biens d'équipement, alors que ceux du secteur technologie seront plutôt à délaisser.

Marchés de l'argent et des capitaux

La baisse des taux d'intérêt se fait attendre

Les espoirs encore largement répandus durant les mois d'été d'une baisse des taux d'intérêt ne se sont confirmés sur aucun marché en septembre. Sur la plupart des principales places financières, c'est plutôt une légère tension qui a été observée, laquelle a débouché sur une consolidation vers la fin du mois seulement. Les Etats-Unis ont en quelque sorte fait exception à la règle dans la mesure où les prévisions initialement optimistes ont prévalu entraînant une légère pression sur le rendement des titres d'Etat pour toutes les échéances, ce qui a été néanmoins corrigé durant la seconde semaine de septembre. Ce mouvement isolé reflète en partie les effets des oscillations des taux de change dans la mesure où le dollar fort il n'afaibli notablement qu'avant la fin du mois a permis, abstraction faite des interventions sur les marchés des changes d'utiliser l'arme des taux d'intérêt.

Politique prudente de la Réserve fédérale

Bien que les derniers taux de renchérissement aient été favorables aux Etatsnis tant pour l'indice des prix des producteurs que pour celui des prix à la consommation, le danger de l'inflation n'en est pas pour autant écarté à moyen et à long terme. C'est surtout le renchérissement corrigé des prix des produits énergétiques et alimentaires qui indique une timide décélération. Parallèlement, les capacités de production demeurent bien utilisées, compte tenu du léger ralentissement de la croissance réelle de l'activité économique et maintiennent de ce fait l'alourdissement des coûts. La Réserve fédérale a tenu compte de cette situation et a laissé inchangés la rémunération des fonds fédéraux à quelque 9%, en dépit parfois du recul des taux sur le marché. Par cette mesure, les prévisions optimistes concernant une baisse durable des taux ont été de nouveau mises en sourdine.

En Europe, les taux d'intérêt sont demeurés légèrement orientés à la hausse dans le sillage de la conjoncture généralement encore bonne et de la fermeté du dollar. Même après le repli de la devise américaine sous l'effet d'interventions qui ont débouché sur une consolidation passagère, il n'y a pas eu de véritable détente. Tout d'abord, le raidissement des taux a concerné surtout le court terme, alors que les rendements sur les marchés des capitaux n'étaient touchés qu'avec un certain retard. En Allemagne fédérale, la rémunération de l'argent au jour le jour a avoisiné le niveau du taux des avances sur nantissement de 7%, déclenchant ainsi des spéculations quant à d'éventuelles interventions concertées sur les taux directeurs en Europe. Au Japon, la tension des taux sur le marché de l'argent s'est poursuivie. Au cours de la première quinzaine, les rendements des obligations d'Etat ont grimpé d'un quart de point évoluant ensuite de manière irrégulière pour reculer notablement sous l'effet de l'affermissement du yen.

Marché suisse tendu

Sur le marché financier suisse, les taux d'intérêt ont de nouveau progressé en septembre. Mis à part l'adaptation à la tendance internationale et l'influence des relations de change, c'est la politique restrictive de la Banque nationale qui a joué un rôle déterminant. Malgré l'augmentation constante de la somme du bilan des banques, les avoirs en comptes de virements des banques auprès de la BNS ont stagné en septembre à leur niveau bas de Fr. 3,2 milliards. Compte tenu des besoins de refinancement plus élevés des établissements bancaires en passant sur le marché, la rémunération des eurofrancs a haussé d'un quart de point à 71/2%. Cela s'est également reflété sur les taux des dépôts à terme, qui dans le cas de l'UBS ont été relevés en deux étapes pour les longues échéances notamment.

Cette politique des taux d'intérêt élevés devant être poursuivie sur une plus longue période que prévu initialement, les taux sur le marché des capitaux ont également subi une nouvelle adaptation. Le rendement moyen des obligations de la Confédération a progressé modérément à 5,40% depuis fin août, battant le record annuel atteint à fin mai. Sur le marché primaire, les coupons des nombreux nouveaux emprunts des cantons et des banques cantonales ont été relevés à 5 3/4%, compte tenu des souscriptions se faisant attendre et de cours d'ouverture plus bas. La Confédération s'est également vu contrainte de fixer un taux attrayant de 5 1/2% pour son émission au début octobre. Dans ce contexte, les taux des obligations de caisse des banques maintenus stables depuis fin avril ne correspondaient plus aux conditions du marché et ont dû également être adaptés. Depuis le 13 septembre, l'UBS rémunère à 6% les titres de 3-5 ans et ceux de 6-8 ans à 5 3/4%. Pour les titres à 5 ans, cela équivaut à un relèvement de trois quarts de point, et d'un demioint pour les autres échéances.

Bien que la sollicitation du marché suisse des capitaux ait été relativement élevée avec Fr. 1,1 milliard, le volume d'émissions des emprunts étrangers libellés en francs a été peu étoffé. Les opérations ont continué à se concentrer sur l'instrument souple que constitue les émissions de "notes" et a porté aussi presque exclusivement sur des emprunts convertibles et à option de sociétés japonaises.

Pas de dynamique propre

Durant la première quinzaine de septembre, les métaux précieux ont continué à s'échanger au niveau relativement bas atteint à fin août, en raison du redressement du dollar. L'or a évolué dans une fourchette étroite, oscillant aux environs de $360 l'once, tandis que l'argent, accusant de plus fortes fluctuations, se négociait à $5.10 l'once. Le sommet atteint par la monnaie américaine au milieu du mois a fait glisser rapidement à leurs cours plancher l'or et l'argent.

A la suite du recul du dollar après la mieptembre, les métaux précieux se sont repris. Cette tendance a été renforcée par le dénouement de positions à la baisse. Toutefois, les livraisons des producteurs, d'or en particulier, ont limité la hausse. Les taux d'intérêt élevés et les anticipations inflationnistes modérées dues à la politique monétaire restrictive des grands pays industrialisés ont également freiné l'envol des cours. Les cours de l'or en francs suisses ont même légèrement régressé.

Le 29 septembre, l'or a clôturé à $366.50 l'once, l'argent à $5.23 l'once et le platine à $493.50 l'once.

Envolée du dollar jugulée par les banques centrales

En septembre, les craintes d'un possible atterrissage douloureux de l'économie américaine se sont estompées. Ce revirement d'opinion, conjointement à l'attente d'un éventuel assouplissement de la politique de la Réserve fédérale, a débouché sur une hausse du billet vert à un niveau plus atteint depuis la miuin. Dans un premier temps, l'intervention concertée des banques centrales n'a pas suffi à assurer un repli durable. Le dollar n'a enregistré un rapide et net recul qu'après la prise de position étonnamment ferme des ministres des finances et des présidents des banques centrales du G7 dans le cadre de la réunion annuelle du FMI. Outre leur déclaration sur la situation monétaire, ils ont qualifié la montée du dollar d'inconsistante au vu des données fondamentales à long terme. Ce recul a encore été accéléré par l'intervention massive des instituts d'émission.

Les interventions affaiblissent le dollar

La monnaie américaine a évolué comme suit: Fr. 1.6980 le 1er septembre, Fr. 1.7265 le ll, Fr. 1.6895 le 14, Fr. 1.7305 le 15 et Fr. 1.6235 le 29. Les dix premiers jours de septembre, le dollar s'est vivement redressé, les statistiques de l'emploi étonnamment bonnes en août ayant nourri l'idée de l'inutilité d'une réduction du loyer de l'argent pour animer l'économie. Les interventions concertées de quelque douze instituts d'émission n'ont réussi à faire reculer le billet vert que passagèrement. Le renoncement à une majoration des taux en Europe et au Japon l'ont au contraire stimulé et la nette compression du déficit commercial en juillet lui a donné des ailes. Un revirement de tendance ne s'est amorcé qu'après la diffusion du communiqué de presse au terme de la réunion du G 7 à Washington. On pouvait y lire qu'une montée du dollar à un cours supérieur au cours actuel était indésirable, car elle détériorerait les perspectives économiques mondiales. Cette prise de position associée à la poursuite des interventions a conduit à une forte baisse du dollar.

Fermeté du mark

Le mark cotait 1.9689 par dollar le 1er septembre, 2.0035 le 15, et 1.8715 le 29. Par rapport au franc suisse, il se négociait à 86.28 le 1er septembre et à 86.70 le 29. Vu la vigoureuse expansion économique, la croissance de la masse monétaire et l'euphorie du dollar, nombre d'investisseurs escomptaient une majoration des taux directeurs par la Bundesbank. Ces prévisions ne s'étant pas réalisées, le mark est resté dans l'ombre du dollar et sa poussée en solitaire. Des données fondamentales positives ont toutefois conduit à un affermissement général du mark par rapport aux autres monnaies.

La livre à la dérive

La monnaie britannique s'échangeait à $ 1.5670 le 1er septembre, à 1.5450 le 11 et à $ 1.6170 le 29. Vu le différentiel d'intérêts nettement en sa faveur, la livre a su tirer son épingle du jeu lors des accès de faiblesse du dollar notamment. Elle a toutefois perdu du terrain en fin de mois après la publication de l'important déficit de la balance des paiements en août de £ 2 milliards.

Stabilité du renchérissement en août

En août, l' indice national des prix à la consommation a progressé de 0,3% à 115,3 points (décembre 1982=100). La hausse a touché les groupes instruction et loisirs (+3,4%), chauffage et éclairage (+1,4%) ainsi que les boissons et tabac (+1%). Ce sont surtout les voyages à forfait, les huiles de chauffage et le commerce de détail, ainsi que les boissons proposées dans les restaurants qui ont renchéri. En revanche, les prix du groupe alimentation ont reculé de 1,3% et ceux des transports de 0,3%. D'une année à l'autre, les prix ont progressé de 3%, niveau inchangé depuis trois mois. Les prix des marchandises suisses ont grimpé de 2,9% et ceux des marchandises importées de 3,1%. Un renchérissement un peu plus important est prévu pour septembre.

L' indice des prix de gros a progressé de 0,2% à 180,4 points (1963=100). Là encore, ce sont principalement les marchandises importées avant tout les agents énergétiques qui ont contribué à l'augmentation des prix. D'une année à l'autre, les prix de gros ont progressé de 4,5%.