L'économie suisse en été 1990
Nouveau souffle grâce à la demande intérieure
Alors que l'activité a un peu marqué le pas au deuxième trimestre, les entreprises industrielles prévoient une accélération de l'entrée des commandes au troisième trimestre. La production et l'utilisation des capacités de production devraient se maintenir à leur niveau élevé. A moyen terme, l'ouverture de l'Europe de l'Est à l'économie de marché pourrait stimuler les ventes.
Industrie:
Pour les entrées de commandes, les prévisions sont plus
optimistes pour les troisième et quatrième trimestres. Par ailleurs, la
pression des coûts devrait se relâcher.
Construction:
Malgré un fléchissement des ordres, l'activité sera
meilleure au troisième trimestre qu'en 1989 à pareille époque.
Commerce De Détail:
Vu la hausse des prix à l'achat et à la vente, les
gros distributeurs prévoient une progression des ventes.
Tourisme:
La majorité des directeurs de station consultés compte sur un
nombre de nuitées plus élevé qu'en été 1989.
Expansion des commandes à l'industrie
La croissance a ralenti quelque peu dans l'industrie suisse
au deuxième
trimestre
. A fin juin, dans les 200 entreprises interrogées les principaux
indicateurs que sont l'entrée des commandes, les ventes et la production
étaient certes notablement supérieurs à leur niveau de l'année précédente à
pareille époque, mais comparativement au premier trimestre 1990, les
entreprises ayant annoncé une amélioration étaient un peu moins nombreuses que
celles déclarant une détérioration. L'évolution effective a été dans l'ensemble
conforme aux prévisions de mars. C'est uniquement sur le plan des commandes de
l'étranger qu'elle a été nettement plus mauvaise qu'escompté il y a trois mois
encore. Avec 89,4%, l'utilisation moyenne des capacités de production au
deuxième trimestre a été de l'ordre de celle des trois premiers mois de 1990.
D'une année à l'autre, elle s'est
accrue de 0,6%. En outre, les effectifs ont augmenté aussi bien par rapport au
premier trimestre 1990 que par rapport au deuxième trimestre 1989.
Les perspectives sont bonnes pour le
troisième trimestre
. En comparaison
annuelle, près de la moitié des entreprises consultées attendent davantage de
commandes, la majeure partie de Suisse. Egalement en ce qui concerne les ventes
et la production les pronostics sont optimistes, puisque 52% des chefs
d'entreprise prévoient un accroissement de la production et 60% une
augmentation des ventes.
Cette évolution favorable devrait se poursuivre
au quatrième trimestre
.
Seul un sixième des entreprises attend une véritable amélioration de la marche
des affaires, alors que plus de 70% sont d'avis que l'évolution qui se dessine
pour le troisième trimestre se poursuivra les trois derniers mois de l'année.
Comme d'habitude, l'évolution diverge d'un secteur à l'autre. Les industries des machines, du papier, du bois et du meuble font état de chiffres d'affaires supérieurs à la moyenne de l'ensemble des branches pour le deuxième trimestre 1990. Pour les deux derniers secteurs, la production et les commandes ont aussi fortement augmenté. Les ventes et les ordres en carnet de la métallurgie et de l'alimentation sont inférieurs à la moyenne. Néanmoins au vu de ces données, cette dernière branche prévoit une nette amélioration pour le troisième trimestre.
Ordres suisses plus nombreux
Dans notre enquête de mars, les chefs d'entreprise escomptaient un ralentissement sensible des ordres suisses et étrangers. Cependant ce recul a été étonnement fort. Le solde net entre les annonces de progression et de recul a diminué de 17 points en trois mois. La forte contraction des commandes étrangères et le léger recul des ordres suisses en sont les causes principales. Une vive reprise est escomptée pour les commandes indigènes au troisième trimestre, mais pour les demandes de l'étranger la croissance se poursuivra au faible rythme du deuxième trimestre.
Production, réserve de travail et emploi supérieurs à 1989
La production qui s'était déjà accrue de 8% en moyenne les trois premiers mois de 1990 sur 1989 a également été supérieure à celle de mars-juin 1989 pour 43% des entreprises consultées. Malgré la forte expansion de la production, à fin juin 1990, 27% d'entres elles faisaient état d'une réserve de travail plus importante en comparaison annuelle. Elle était même nettement plus élevée que celle prévue il y a trois mois.
Pour le troisième trimestre, aucune régression sensible n'est attendue, 42% des entreprises comptant sur une augmentation de leurs ventes sur 1989 et 24% sur une réserve de travail supérieure.
Amélioration des capacités de production et de l'emploi
Au deuxième trimestre, l'utilisation moyenne de l'appareil de production s'est établie à 89,4%, soit 0,6% de plus qu'un an auparavant. Au cours des trois derniers mois, 13% des entreprises ayant participé au sondage ont augmenté leurs effectifs. D'une année à l'autre, ce sont finalement 29% d'entre elles qui les ont renforcés. Bien que l'assèchement du marché de l'emploi doive persister au troisième trimestre 1990, 12% des entreprises envisagent d'engager encore des collaborateurs.
Progression plus lente des ventes et des prix
En comparaison annuelle, au deuxième trimestre, 49% des entreprises font état (premier trimestre: 61%) d'un meilleur développement des ventes globales et 33% (45%) d'un accroissement des exportations. Alors qu'à fin mars 1990 les stocks de produits finis étaient comparables à ceux de mars 1989, à fin juin ils excédaient pour 18% des entreprises ceux d'un an auparavant à pareille époque. La progression des prix de vente a également ralenti. Si en mars encore 67% des entreprises annonçaient avoir relevé leurs prix de vente, elles n'étaient plus que 59% en juin.
Toutefois, la hausse des prix se poursuivra au troisième trimestre vu que 8% des participants à l'enquête prévoient des majorations les trois prochains mois. Ainsi plus de la moitié tablent sur des chiffres d'affaires globaux supérieurs et deux cinquièmes sur une expansion des exportations.
Relâchement de la pression des coûts en vue
De janvier à juin, plus des deux tiers des entreprises ont enregistré un alourdissement des charges salariales de 3 à 6% par collaborateur. Une entreprise sur sept en a même annoncé un de plus de 6%. Pour les matières premières et les produits semi-ouvrés quatre entreprises sur dix ont enregistré des augmentations de 0 à 3% et plus de la moitié entre 3 et 6%.
Pour le second semestre, un relâchement de la pression exercée par les coûts est envisagé. Les trois quarts des entreprises escomptent que les charges salariales par collaborateur et le prix des matières premières et des produits semi-ouvrés ne devraient pas augmenter de plus de 3%. Seul un cinquième s'attend à un alourdissement des coûts entre 3 et 6%.
Investissements peu affectés par les taux d'intérêt élevés
Le niveau des taux d'intérêt suisses n'affecte guère l'environnement conjoncturel favorable. Près de 80% des chefs d'entreprise consultés sont d'avis que l'ampleur des frais financiers n'a aucune influence sur leurs projets de construction et leurs investissements d'équipement. Seule une entreprise sur six prévoit une légère réduction de ses investissements imputable aux taux d'intérêt actuels.
Ventes stimulées par les chamboulements à l'Est
Les changements en Europe de l'Est devraient avoir un effet bénéfique sur l'évolution des ventes à moyen terme. Seulement 13 entreprises, soit 2%, escomptent une nette animation des ventes pour 1990 déjà, et ceci pour autant que la mutation vers une économie de marché se poursuive. En revanche, 9% des entreprises chimiques pensent pouvoir en tirer un grand profit cette année déjà. Pour 1991, 50 des entreprises consultées, soit 5%, tablent sur un effet stimulant plus ou moins important. Pour 1992, ce sont 57 d'entre elles, soit 15%, qui pensent voir une forte expansion des ventes vers l'Est. L'industrie des machines en attend une impulsion plus vive aue les autres branches. Dans ce secteur, 13% envisagent une vive animation pour 1991 déjà, et 36% pour 1992.
Situation et prévisions dans divers secteurs
Construction: production plus élevée, mais recul des ordres
Selon la comptabilité nationale, les prestations se sont accrues de 5% en
termes réels au
premier trimestre
, alors que le renchérissement dans la
construction s'élevait à 6%. Compte tenu des bonnes conditions atmosphériques,
l'activité du gros oeuvre s'est notablement animée. Selon une enquête faite par
la Société suisse des entrepreneurs, les ordres ont progressé de 12% en valeur
au premier trimestre en comparaison annuelle. A relever que l'augmentation a
été plus vive dans le secteur commercial et industriel (+17%) que pour les
logements (+5%). Au début avril, la réserve de travail était de ce fait de 3%
supérieure dans le premier secteur et de l0% inférieure dans le deuxième
secteur sur 1989. A fin mars, 152'600 personnes étaient employées dans la
branche, soit 2% de plus en comparaison annuelle.
Au
deuxième trimestre
, l'évolution en sens opposé de la demande dans les
secteurs s'est poursuivie. Parmi les quarante entrepreneurs interrogés, 29% ont
annoncé un recul de l'entrée des commandes dans le bâtiment d'une année à
l'autre. Dans le génie civil, en revanche, 12% des entreprises consultées ont
enregistré une augmentation de leurs ordres par rapport au deuxième trimestre
1989. Malgré la nouvelle amplification du volume de constructions, la réserve
de travail était supérieure à celle d'un an aupravant pour 11% des
entrepreneurs. Entre mars et juin, les prix ont haussé dans deux tiers des
entreprises et reculé dans un quart d'entre elles.
Pour le
troisième trimestre
, le bâtiment, dont 32% des firmes escomptent
un recul de l'entrée des commandes et 18% seulement un accroissement, ne
s'attend plus à une notable contraction des ordres. Dans le génie civil, en
revanche, les entrepreneurs craignent un fléchissement des mandats confiés en
comparaison annuelle. Cependant, l'activité devrait être plus vive dans les
deux secteurs qu'au troisième trimestre 1989. De juin à
septembre, seule une entreprise pronostique une hausse des prix. Dans la
plupart des autres établissements, les prix demeureront stables et un tiers
d'entre eux prévoit un recul. Au premier semestre, la capacité bénéficiaire
s'est améliorée dans 16% des entreprises consultées et s'est détériorée pour
8%. Pour le second semestre se dessine une augmentation pour 10% et une
dégradation pour 26%.
Commerce de détail: augmentation des ventes et marge brute plus élevée
Selon notre enquête trimestrielle, la quasi-totalité des gros distributeurs ont enregistré une expansion de 2-4% en moyenne de leurs chiffres d'affaires par rapport à juin 1989. Au cours du premier semestre, l'évolution des ventes a généralement répondu à l'attente, les chiffres obtenus étant même supérieurs aux prévisions pour 50% des entreprises. Dans l'alimentation, plus de deux tiers des participants à notre enquête ont même réalisé de meilleurs résultats qu'escompté. Cependant, les chiffres d'affaires du textile et de l'habillement, ainsi que des articles ménagers ont été généralement inférieurs aux prévisions. Au deuxième trimestre, les prix de revient ont haussé dans tous les secteurs sur janvier-mars, à l'exception du textile et de l'habillement. Au troisième trimestre, cette tendance s'atténuera. La plupart des gros distributeurs interrogés tablent en général sur des prix de revient stables par rapport à avril - juin. Seul un tiers d'entre eux prévoit de nouvelles majorations de prix dans l'alimentation notamment. En revanche, un fléchissement est escompté dans le textile et l'habillement.
Au cours des trois prochains mois, les prix de vente moyens devraient néanmoins continuer à hausser pour la quasi-totalité des participants à l'enquête, la progression la plus notable étant prévue dans le secteur alimentation, boissons et tabac. Par conséquent, tous les gros distributeurs interrogés envisagent une expansion de leurs chiffres d'affaires globaux au troisième trimestre par rapport à la période correspondante de 1989.
Pour toute l'année, ils pronostiquent également une augmentation des chiffres d'affaires. S'ils sont unanimes sur une amélioration par rapport à 1989 dans l'alimentation, les boissons et le tabac, 20% des entreprises prévoient une stagnation dans le secteur non alimentaire. En dépit de la progression des prix de revient, 50% des gros distributeurs s'attendent à une marge bénéficiaire plus élevée et 50% à une marge inchangée, vu la perspective de hausse des prix de vente moyens.
Tourisme: nombre plus élevé de hôtes attendu
Selon les résultats de l'enquête de juin, l'évolution de la saison d'été (mai-octobre) est jugée de manière légèrement plus optimiste qu'en mars dernier. Parmi les 49 directeurs d'office du tourisme interrogés, plus de la moitié s'attend à une augmentation du nombre d'hôtes et un tiers à un nombre inchangé. Dans la parahôtellerie, la majorité des personnes consultées ne prévoit aucune modification de l'évolution. Les taux de croissance escomptés oscillent de 1 à 8%, mais dans la plupart des cas de 2 à 3%. A relever que les touristes suisses et étrangers contribuent à parts égales à ce résultat. Cependant, quelques différences sont constatées d'une région à l'autre. Ce sont surtout les directeurs d'office du tourisme de l'Oberland bernois, du bassin lémanique, de la Suisse orientale, du Tessin et des Grisons qui font montre d'optimisme. Dans les cantons de Fribourg, Neuchâtel, Jura et du Valais, ainsi qu'en Suisse centrale, ce sont les annonces d'une évolution inchangée qui prédominent.
En ce qui concerne les vacanciers de Suisse, d'Allemagne fédérale, des Etats-Unis et d'Italie, la plupart des directeurs d'office du tourisme escompte une augmentation des nuitées sur 1989. Ce sont les représentations théâtrales de la Passion du Christ de cette année à Oberammergau qui expliquent ces prévisions optimistes, manifestations grâce auxquelles les voyages en Europe présentent un attrait supplémentaire pour les ressortissants des Etats-Unis. Les actions publicitaires en Suisse et à l'étranger, ainsi que l'engouement plus marqué pour les vacances en montagne compte tenu des problèmes écologiques des stations balnéaires ont eu une influence positive sur le tourisme. Le franc suisse fort, qui accentue le penchant des Suisses de se rendre à l'étranger, pourrait néanmoins exercer un effet négatif. L'orientation à la baisse du mark, ainsi que l'intérêt aux voyages dans les pays de l'Est sont susceptibles d'entraîner un tassement des nuitées des hôtes d'Allemagne fédérale notamment.
BERD -- quo vadis ?
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement de l'Europe de l'Est devrait entrer en activité au printemps 1991. Bien que quelques questions en rapport avec la politique d'affaires restent encore en suspens (conditions de prêt, niveau des risques, assistance technique en matière économique), la BERD constitue une importante contribution "au progrès et à la reconstruction économique des pays d'Europe centrale et orientale".
C'est en novembre 1989 que le gouvernement français a soumis le projet d'une banque européenne destinée à venir en aide aux pays d'Europe de l'Est. Après plusieurs réunions constitutives infructueuses, les représentants sont parvenus à s'entendre sur les points principaux en avril 1990. Le traité de création de la BERD a été signé le 29 mai par les 40 pays fondateurs, la Commission européenne et la Banque européenne d'investissement (BEI). Les parlements des 40 pays ont jusqu'au 31 mars 1991 pour le ratifier.
Tâches et organisation
La BERD a pour objet de favoriser la transition de l'économie dirigée des pays d'Europe de l'Est, y compris l'Union Soviétique, vers une économie de marché en accordant des crédits et une ample assistance technique. Lors de la définition des tâches seront mises à profit les expériences faites par les institutions internationales de développement. Les prêts de la BERD doivent être octroyés selon les critères suivants: Tout d'abord, les demandeurs doivent prouver leur volonté de procéder à des réformes. Ainsi, le concept d'ajustement structurel, lié à des conditions, tel que l'ont élaboré les institutions de Bretton Woods pour les pays en développement, doit être appliqué dès le début. Ensuite, 60% des prêts doivent être accordés au secteur privé, alors que 40 % au plus seront consacrés à des institutions étatiques et destinés essentiellement à financer l'infrastructure et la protection de l'environnement. Enfin, une assistance technique étendue de la BERD accompagnera le processus de réforme.
Le capital de la BERD s'élève à 10 milliards d'écus. Les parts des divers Etats peuvent être aussi versées en dollars et en yens à un taux fixe. En comparaison de la Banque mondiale ou des banques régionales de développement, la dotation en capital est relativement modeste. Il est prévu que 30% du capital de la BERD seront versés au cours des cinq premières années et que 70% seront tenus à disposition. Les douze membres de la CE (auxquels s'ajoutent la Commission européenne et la BEI) détiennent 51% du capital. L'Allemagne fédérale, la France, l'Italie, la Grande-Bretagne et le Japon y participent chacun à raison de 8,5%. Les Etats-Unis sont le principal actionnaire avec 10%. L'URSS assure une part de 6%. Durant trois ans, le volume des prêts à l'Union soviétique ne pourra pas dépasser la part de capital mise à disposition par ce pays. Par cet engagement, la demande de crédit se limitera temporairement surtout aux principales économies d'Europe orientale. La part de capital de la Suisse est de 2,28%.
La gestion de la BERD est assurée par un Conseil de 23 administrateurs au sein duquel les petits Etats auront à se partager un siège. Ainsi, la CE n'aura pas de droit de décision exclusif. Des résolutions importantes, telle qu'une augmentation de capital, exigent une majorité qualifiée. La BERD occupera, au début, quelque 500 personnes et il est prévu de porter plus tard l'effectif à 1000 collaborateurs. Londres a été choisi comme siège de l'organisation. M. Jacques Attali, conseiller spécial de M. François Mitterrand, a été élu président de la banque.
Pourquoi une banque pour l'Europe de l'Est?
La question de sa raison d'être est pour ainsi dire superflue, compte tenu des tâches écrasantes qui l'attendent. Il existe sans conteste, de la part de l'Europe orientale, une forte demande potentielle de crédit et d'assistance technique. Les détracteurs de la BERD soulignent cependant, à juste titre, que la Banque mondiale et plus particulièrement la Société financière internationale (SFI) exercent déjà, dans une large mesure, les fonctions prévues de la BERD. De même, les modifications souhaitées dans la politique commerciale, par exemple la clé de répartition 60/40 pour cent, pourraient être réalisées par une adaptation correspondante des statuts des deux institutions de Washington.
Les deux institutions de développement existantes n'ont pas, dans le passé, empêché la création de banques régionales de développement. Par ce moyen, l'inconvénient de l'extrême centralisation de la Banque mondiale (moins de 10% des effectifs sont occupés hors de Washington) a pu être écarté. La prise de conscience des avantages de structures régionales s'est plutôt affermie depuis la création de banques régionales de développement, même si certaines critiques à l'égard de la politique commerciale et du management des établissements régionaux paraissent justifiées.
Le fait que la question d'une prise en charge des fonctions d'une banque pour l'Europe de l'Est par la Banque mondiale ne se pose même pas tient cependant aux modifications du poids politique des acteurs principaux. La position prédominante des Etats-Unis, incontestée depuis la conclusion des accords de Bretton Woods, a fait que jusqu'à ce jour la politique du groupe de la Banque mondiale a été influencée de façon déterminante par cette grande puissance. Aujourd'hui, cette hégémonie ne correspond plus à la configuration internationale. Une restructuration du capital de la Banque mondiale ne serait pourtant guère vouée au succès, ainsi qu'en témoignent les récentes discussions concernant une augmentation limitée de la part du Japon et une réduction de celle de la Grande-Bretagne. C'est pour cette raison que le projet de loi soumis par deux sénateurs américains de domicilier la BERD auprès de la Banque mondiale n'a pas été soutenu par Washington.
Outre la Banque mondiale, la BEI à Luxembourg, qui exerce la fonction de banque régionale des pays membres de la CE, serait également un noyau idéal auquel pourraient être rattachées les fonctions d'une banque pour l'Europe de l'Est. En tant que banque de développement sans but lucratif, la BEI accorde des prêts pour le financement d'investissements destinés à contribuer à un développement intercommunautaire équilibré. Le financement est assuré en majeure partie par l'émission d'emprunts sur le marché des capitaux. Conformément aux statuts, la BEI, en tant qu'institution communautaire de la CE, doit adapter en permanence son activité aux priorités de la politique commune et aux besoins des pays membres.
Cette orientation de la politique d'affaires, alliée à la grande expérience en matière de développement régional en Europe occidentale et à sa participation à l'aide au développement (la Yougoslavie, par exemple, a reçu 520 millions d'écus de la BEI entre 1977 et 1988), "prédisposerait" la BEI à assumer les fonctions de banque de développement pour l'Europe de l'Est. Certaines lacunes, par exemple en ce qui concerne la promotion d'entreprises, que la BEI pratique certes,-- mais pas dans la mesure souhaitable pour l'Europe de l'Est ni dans l'assistance technique -- pourraient être comblées par un renforcement de ses effectifs. Le cas échéant, la BEI pourrait profiter aussi de l'expérience de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui, tout récemment, a complété ses activités par l'assistance technique aux nations d'Europe orientale.
Le fait que la BEI ne saurait cependant être considérée sérieusement comme noyau potentiel d'une banque pour l'Europe de l'Est, ni par des Européens, ni par des non--- Européens, tient à son statut de pure institution communautaire et qui doit aussi le demeurer. Un droit d'intervention des Etats-Unis ou du Japon au sujet du développement du Portugal ou de la Grèce n'est pas souhaité. En revanche, une telle intervention est la bienvenue en ce qui concerne le développement de l'Europe de l'Est. On peut toutefois que regretter l'existence de deux banques européennes de développement, qui confortent ainsi l'ancien partage de l'Europe sur le plan institutionnel.
Perspectives
La CE aurait pu, sans problèmes majeurs, ouvrir la BEI aux Etats de l'Europe de l'Est (sans l'Union Soviétique). L'intérêt des Soviétiques pour des crédits occidentaux a fermé toutefois cette possibilité. Un contrepoids économique et politique vis-à-vis de l'Union soviétique -- par la participation de partenaires non européens d'envergure -- était devenu nécessaire. La création de la BERD est, de ce fait, la conséquence logique d'une situation géopolitique, bien que, du point de vue technique, la prise en charge par la BEI aurait permis un flux plus rapide de capitaux vers l'Europe de l'Est.
Cette situation prouve que, dans les conditions actuelles, une institution paneuropéenne englobant l'Union Soviétique sans participation transatlantique, n'est guère réalisable. Une communauté paneuropéenne n'est pas pensable dans un proche avenir. Pour cela, l'importance économique de l'Union Soviétique et certainement son poids politique sont trop grands pour être intégrée dans une "Communauté européenne au sens large". Dans l'optique actuelle, une "maison commune", avec la participation de l'URSS, n'est envisageable que sous réserve de deux scénarios d'évolution: Le processus d'unification politique des douze Etats de la CE a progressé à tel point qu'il rend possible le rattachement à l'Europe du géant soviétique ou bien l'URSS, bloc encore aujourd'hui monolitique, se désagrège en diverses républiques autonomes à même de faire valoir leurs intérêts dans une entité paneuropéenne.
Prochainement, tous les pays d'Europe orientale, qui n'ont pas jusqu'ici adhéré aux institutions de Bretton Woods, devraient demander à faire partie du FMI et de la Banque mondiale. Cette adhésion leur permettra de disposer de trois sources importantes de capitaux -- y compris la BERD -- afin d'assurer financièrement leur politique réformiste. A cela s'ajoute le nouveau programme de financement créé par la Banque mondiale: l'Association multilatérale de garantie des investissements (AMGI), destinée à encourager les investissements étrangers dans les pays membres de la banque, et l'Expanded Cofinancing Operation (ECO), pour compléter les propres financements du secteur privé à l'aide de fonds de la Banque mondiale.
L'expérience avec les PVD prouve cependant que l'esprit d'entreprise est difficile à insuffler à court terme. Après quarante années d'économie planifiée, la situation devrait être analogue en Europe de l'Est. Si, par ailleurs, la BERD devait jouer le rôle de prêteur en dernier recours (ainsi que le prévoient par exemple les statuts de la Banque mondiale) et si elle devait confier aux banques commerciales le financement de participations et l'octroi de crédits commerciaux, son potentiel d'activité serait encore plus restreint. Il est par conséquent probable qu'une part importante des crédits sera accordée au secteur public ou à des coopératives semi-étatiques et non pas, comme prévu à l'origine, au secteur privé. Les conditions de crédit de la BERD devraient être analogues à celles de la SFI, mais les dispositions détaillées ne sont pas encore connues. A ce sujet, l'assistance technique en matière économique jouera un rôle capital. Espérons que l'accès facilité aux ressources financières indispensables accélérera les ajustements structurels en Europe de l'Est, sans voir se répéter la douloureuse expérience faite avec les PVD.
Le premier fonds Short Term UBS de droit luxembourgeois
La palette des fonds de placement UBS de droit luxembourgeois ne cesse de s'élargir. Après la création de quatre fonds spécifiques en instruments du marché monétaire et de UBS Bond Invest-Ecu, l'Union de Banques Suisses (Luxembourg) S.A., banque dépositaire, et Intrag International Short Term Invest, directrice du fonds, lancent à la mi-juillet le premier fonds spécifique de droit luxembourgeois axé sur le court terme, UBS Short Term Invest-DM. A l'instar de tous les autres fonds luxembourgeois il s'agit d'un multifonds destiné cette fois aux investissements en papiers du marché monétaire et en obligations de courte durée (3 ans au maximum). UBS Short Term Invest-DM offre à un large cercle d'investisseurs la possibilité de participer aux marchés de l'argent et des capitaux allemands. De par l'ouverture économique et politique de l'Europe de l'Est, les placements en marks allemands déjà très intéressants aujourd'hui renferment encore un potentiel de plus-values. Le nouveau fonds est par ailleurs une alternative attrayante pour les opérateurs déjà présents sur ces marchés.
L'objectif de placement consiste à réaliser un revenu élevé permanent en
observant les critères sécurité du capital, stabilité et larges
disponibilités. Pour le réaliser, la fortune du fonds sera placée selon le
principe de la répartition des risques tout en attachant un soin particulier à
la qualité des débiteurs et à une structure du portefeuille tenant compte de la
concordance des échéances. La fortune du fonds est investie principalement en
instruments du marché monétaire dont la part ne doit pas dépasser 49%, en
titres de créance, en obligations, en "notes" et autres titres assimilables de
débiteurs publics, privés et d'économie mixte. Leur durée (résiduelle) ne devra
pas excéder trois ans. Les parts d'un fonds spécifique peuvent en tout temps et
sans déduction d'une commission être converties en parts d'un autre fonds
spécifique à créer ultérieurement et faisant partie du même multifonds.
L'acquisition des parts
est exonérée
du droit de timbre fédéral d'émission
de 0,9%.
La première émission aura lieu du 11 au 18 juillet 1990 au prix de DM 500.- la part (souscription minimale 10 parts) commission d'émission de 0,3% et, le cas échéant, droits de négociatioon en sus. Passé la première émission, le prix d'émission s'aligne sur la valeur d'inventaire nette de la part. C'est également sur cette base que se fera le rachat et la conversion de parts. Les souscriptions et les ordres d'achats ultérieurs sont reçus par l'Union de Banques Suisses (Luxembourg) S.A., l'Union de Banques Suisses, Zurich, et ses succursales et banques affiliées dans le monde entier (sauf aux Etats-Unis).
Chronique boursière
Placements en francs suisses attrayants
Le net raffermissement du franc suisse vis-à-vis des principales monnaies a permis de stabiliser les taux des eurofrancs à court terme dans la zone des 8,5-9% depuis début mai. Même si les placements en instruments du marché monétaire restent attrayants, il convient d'opérer progressivement des transferts de positions, en obligations également, du fait que la demande accrue sur le marché des capitaux ne rencontre qu'une offre étroite. La décélération de l'inflation devrait, en outre, insuffler encore une certaine vigueur au marché obligataire. On mettra l'accent sur les durées moyennes.
La Bourse suisse est sortie de sa léthargie en mai. Ce retournement de tendance a été favorisé par le regain de fermeté du franc et par la stabilisation - à un niveau élevé toutefois - des taux d'intérêt. Le gonflement du volume des échanges est attribuable avant tout à la forte demande étrangère. Les secteurs suivants sont particulièrement intéressants et devraient obtenir de meilleurs résultats que le marché global à moyen et long terme.
Traditionnellement sensibles à l'évolution des taux d'intérêt, les
valeurs
bancaires
vont décoller en bénéficiant de la légère détente attendue des taux
du court et du long terme au second semestre 1990. La préférence ira aux titres
des grandes banques, bien diversifiés et à forte valeur intrinsèque.
Au premier trimestre 1990, les commandes dans
l'industrie mécanique
ont
augmenté de 15% environ d'une année à l'autre, preuve que cette branche n'a
encore rien perdu de son dynamisme. S'établissant à 7,3 mois, la réserve
moyenne de travail est légèrement supérieure à celle enregistrée fin 1989. La
part des exportations vers la CE a atteint 61%, soit un nouveau niveau record.
Les entreprises suisses du
secteur pharmaceutique et de la chimie
bénéficient toujours de la bonne conjoncture mondiale. En revanche, les
relations de change (surtout avec le dollar et le yen) devraient évoluer au
détriment des multinationales dans le courant de l'année. Compte tenu de cycles
de produits toujours à leur avantage, nous prévoyons cependant une expansion
supérieure à la moyenne ces prochaines années, surtout dans le secteur
pharmaceutique.
Les valeurs du
secteur alimentation
ont un bon
potentiel de plus-values. Nous accordons toutefois la préférence aux sociétés
répondant aux critères suivants: solides parts de marché, produits bien
commercialisés, croissance stable, marges brutes d'autofinancement élevées.
Le boom dans la
construction
en Europe stimule la performance des titres
des sociétés de niveau international de ce secteur. En revanche, les
entreprises axées sur le marché national auront à pâtir du fléchissement de la
demande généré par le loyer élevé de l'argent. Les valeurs des entreprises de
transport et celles du secteur de l'approvisionnement en énergie ne présentent
actuellement qu'un intérêt secondaire.
Marchés de l'argent et des capitaux
Nouvelle détente sur le franc suisse à long terme
A quelques exceptions près, la structure mondiale de l'intérêt n'a pas subi de modification de tendance en juin. Les taux du court terme se sont stabilisés à un niveau élevé, reflétant ainsi la politique monétaire toujours restrictive des banques centrales. Les marchés obligataires ont fait preuve d'un peu plus d'animation, mais sans uniformité dans les mouvements. C'est ainsi que la rémunération des titres d'Etat a fluctué au-dessous de 8,5% aux Etats-Unis, pour s'orienter légèrement à la hausse en Allemagne fédérale et au Japon. En revanche, la détente amorcée sur les marchés des capitaux suisse et britannique s'est poursuivie à un rythme accéléré.
Etats-Unis: indicateurs conjoncturels contradictoires
L'annonce, au tout début de juin, de l'extrême faiblesse des créations d'emploi a conforté les doutes quant à la robustesse de l'économie américaine et nourri, par ailleurs, les espoirs de décélération de l'inflation et d'assouplissement de la politique monétaire. Dès le premier jour d'ouverture, le rendement des bons du Trésor a accusé de ce fait une baisse de 0,2 point. La Réserve fédérale ne s'est toutefois pas laissé décontenancer par ce mauvais indicateur et a maintenu son cours moyennement restrictif. Par la suite, le rendement a plafonné au dessous de 8,5%. Il n'a dépassé accessoirement ce niveau que lorsque la croissance du PNB au premier trimestre, révisée à la hausse, a été connue.
Rendements attrayants en marks allemands
Les rendements obligataires se sont encore légèrement raffermis en juin sur le marché allemand des capitaux, alors que les taux du court terme sont demeurés relativement stables. Abstraction faite du léger repli du mark sur le marché des changes, rien ne prédisposait à ce nouveau renchérissement du loyer de l'argent. Comme prévu, les deux parlements allemands ont ratifié le Traité d'Etat instaurant l'union monétaire le 1er juillet. On ne peut toutefois pas en déduire de nouvelles connaissances quant à l'inflation et au besoin de capitaux. Les autres marchés financiers européens n'ont pas suivi le marché obligataire allemand et sont restés stables. Une fois de plus, le marché obligataire britannique a fait cavalier seul avec des rendements en repli d'un bon demi-point en juin, malgré une inflation ayant grimpé à 9,7% en mai.
Revirement au Japon
Favorablement orientés en mai, les marchés financiers ont subi un mouvement de bascule en juin, s'accompagnant d'un recul des actions, de l'affaiblissement du yen et du passage des rendements obligataires au-dessus de la barre des 7%. Si certains facteurs politiques et la croissance économique étonnamment forte au premier trimestre expliquent en partie cette poussée de fièvre, la Banque du Japon n'en a pas moins joué un rôle déterminant en voulant maintenir les taux du court terme, mais aussi les rendements du marché des capitaux, à un niveau élevé. La politique monétaire restera pour le moment restrictive en vue d'éviter les risques de surchauffe, d'éliminer les foyers d'inflation et de raffermir le yen.
La BNS maintient le cap
La Banque nationale suisse (BNS) s'en tient aussi à sa politique de l'argent cher. On le constate, d'une part, à la tendance au dégonflement de la monnaie de banque centrale, qui reste de plus en plus en retrait de l'objectif d'expansion de 2% annoncé en décembre 1989. Bien que la contraction résulte ici surtout de la diminution de la circulation des billets due aux taux d'intérêt, les avoirs en compte de virements, essentiels pour l'approvisionnement des banques en liquidités, tendent également à baisser. Mais ce cours restrictif se reconnaît aussi, d'autre part, aux taux toujours élevés du court terme, malgré la fermeté du franc, avec un loyer de l'argent au jour le jour oscillant à près de 9% et un taux des avances sur nantissement de 11%.
En revanche, la baisse des rendements sur le marché des capitaux se poursuit, bien qu'assortie de fluctuations quotidiennes considérables. Le dernier emprunt de la Confédération à 6 1/2% s'est adjugé au prix d'émission de 101%, soit un rendement de 6,35%. Les perspectives d'un succès à moyen terme de la BNS dans sa lutte contre l'inflation et la décélération déjà enregistrée en mai devraient avoir stimulé le marché. L'assurance de rendements élevés comme motif de placement perdra de ce fait bientôt de son intérêt, d'autant que la marge de manoeuvre baissière est déjà limitée. Compte tenu de la relative étroitesse prévisible du marché, le non-renouvellement ou le remboursement des emprunts étrangers arrivés à échéance ou résiliables, surtout de débiteurs japonais, pourrait éventuellement réduire l'écart des rendements entre les segments national et étranger du marché suisse des capitaux.
Nouvel accès de faiblesse
Durant la première quinzaine de juin, la tendance à la baisse s'est maintenue aussi bien pour l'or que pour l'argent. Cette prédisposition au repli était due surtout à des ventes physiques et aux craintes de ventes futures de la part de l'Union soviétique. Les opérations swap effectuées en vue de procurer des liquidités n'a augmenté l'offre de métal jaune que passagèrement. Les supputations selon lesquelles l'URSS serait contrainte de vendre davantage à l'échéance des swaps ont affecté une fois de plus les cours. Un second facteur négatif: certaines ventes à terme sur les marchés anglais et américains.
Vers le milieu du mois, en raison d'un ordre de vente volumineux en provenance du Moyen-Orient, l'or a chuté brutalement, touchant pour un temps le plancher pluriannuel de $ 342.50 et entraînant l'argent dans son sillage à $ 4.78. Par la suite, les métaux précieux se sont légèrement repris grâce à des achats de couverture et à une vive demande physique du Moyen et de l'Extrême-Orient, ainsi qu'à la bijouterie. Compte tenu de la faiblesse persistance du dollar, les cours en francs suisses, pour le métal blanc surtout, se sont encore dégradés.
Le 29 juin, l'or a clôturé à $ 352.50 l'once, l'argent à $ 4.83 l'once et le
platine à $ 483.50 l'once.
Livre sterling euphorique
Quand et comment se ferait l'éventuelle entrée de la monnaie britannique dans le mécanisme du SME était le grand sujet débattu sur le marché des changes en juin. Alors que la livre s'envolait, le yen plongeait une nouvelle fois après sa reprise passagère de mai. Soutenu par une politique monétaire restrictive conséquente, le franc suisse a pu faire front aux autres monnaies de manière convaincante. Si les espoirs d'un affermissement général du mark allemand induit par l'union monétaire des deux Allemagne se sont rapidement estompés, les indicateurs économiques et la politique mondiale ont généré une certaine nervosité du dollar. Quant à la demande des monnaies bien rémunérées comme les dollars australien et canadien, elle a été forte. Pour ce dernier la non-ratification de l'accord dit "du Lac Meech" (statut de société distincte pour le Québec) n'a produit qu'un recul passager.
Dollar un peu délaissé
Le dollar a évolué comme suit: Fr. 1.4280 le 1er juin, Fr. 1.4521 5e 8, Fr. 1.3870 le 27 et Fr. 1.4165 le 29. Il s'est ainsi trouvé écartelé entre des informations contradictoires. Une série d'indicateurs économiques, comme la statistique de l'emploi de mai, indiquaient un essoufflement de la conjoncture, alors que les données sur la production industrielle et l'utilisation des capacités de production signalaient une reprise. Au début du mois, l'évolution du cours du billet vert reflétait l'instabilité croissante en Union soviétique et accentuait son caractère de valeur refuge. Puis un relâchement de la pression inflationniste et l'espoir d'une réduction par étapes du déficit budgétaire a multiplié les espérances de voir les taux d'intérêt baisser. Le dollar a alors faibli, en fonction surtout de la préférence des investisseurs pour des monnaies bien rémunérées.
Hauts et bas pour le Mark allemand
Le mark cotait 1.6960 par dollar le 1er juin, 1.7040 le 15, 1.6595 le 27, 1.6650 le 29. Par rapport au franc suisse, il se négociait à 84.20 pour cent unités le 1er juin, à 85.46 le 11 et à 85.08 le 29. De par la persistance des impondérables financiers et économiques suscités par l'union économique et monétaire interallemande au début juillet, la fermeté fondamentale du mark allemand ne s'est exprimée que sporadiquement.
La mark a été de plus miné par les incertitudes quant à la participation de l'Allemagne unie à l'OTAN. Les craintes d'interventions de la banque centrale ont cependant constitué une barrière efficace au seuil de $/DM 1.70.
Livre/dollar cours le plus élevé depuis 16 mois
La livre sterling cotait $ 1.6795 le 1er juin, $ 1.6755 le 5 juin, $ 1.7465 le
27 et $ 1.7445 le 29. Les fonds à court terme affluant en dépit des mauvaises
statistiques économiques, la livre a dépassé la cote de DM 2.90 pour la
première fois depuis la mi-novembre 1989. La forte demande a été déclenchée par
la volonté du gouvernement d'intégrer la livre dans le mécanisme de change du
SME. Certains prétendent que ce pas pourrait être franchi en septembre ou
octobre déjà, si la livre se me. La hausse de la
livre n'a guère été freinée par la réticence britannique à l'introduction d'une
monnaie européenne unique et l'abandon de la souveraineté monétaire nationale à
une banque centrale supranationale.
Les loyers ont stimulé le renchérissement
En mai 1990, l'
indice national des prix à la consommation
a progressé de
0,5 % à 120,7 points (décembre 1982 = 100). De ce fait, le renchérissement
annuel a atteint 5,1 %, alors qu'il n'était que de 4,6 % en avril. Cette
nouvelle impulsion à l'inflation procède principalement de l'augmentation de
l'indice loyer du logement (+4,1 %) calculé semestriellement. En outre, les
prix du groupe boissons et tabacs (+2,5 %) ont été nettement supérieurs au
niveau de l'évaluation précédente. D'un mois à l'autre, les marchandises
suisses ont renchéri de 1,2 %, alors que les marchandises importées baissaient
de 1,5 %. En comparaison annuelle, les prix des marchandises suisses ont haussé
de 6 % mais ceux des marchandises importées de 2,6 % seulement.
L'
indice des prix de gros
a reculé de 0,1 % à 183,3 points (1963 = 100) en
mai. D'une année à l'autre, la progression de l'indice n'a été que de 1 %,
tandis que le taux de renchérissement se situait encore à 1,5% en avril.
La montée des prix de la construction s'est poursuivie: entre octobre 1989 et
avril 1990, l'
indice zurichois du coût de la construction de logements
,
calculé semestriellement, a augmenté de 7% à 113,5 points (octobre 1988 = 100).
Il était donc de 8,6% supérieur au niveau d'un an auparavant.