UBS Economic Notices (fre) 6/1990

La parité des pouvoirs d'achat: repère pour le long terme

Trop souvent, l'évolution à court terme des taux de change semble échapper à toute argumentation économique rationnelle. C'est pourquoi il est d'autant plus important de savoir où se situe le "cours d'équilibre", quelle qu'en soit sa définition. L'observation sur une longue période, telle qu'elle apparaît par exemple dans la théorie des pouvoirs d'achat, peut fournir une indication. En conséquence, les fluctuations des taux de change exprimés en pourcentage devraient correspondre aux variations du différentiel d'inflation entre les deux pays. Nombre d'analyses montre que ce rapport d'équilibre ne contribue que dans une faible mesure à expliquer le pourquoi des fluctuations des changes, du moins à court terme. Les écarts observés dans l'évolution des pouvoirs d'achat résultent partiellement des mouvements internationaux de capitaux et des variations des balances des opérations courantes se produisant parfois indépendamment des relations de prix. Ces facteurs peuvent entièrement interférer à court terme l'influence de l'évolution des pouvoirs d'achat. Les aspects rémunération du capital, sûreté des placements, diversification des fonds investis, mais aussi des considérations d'ordre politique, jouent un rôle considérable dans les mouvements de capitaux. Tel qu'il ressort des graphiques (pages suivantes), les taux de change suivent cependant de manière très fiable le cours du pair à moyen et long terme. C'est pourquoi la théorie de la parité des pouvoirs d'achat peut servir de base pour prévoir l'évolution des taux de change à longue échéance.

Notre calcul des cours du pair part de l'hypothèse que la parité des pouvoirs d'achat a été réalisée en moyenne durant la période considérée (du 1er trimestre 1974 au 2e trimestre 1990). Les prix à la consommation (PC) et les prix de gros (PG) servent de référence. Par cours du pair, on entend le cours devant s'imposer, même si à court terme le taux de change suit le différentiel d'inflation. La comparaison des cours du pair et des cours au comptant permet de porter une appréciation sur la valeur actuelle d'une monnaie (surévaluation ou sous-évaluation) et d'évaluer les tendances probables à long terme. Bien que la parité des pouvoirs d'achat soit fréquemment" considérée comme le "juste" niveau des taux de change à long terme, cette assertion n'est permise que sous certaines conditions bien déterminées. Il faut notamment que la cause de la variation relative des prix soit une perturbation temporaire et affecte approximativement de la même façon la plupart d'entre eux.

Petits pays à vocation exportatrice

Selon la statistique du commerce mondial récemment publiée par le GATT, les exportations ont augmenté de 7,5% environ à $ 3,1 billions en 1989. En valeur absolue, les grandes nations industrielles se taillent évidemment la part du lion, les pays du G7 représentant à eux seuls 51% du total. Après trois années, les Etats-Unis ont repris la tête dans les échanges mondiaux, reléguant l'Allemagne fédérale au deuxième rang. Ils ont bénéficié d'une progression supérieure en termes réels des exportations par rapport à l'Allemagne fédérale, ainsi que de l'appréciation du billet vert. Le Japon est demeuré sans rival sérieux à la troisième place, tandis que derrière les principaux pays industriels occidentaux l'Union soviétique s'est maintenue au huitième rang, malgré un recul de 2% de ses exportations.

Toutes proportions gardées, les petits pays industriels et les NPI ont cependant gagné en importance. En 1989, les deux plaques tournantes commerciales dans le Sud-est asiatique que sont Singapour et Hongkong ont exporté pour $ 17'000 et $ 13'000 par habitant, devançant les petites nations industrielles européennes (Belgique/Luxembourg, Suisse et Pays-Bas). La part des exportations au produit intérieur brut (PIB) donne une image similaire. Si les exportations de Singapour et de Hongkong ont nettement dépassé le PIB 1989 et atteint des niveaux appréciables dans le cas de Taïwan et de la Corée du Sud, le rapport exportations/PIB a été également élevé parmi les petites nations européennes, avoisinant même 48% et 62% pour les Pays-Bas et l'entité Belgique/Luxembourg. En revanche, les grandes nations exportatrices que sont les Etats-Unis et le Japon n'ont pas dépassé des taux de 7% et 10%.

Les raisons de cette "victoire relative des petites nations" sont multiples. En ce qui concerne les Etats du Sud-est asiatique, ils la doivent à leur rôle d'intermédiaire. Ainsi, en 1989, 61% des exportations globales de Hongkong provenaient de biens importés en vue de réexportations (37% dans le cas de Singapour). La quote-part élevée des autres "dragons" asiatiques est aussi partiellement le reflet d'un PIB relativement faible. Pour le reste, la forte dépendance extérieure des petites nations économiques est due avant tout à l'étroitesse du marché intérieur, au niveau élevé de spécialisation et en partie à la pénurie de matières premières. Ces pays ne peuvent réaliser le volume de vente nécessaire aux productions en série que sur les marchés mondiaux et leur concentration sur des produits sophistiqués leur assure souvent une forte position concurrentielle sur le plan international (créneaux). Parallèlement, le besoin d'importer des matières premières et des agents énergétiques obligent à un équilibre du côté des exportations.

Faisant la synthèse des valeurs absolues et des ratios relatifs, l'Allemagne fédérale se révèle néanmoins être le pays exportateur par excellence. Détenant 11% du marché mondial, elle enregistre un taux d'exportation voisin de 29% du PIB, malgré un énorme marché intérieur, et occupe déjà le septième rang avec $ 5'480 par habitant. L'intégration communautaire et la réunification allemande devraient encore plutôt accentuer cette position enviable à long terme.

Coûts de main-d'oeuvre élevés en Suisse

Des années durant, la Suisse a été le pays où la main-d'oeuvre était la plus chère du monde. En 1989, l'Allemagne fédérale l'a reléguée au deuxième rang. Evalués en monnaies courantes, les coûts de main-d'oeuvre des deux Etats ont augmenté dans les mêmes proportions, mais le franc suisse a sensiblement fléchi par rapport au mark en 1989.

En 1989, une heure de travail revenait pour la première fois à Fr. 31.07 en moyenne dans l'industrie transformatrice d'Allemagne fédérale, qui supplantait ainsi la Suisse au sommet de la liste des sites de production les plus onéreux parmi les nations industrielles. D'une année à l'autre, les coûts de main-d'oeuvre ouest-allemands et suisses se sont alourdis de 4% environ, mais parallèlement le franc suisse a fléchi dans les mêmes proportions vis-à-vis du mark allemand. L'évolution des coûts de main-d'oeuvre et des taux de change ces dernières années montrent nettement que les reclassements ne sont pas dus uniquement aux disparités internationales en matière d'augmentations salariales, mais sont aussi fonction de l'ampleur des fluctuations des cours du change. Classés huitième en 1989, pour un taux moyen de conversion de $/FS 1.64, les Etats-Unis glisseraient par exemple au douzième rang en mai 1990, pour une relation $/FS 1.40, avoisinant ainsi le seuil des pays à faibles coûts de main-d'oeuvre.

Les coûts horaires de main-d'oeuvre englobent le salaire horaire et les charges salariales accessoires (cotisations aux assurances sociales, paiement des jours de maladie, congés payés, etc.). Elles sont en Italie aussi élevées que le salaire horaire, mais n'en représentent que 30% au Japon. Ancien pays à bas salaires, le Japon occupe néanmoins déjà le quatrième rang en comparaison internationale. Converti en francs suisses, le salaire horaire d'un travailleur nippon s'élève à Fr. 19.92, un montant équivalant à ce que touche son collègue helvétique, soit la rémunération la plus élevée sur le plan international.

Les coûts de main-d'oeuvre sont un indicateur essentiel, mais pas unique, de la compétitivité d'un pays. D'autres facteurs, tels que la productivité, le coût des matières premières, la facture pétrolière, les taux d'intérêt réels et la charge fiscale sont importants. L'amélioration de la productivité peut, notamment, atténuer le handicap concurrentiel causé par un alourdissement des coûts de main-d'oeuvre. C'est ainsi que la progression en termes réels des coûts de main-d'oeuvre en Grande-Bretagne (4,2% en moyenne par an) a été supérieure à celles des autres pays de 1980 à 1989. Parallèlement, la productivité s'y est accrue à un rythme nettement plus soutenu (6,1%) qu'en moyenne des autres Etats, en raison notamment des dégraissages substantiels de personnel opérés dans le secteur secondaire. En Suisse, par contre, la dynamique de la productivité (2,4%) a manqué de souffle durant la même période, mais les coûts réels de main-d'oeuvre se sont alourdis plus lentement, soit de 1,3% par an en moyenne. Les Etats-Unis ont été le seul pays industriel à enregistrer une baisse des coûts réels de main-d'oeuvre durant la période considérée, tout en améliorant plus rapidement leur productivité (3,7%) par rapport à la moyenne de leurs concurrents.

"La Suisse en chiffres" 1990

L'Union de Banques Suisses vient de publier l'édition 1990 de la statistique de poche "La Suisse en chiffres" qui contient plus de 1600 informations concernant notre pays, ses cantons et ses dix principaux partenaires commerciaux.

Revenu national des cantons

Selon les calculs effectués par le département Economie politique de l'UBS, le canton de Zoug a réalisé avec Fr. 66'700.- par habitant le revenu national le plus élevé de tous les cantons en 1989. Le revenu national correspond en grande partie au produit national brut, déduction faite des amortissements, et ne doit pas être confondu avec le revenu moyen des salariés. Les revenus par habitant de Bâle-Ville (Fr. 53'300.-), Genève (Fr. 49'500.-) et Zurich (Fr. 48'900.-) sont notablement supérieurs à la moyenne suisse qui s'élève à Fr. 38'300.- Ce sont Obwald (Fr. 27'800.-) et le Jura (Fr. 29'500.-) qui ferment la marche.

L'importance des régions linguistiques

Les revenus nationaux des six cantons romands Vaud, Genève, Valais, Fribourg, Neuchâtel et le Jura représentent 23,9% du total suisse en 1989, la part du Tessin s'élevant à 3,5%. Mesurées à la population résidante, les parts se chiffraient à 24,3% pour la Suisse romande et à 4,3% pour le Tessin. Les parts à la superficie du pays sont encore plus élevées, celles de la Suisse romande et du Tessin se chiffrant respectivement à 29,1% et à 6,8%. Quant aux pourcentages de la main-d'oeuvre étrangère à la population active de ces régions frontières, ils étaient de 49,1% au Tessin et de 29,9% en Suisse romande, chiffre notablement plus élevé qu'en Suisse alémanique (19,9%). En ce qui concerne les parts à la construction de logements et le nombre de sociétés anonymes, le Tessin et la Suisse romande se situaient également au-dessus de la moyenne suisse en 1989.

Le fédéralisme et la charge fiscale

En prenant en considération les chefs-lieux des cantons, c'est dans la ville de Zoug que l'imposition était la plus basse dans toutes les classes en 1989. A Genève seulement, les personnes ayant un revenu annuel brut de Fr. 30'000.- paient moins, le taux d'imposition s'élevant à 2,3%. Contrairement à Zoug, la progression fiscale est plus rapide que la moyenne suisse à Genève qui occupait pour la tranche de Fr. 100'000.- le troisième rang (19,6%) et pour celle de Fr. 200'000.- le premier rang (29,5%) de tous les chefs-lieux des cantons. En revanche, la progression est faible dans les cantons primitifs d'Uri, Schwyz et Unterwald, les villes de Stans, Schwyz et Sarnen comptant parmi les cinq localités où l'imposition est la plus basse. C'est à Delémont que la charge fiscale est la plus élevée pour toutes les classes de revenus.

Nouvelles constructions et part des logements vacants

Par rapport à la population, c'est dans les cantons du Valais (11,9 logements pour 1'000 habitants), des Grisons (10), de Nidwald (9,4) et du Tessin (9) que le plus de logements ont été construits. Au Tessin et au Valais, le pourcentage des appartements vacants était, avec 1,38% et 0,82%, le plus élevé. Tant pour la part des logements construits que pour celle des appartements vides, la construction de résidences secondaires devrait jouer un rôle déterminant. A Nidwald, seuls 0,19% des appartements étaient inoccupés en 1989. Cependant aux Grisons, cette part était, avec 0,48%, légèrement supérieure à la moyenne suisse de 0,43%. C'est dans la ville de Bâle qu'il a été construit le moins de logements, soit 1,5 unité pour 1'000 habitants et ce même si le pourcentage d'appartements vides (0,3%) était sensiblement inférieur à la moyenne suisse. Dans les cantons d'Appenzell Rhodes-Extérieures, Genève, Neuchâtel et Zurich, il a été bâti un peu plus de 4 logements pour 1'000 habitants. Par ailleurs, le pourcentage des appartements vacants était, avec 0,09%, le plus bas à Zurich. A Appenzell Rhodes-Extérieures, il correspondait, avec 0,2%, encore à la moitié de la valeur moyenne. En revanche, Genève et Neuchâtel se situaient dans la moyenne.

Diminution des actifs nets suisses à l'étranger

Le département Economie politique de l'Union de Banques Suisses estime à Fr. 305 milliards les actifs nets suisses à l'étranger, soit Fr. 10 milliards de moins qu'en 1988. Si les avoirs à l'étranger se sont accrus de Fr. 47 milliards pour atteindre Fr. 716 milliards en raison principalement de l'augmentation des positions titres et avoirs fiduciaires, ainsi que des investissements directs, les engagements ont progressé de près de Fr. 58 milliards pour se chiffrer à Fr. 411 milliards, compte tenu du volume des titres suisses détenus par des étrangers, qui s'est accru de Fr. 33 milliards. Le volume des investissements directs suisses à l'étranger a progressé de Fr. 7 milliards pour s'établir à Fr. 77 milliards.

La "Suisse en chiffres" paraît en neuf langues. Pour obtenir cette publication, voir page 27 .

Piétinement ?

Depuis le début de 1990, la Bourse se caractérise par des mouvements en dents de scie, voire une propension au repli, même si l'environnement est excellent. L'inflation relativement élevée en moyenne européenne et la flambée des taux d'intérêt ont pesé sur les marchés au premier trimestre, à l'exception des Bourses allemandes. Un raffermissement marqué du franc suisse sur le marché des changes et la légère décrue des taux du court terme ont revigoré la Bourse suisse début mai. Tirant parti de l'opportunité du moment et profitant du niveau avantageux des cours, les investisseurs étrangers sont revenus sur le marché pour la première fois depuis assez longtemps. Il en a résulté une hausse substantielle du Swiss Performance Index, qui n'a cependant pas refait jusqu'à tout récemment le terrain perdu depuis le début de l'année. Le sommet inflationniste et des taux d'intérêt ne devrait toutefois pas être atteint avant le milieu de l'année. D'ici là, la tendance boursière pourrait être aux fluctuations latérales de faible amplitude, dans un climat plus enclin néanmoins à l'optimisme. Avec un P/E ratio 1990 évalué à 10,7 pour l'ensemble du marché, les actions suisses sont modestement capitalisées. Les chances de décollage de la Bourse suisse sont réelles, si les signes d'une détente définitive des taux d'intérêt se confirment. C'est pourquoi il ne faudrait pas trop tarder à constituer des positions. La préférence ira aux titres de premier ordre des secteurs banques, industries, chimie, consommation, ainsi qu'à certaines valeurs spécifiques.

La Bourse américaine devrait plutôt se consolider après la récente hausse, mais pourrait se redresser dans le courant du second semestre. En ce qui concerne le Japon , nous prévoyons une performance médiocre ces douze prochains mois, mais qui pourrait s'avérer intéressante pour les investisseurs suisses, vu le potentiel de raffermissement du yen. Les rumeurs persistantes d'une adhésion possible de la Grande-Bretagne au SME pourraient stimuler la livre et la Bourse. Ces perspectives réjouissantes ne sont toutefois pas exemptes de risques majeurs (incertitudes politiques et flambée des taux du long terme). En Allemagne fédérale , les perspectives à court terme ne sont plus aussi favorables que celles à long terme après les plus-values enregistrées. Les taux d'intérêt vont rester à un niveau élevé. Par ailleurs, les développements politiques rendent nerveux nombre d'investisseurs et les incitent à la circonspection. Très instable, la Bourse allemande réalise actuellement des volumes d'échanges inférieurs à ceux de la période euphorique de décembre-janvier. Pour les deux prochains mois, nous prévoyons des mouvements latéraux de faible amplitude.

Détente, mais instabilité accrue

Après la forte hausse des rendements au cours des derniers mois, les taux d'intérêt se sont légèrement repliés sur les principaux marchés en mai. A l'exception de la Suisse et des Etats-Unis, où l'on a également noté une tension des taux du court terme, la détente a concerné principalement le long terme où les rendements avaient progressé plus vivement. L'évolution n'a pas été linéaire, mais elle a été caractérisée par une instabilité nettement plus marquée. L'incertitude des opérateurs qu'elle reflète ne permet cependant pas encore de conclure à un revirement de tendance définitif. Les meilleures dispositions du marché étaient dues aux indicateurs conjoncturels, surtout aux données plus favorables concernant le renchérissement aux Etats-Unis; au Japon et en Suisse, le marché a également profité du net affermissement du yen et du franc.

Optimisme aux Etats-Unis

Les données plus favorables concernant l'inflation après son inquiétante accélération au premier trimestre, qui ont annoncé la fin des effets particuliers saisonniers tant au niveau des producteurs qu'au niveau des consommateurs, ont ravivé chez les opérateurs l'espoir d'une baisse tendancielle des taux d'intérêt et d'un assouplissement de la politique monétaire. Ce dernier se fait cependant encore attendre en dépit des pressions exercées par l'administration; en outre, les problèmes de plus en plus épineux posés par le budget continuent de constituer un facteur d'insécurité non négligeable. Toutefois, à la mi-mai, les bons résultats des adjudications des bons du Trésor, malgré la retenue des investisseurs japonais, ont été à l'origine de sensibles baisses des rendements, soit de 0,4 point, de sorte que le rendement des titres d'Etat d'une durée de 30 ans est revenu au-dessous de 9%.

Emprunts en livres prisés

Le développement du loyer de l'argent en Europe a été dans ses grandes lignes identique à celui observé sur les marchés américains, le revirement de tendance au début du mois ainsi que les hausses passagères étant intervenus pratiquement en même temps. L'instabilité a été nettement plus prononcée sur le marché obligataire allemand; en fin de mois, les divergences politiques à propos de l'union monétaire et économique allemande a même fait grimper les rendements à leur niveau initial. En revanche, les emprunts libellés en livres sterling ont été très recherchés par les investisseurs. Bien que l'inflation - 9,4% en avril - ait continué de s'aggraver en Grande-Bretagne, le rendement des titres d'Etat à échéance éloignée s'est temporairement replié d'un point. Le marché a notamment profité du changement d'optique de Madame Thatcher, premier ministre, quant à une possible et prochaine adhésion de la Grande-Bretagne au Système monétaire européen.

Yen et marché obligataire: évolution parallèle

Le marché obligataire nippon, qui n'avait guère réagi aux récents et durables mouvements de hausse, a tiré parti, en mai, de la détente des marchés étrangers ainsi que de l'appréciation du yen sur les marchés des changes. Le rendement des titres d'Etat a reculé de 0,4 point à 7%. Le rapport étroit existant entre le rendement et le cours du change a été frappant: ces deux grandeurs ont en effet fluctué de la même manière. Par contre, la stabilité des taux du court terme indique que la Banque du Japon pratique une politique monétaire restrictive qu'elle maintiendra probablement à l'avenir.

Jours meilleurs pour le franc

La nette détente constatée sur le marché suisse de l'argent et des capitaux reflète dans une large mesure la reprise du franc par rapport au dollar américain et au mark allemand. La stabilité instaurée par la politique monétaire très restrictive de la Banque nationale suisse semble porter ses fruits en ce sens que les investisseurs s'intéressent à nouveau davantage au marché suisse, qui était resté dans l'ombre des développements internationaux depuis une année environ. En mai, les taux des eurofrancs pour les échéances allant d'un à douze mois se sont repliés d'un demi-point. De ce fait, la courbe d'intérêts ne s'est pas modifiée et la rémunération des placements à une année a été pour la première fois depuis 1989 inférieure à celle des dépôts libellés en dollars et en marks. Compte tenu du marché obligataire, la courbe "yield" est cependant demeurée très nettement inversée. En l'espace d'un mois, le rendement moyen des obligations de la Confédération a reculé de 0,4 point à 6,32% et les swaps à dix ans sur taux d'intérêt ont même dimuné de 0,7% point à 7,3%.

Il serait néanmoins prématuré de conclure à une tendance à la baisse du loyer de l'argent. En raison de la volatilité accrue des marchés étrangers, des influences négatives ne sont pas exclues. Par ailleurs, il faut attendre la réaction du marché à l'annonce du renchérissement de mai en Suisse qui, sous l'effet du relèvement des loyers, franchira une nouvelle fois la barre de 5%. Tant qu'une sensible accalmie sur le plan de l'inflation ne se fera pas sentir, la Banque nationale suisse n'aura aucun motif de desserrer le carcan monétaire.

Evolution généralement calme

La sérénité qui a caractérisé les marchés en avril les a encore influencés en mai. Les prix n'ont fortement oscillé que vers la fin du mois. Les spéculations faites sur les ventes soviétiques d'or ont maintenu le cours au-dessous de la barre des $ 370 l'once durant les derniers jours d'avril. Le métal jaune s'est ensuite rapidement repris au début mai en raison d'une vive demande physique et en réaction à la réduction des extractions de pétrole décidée par l'OPEP. La nouvelle selon laquelle le Fonds monétaire international renonçait momentanément à la liquidation des quotas d'or des pays débiteurs en défaut de paiement a contribué au soutien des cours. Une hausse durable a été contrariée par la diffusion d'informations relatives à de nouvelles ventes d'or soviétique, en dépit de la baisse du dollar et de signes prémonitoires d'une réduction des taux d'intérêt. Lorsqu'en fin de mois le platine s'est affermi par suite d'incidents en Afrique du Sud, l'or s'est redressé pour un temps. Soudainement, comme le mois précédent, du fait de ventes massives effectuées par un pays du Moyen-Orient, le repli a été brutal, ce dont le marché ne s'est que partiellement remis.

Au 31 mai, l'or a clôturé à $ 363.50 l'once, l'argent à $ 5.08 l'once et le platine à $ 489 l'once.

Franc suisse: (presque) comme au bon vieux temps

En mai, les bonnes nouvelles n'ont pas manqué: franc suisse (confiance retrouvée du marché dans la politique monétaire de la BNS, différentiel d'intérêt en faveur du franc, demande japonaise pour rembourser des emprunts), yen (besoin de récupérer le terrain perdu) et livre (spéculations sur son entrée dans le SME). Au sein du SME, l'envol de la lire italienne a également fait sensation. Profitant d'un afflux de capitaux induit par les taux d'intérêt, elle n'a pu être freinée qu'avec difficulté par l'abaissement du taux d'escompte et des interventions des banques centrales. En revanche, le mark , le franc français et le dollar ont fait preuve d'une relative faiblesse. La déclaration d'intention du ministre belge des finances de lier le franc belge au mark allemand a aussi retenu l'attention.

Effritement du dollar

Le dollar a évolué comme suit: Fr. 1.4620 le 2 mai, Fr. 1.3865 le 11, Fr. 1.4325 le 31. Les signes de reprise économique aux Etats-Unis et les craintes de recrudescence de l'inflation ont cédé la place en mai à une impression de tassement de la conjoncture, s'accompagnant d'un essoufflement des prix. En particulier, les chiffres médiocres de l'emploi et le recul surprise de l'indice des prix à la consommation en avril ont relégué au second plan les spéculations relatives à un tour de vis de la politique monétaire du Fed. Conformément à cette réévaluation des perspectives conjoncturelles et de la structure des taux d'intérêt, les adjudications du Trésor américain ont connu un succès inattendu, alors que le dollar perdait du terrain. Il devait cependant se raffermir dans la seconde quinzaine, sauf contre le yen, malgré un déficit commercial atteignant $ 8,4 milliards en mars. Dans son mouvement de redressement, le billet vert a bénéficié du nouveau record établi à Wall Street, du maintien inchangé de la politique monétaire restrictive du Fed et des incertitudes quant à l'évolution économique et politique dans les pays de l'Est.

Mark allemand délaissé

Le mark cotait 1.6905 par dollar le 2 mai, 1.6260 le 11, 1.6990 le 31. Par rapport au franc suisse, il se négociait à 86.63 pour cent unités le 2 mai et à 84.23 le 31. L'inquiétude suscitée par le coût financier et les problèmes économiques de la réunification allemande a pesé sur le mark, qui avait pourtant montré quelques velléités haussières initialement. Par ailleurs, la défaite de la CDU lors des élections dans les Länder de Basse-Saxe et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et les réserves du SPD concernant le Traité d'Etat négocié avec la RDA ont également effrayé les investisseurs.

Retour du yen

Le yen s'échangeait à 158.46 par dollar le 2 mai, 158.94 le 4, 149.25 le 25, 152.45 le 31. L'amélioration des facteurs fondamentaux a permis au yen, fortement attaqué depuis le printemps 1989, d'effectuer en mai un redressement depuis longtemps en souffrance vis-à-vis du dollar et des monnaies européennes. Durant la période sous revue, la monnaie nippone et la Bourse de Tokyo ont haussé en alternance, avant que des prises de bénéfices ne se chargent en fin de mois de corriger les cours.

L'inflation a atteint son sommet en mai

En avril 1990, l' indice national des prix à la consommation a progressé de 0,2% à 120,2 points (décembre 1962 = 100). Cela est dû uniquement à la hausse modérée des prix des groupes denrées alimentaires (+0,8%) et transports et communications (+0,3%). Comme le prix de l'huile de chauffage a une fois de plus fléchi en avril, l'indice du groupe chauffage et éclairage a diminué de 0,6%. Le renchérissement annuel a reculé à 4,6% après s'être élevé à 5% en mars. Le taux d'inflation avoisinera 5,3% en mai en raison du recensement semestriel des loyers. De ce fait, l'inflation devrait atteindre un point culminant car, ces prochains mois, la solidité du franc suisse contribuera a tempérer le coût des importations.

L' indice des prix de gros a également progressé de 0,2% à 183,5 points (1963 = 100) en avril. La hausse des prix des groupes biens de consommation (+0,3%) et matières premières et produits semi-finis (+0,2%) a été déterminant. En revanche, l'indice des produits énergétiques et connexes a enregistré un léger recul (-0,1%). D'une année à l'autre, les prix de gros ont augmenté de 1,5%.