Panorama
Economie suisse: encore peu de dynamisme
Au troisième trimestre 1991, la marche des affaires de l'industrie, demeurée à son bas niveau du second trimestre, n'a pas confirmé les pronostics positifs émis en milieu d'année. Un retournement ne se dessine pas pour les trois derniers mois: les quelque 200 entreprises consultées dans le cadre de notre enquête trimestrielle du "Panorama conjoncturel" s'attendent à une production et à une réserve de travail encore nettement inférieures en comparaison annuelle. Seules les perspectives à l'exportation sont meilleures. Les ventes à l'étranger ayant déjà dépassé celles d'un an auparavant, la demande extérieure et partant l'entrée de commandes fourniront probablement un stimulant durable. Par contre, le recul devrait se poursuivre dans la construction. Pour le commerce de détail et le tourisme, les prévisions sont un peu plus optimistes.
Le Panorama conjoncturel paraît trimestriellement.
Rédaction: Beat Arnet
Industrie:
Au troisième trimestre 1991, l'entrée des commandes, la
production et les ventes n'ont toujours pas égalé le niveau de 1990.
L'utilisation des capacités était de 83% à fin septembre, ayant chuté de plus
de 5 points en comparaison annuelle. Les entreprises consultées s'attendent à
ce que l'entrée des commandes évolue plus favorablement au dernier trimestre,
mais la production et l'emploi fléchiront encore.
Construction:
L'activité a encore décliné, tendance qui devrait persister
ces prochains mois en raison du ralentissement de l'entrée des commandes. Pour
1992, les entreprises de tous les secteurs de la construction s'attendent à une
contraction.
Commerce de détail:
Les gros distributeurs interrogés escomptent une
augmentation de 5% de leurs ventes en valeur pour tout 1991. Ils s'attendent en
outre à un nouveau renforcement du cash flow.
Tourisme:
La saison d'été (mai-octobre) sera dans l'ensemble marquée par
une stagnation des nuitées. Les perspectives sont cependant favorables pour la
saison d'hiver 1991/92, 45 directeurs d'offices de tourisme sur 50 interrogés
escomptant un nombre d'hôtes supérieur ou du moins inchangé.
Industrie
Au troisième trimestre 1991, la marche des affaires de l'industrie est demeurée à son faible niveau du deuxième trimestre. D'une année à l'autre, les principaux indicateurs économiques, entrée des commandes, ventes et production, étaient toujours à la baisse. Par conséquent, les pronostics optimistes de l'enquête de juin pour le troisième trimestre, notamment pour les petites et moyennes entreprises ne se sont pas vérifiés. Les grandes entreprises jugent néanmoins la situation déjà meilleure qu'il y a douze mois, à l'exception de la production. Le revirement s'amorçant dans les exportations semble y avoir une part déterminante: les ventes à l'étranger dépassent notamment celles de 1990 pour la plupart des entreprises. Ayant fléchi de 0,8% à 83,1% par rapport au deuxième trimestre, l'utilisation moyenne des capacités de production s'est érodée de 5,3% points en comparaison annuelle. L'emploi est toujours en baisse: à fin septembre, l'industrie occupait nettement moins de personnes qu'il y a douze mois.
Stimulants attendus de l'étranger - stagnation en Suisse
Les trois derniers mois de 1991 verront une nouvelle détérioration de la marche des affaires, cette dernière s'avérant toutefois un peu plus favorable que l'évolution effective du troisième trimestre. De l'avis des entreprises interrogées, l'entrée des commandes globale, la production et la réserve de travail resteront au-dessous de celles d'un an auparavant. Les prévisions concernant l'entrée des commandes (-5 points) sont à considérer avec une certaine prudence. Une estimation par trop optimiste des ordres suisses a en effet faussé cet indicateur lors des trois précédentes enquêtes. De nouveaux stimulants sont attendus de l'étranger: 10% (solde) entreprises tablent sur une entrée des commandes supérieure d'une année à l'autre; 17% même escomptant une augmentation des exportations. Les ventes globales devraient ainsi légèrement progresser au dernier trimestre, pour la première fois depuis près de douze mois. Les entreprises admettant toujours un recul de la production, elles envisagent de nouvelles réductions des effectifs. Elles sont ainsi 35% (solde) à prévoir une diminution entre fin 1991 et fin 1990. La hausse de prix devrait se ralentir, 6% seulement des entreprises prévoyant des majorations d'octobre à décembre.
Divergence des tendances par secteurs
Les secteurs n'ont de loin pas évolué de manière homogène. La marche des affaires de l'industrie mécanique et notamment de la métallurgie a nettement moins progressé que la moyenne de toutes les branches. Particulièrement affectée par le peu d'intentions d'achats ainsi que par le recul dans la construction, l'industrie du bois et du meuble est également restée au-dessous de la moyenne. L'industrie chimique et l'industrie alimentaire, moins sensible aux aléas de la conjoncture, s'en sont mieux tirées. Dans ces deux secteurs, les grandes entreprises ont à nouveau tiré leur épingle du jeu par rapport aux PME.
Le tableau ne devrait que peu se modifier pendant les trois derniers mois de 1991. Les industries chimique et alimentaire et, quoique dans une moindre mesure, le papier, ont de meilleures perspectives que la moyenne de tous les secteurs. Par contre, l'industrie mécanique, la métallurgie et l'industrie du bois et du meuble pronostiquent une évolution inférieure.
Entrée des commandes décevante
L'inscription de commandes au troisième trimestre 1991 s'est avérée sensiblement inférieure en comparaison annuelle aux pronostics de juin. Le solde (-17%) est inférieur de 13 points aux anticipations. La tendance est cependant à la hausse, puisque le déficit était encore de 27% au deuxième trimestre. L'évolution des ordres suisses est à la traîne depuis neuf mois, 22% (solde) des entreprises consultées faisant état de résultats toujours en deçà de ceux d'il y a douze mois. Les commandes de l'étranger, +10%, annoncent toutefois une éclaircie, cette amélioration devant se poursuivre durant les trois dernier mois de 1991. Si l'entrée des commandes sera inférieure d'une année à l'autre (-5%), 10% (solde) des entreprises tablent sur de meilleurs chiffres.
La production et la réserve de travail refluent
La production, ayant augmenté selon l'Office fédéral de la statistique au deuxième trimestre 1991 de 1% par rapport à l'année précédente, était, au troisième trimestre également, en deçà des chiffres d'un an auparavant pour 16% (solde) des entreprises interrogées. Elles s'attendent à un nouveau recul de la production d'octobre à décembre.
La contraction de la réserve de travail observée depuis près d'un an s'est poursuivie. A fin septembre, seuls 16% des employeurs mentionnaient une augmentation de la réserve de travail d'une année à l'autre, contre 54% qui faisaient état d'une diminution. Le solde (-38%) a été nettement plus accusé que ne l'avaient prévu les participants à l'enquête (-22%). Cette évolution négative ne devrait guère changer dans les prochains mois: pour la fin de 1991, 24% des entreprises escomptent une réserve de travail inférieure en comparaison annuelle.
Diminuation de l'utilisation des capacités et de l'emploi
Au troisième trimestre, l'utilisation moyenne des capacités techniques a baissé de 0,8% par rapport au deuxième trimestre et même de 5,3% par rapport à la même période de 1990; à 83,1%, elle se trouve à un plancher qu'elle n'avait plus touché depuis 1984. Les entreprises n'escomptent qu'une légère hausse pour les trois derniers mois.
La compression des effectifs constatée depuis le début de l'année s'est quelque peu accentuée au troisième trimestre. A fin septembre, plus de la moitié des entreprises ont annoncé des effectifs inférieurs en comparaison annuelle; une entreprise sur cinq seulement ayant embauché. De l'avis général, le marché du travail continuera donc de se détendre dans les trois derniers mois: 27% des entreprises (solde) prévoyant une nouvelle réduction de leurs effectifs par rapport à fin septembre. En décembre, l'emploi (solde: -35%) demeurera donc nettement en deçà du niveau de douze mois auparavant.
Revirement des ventes en vue
Les trois dernières enquêtes ont fait état d'une modération continue dans le recul des ventes. Au troisième trimestre, le solde était presque équilibré (-3%) par rapport à la même période de 1990. Les exportations sont pour une grande part dans ce retournement positif: si le solde des entreprises faisant état d'une amélioration en comparaison annuelle était de -12% au premier trimestre, il était déjà de 13% au troisième. En outre, l'évolution réelle s'est avérée plus favorable que ne l'avaient pronostiqué les entreprises consultées il y a trois mois. Une nouvelle et légère augmentation des ventes s'amorce pour le dernier trimestre. D'une année à l'autre, 3% des entreprises (solde) tablent sur un accroissement des ventes globales, et 17% sur une progression des exportations.
Entre juillet et septembre, les prix de vente, en forte hausse principalement au premier trimestre 1991, n'ont dans l'ensemble pas été majorés. D'une année à l'autre, 58% des entreprises ont annoncé des relèvements et 16% des réductions. Les majorations de prix devraient encore se faire plus rares d'ici la fin de l'année, 6% des entreprises entendant augmenter leurs prix contre 7% qui prévoient le contraire. Au dernier trimestre, ils seront supérieurs à ceux d'un an auparavant pour 44% des participants à l'enquête.
Tassement des investissements en 1991
Une caractéristique de 1991 est le rééquilibrage des projets. Si, en 1990, 12% des entreprises avaient augmenté leurs investissements d'équipement par rapport à 1989; 14 %, dont une proportion de petites et moyennes entreprises supérieure à la moyenne, font état d'une compression en 1991. Les industries alimentaire et chimique tablent sur un accroissement, alors que l'industrie graphique et la métallurgie annonce de sensibles réductions.
La combinaison de perspectives de vente défavorables et les taux d'intérêt
élevés ont pesé sur les investissements de construction industrielle. Pour
1991, près de 10% des entreprises - en particulier petites et moyennes -
annoncent un recul, alors qu'en 1990 elles étaient encore 11% (solde) à
indiquer des investissements plus importants par rapport à 1989. Comme 6% des
participants à l'enquête prévoient une diminution, la tendance devrait
persister en 1992. Le tableau devrait largement correspondre à celui des
investissements d'équipement.
Bruno Bébié
Construction
Au
premier semestre 1991
, la tendance au recul a persisté. Selon la
comptabilité nationale, après un recul de 5,4% au premier trimestre, la
production a chuté de 3% en termes réels au deuxième trimestre en comparaison
annuelle. L'enquête sur janvier-juin de la Société suisse des entrepreneurs ne
laisse entrevoir aucune amélioration. L'entrée des commandes est inférieure en
valeur de 17% à son niveau de 1990; elle a chuté de 19% pour les logements, de
16% pour les bâtiments commerciaux et industriels et de 15% pour les
constructions publiques.
Au
troisième trimestre 1991
, 76% des entreprises du bâtiment et 73% du
génie civil faisaient état d'une inscription des commandes inférieure à celle
de 1990 à pareille époque, tandis qu'elle avait augmenté pour 8 et 10% d'entre
elles. Ainsi, le solde négatif s'est aggravé, passant de 58 points au deuxième
trimestre à 68 points au troisième trimestre pour le bâtiment et de 41 points à
63 points pour le génie civil. D'après notre enquête, le volume des
constructions au troisième trimestre était inférieur à celui de la période
correspondante de
1990 pour 49% (solde) des entreprises du bâtiment et pour 41% dans le génie civil. Quant aux effectifs, aucune des entreprises interrogées n'a fait état d'une augmentation; ils sont restés inchangés pour près de la moitié et ont diminué pour la majorité d'entre elles. Les prix dans le bâtiment ont continué de se replier entre juin et septembre pour 59% des entreprises et se sont maintenus pour 41% des participants à l'enquête. Durant la même période, les prix du génie civil ont également reculé pour la moitié des participants à l'enquête.
La situation ne devrait guère s'améliorer au cours du
quatrième trimestre
.
Selon 59% (solde) des entreprises du bâtiment et 48% du génie civil, le volume
des constructions devrait reculer. Si 24% des entrepeneurs interrogés sont
d'avis que l'entrée des commandes dans le bâtiment égalera celle 1990, 65%
s'attendent à un net recul (solde -54%). Dans le génie civil, 63% des
entrepreneurs escomptent une entrée des commandes inférieure à celle du
quatrième trimestre 1990. Les effectifs devraient demeurer inférieurs à ceux
de 1990 pour près des deux tiers des entreprises interrogées et rester
inchangés pour un bon tiers. Tant dans le bâtiment que dans le génie civil,
les prix continueront de baisser entre septembre et décembre pour plus de la
moitié des entreprises.
Les résultats de l'enquête UBS indiquent que, selon la comptabilité nationale, la production diminuera de 3,3% en termes réels au troisième et de 2,7% au quatrième trimestre (voir graphique).
Pour 47% des entreprises, la
capacité bénéficiaire
s'est détériorée au
premier semestre, tandis qu'elle s'est améliorée pour 3% et est restée
stationnaire pour la moitié d'entre elles par rapport à la même période de
l'année précédente. Au second semestre, 67% (solde) des entrepeneurs escomptent
une aggravation de leur situation financière. Tous les secteurs de la
construction craignent une nouvelle contraction de la production pour
l'année 1992
: la construction de maisons familiales (-61%) est suivie de la
construction de bâtiments locatifs (-44%), de la construction d'immeubles
commerciaux et industriels (-30%) et du génie civil (-21%).
Rudolf Enz
Commerce de détail
Le chiffre d'affaires s'est accru en moyenne de 5 à 6% nominal au troisième trimestre en comparaison annuelle. Tandis que les ventes de tous les gros distributeurs interrogés ont progressé dans l'alimentation, elles sont restées inchangées dans l'habillement et le textile ainsi que dans les autres secteurs non alimentaires. Les prix de vente ont augmenté en moyenne de 4 à 5% par rapport à la période correspondante de 1990.
Les chiffres d'affaires des secteurs évoluent de manière divergente; cette tendance devrait persister au dernier trimestre et donc pour l'ensemble de l'année 1991. Les participants à l'enquête escomptent une augmentation du chiffre d'affaires nominal de 5%. Etant donné que les prix de vente devraient augmenter en moyenne annuelle de 4 à 5%, le chiffre d'affaires ne devrait guère progresser en termes réels d'une année à l'autre. Dans tous les secteurs, les prix de vente moyens ont tendance à être plus élevés qu'en 1990.
Cependant, l'habillement, le textile et les autres articles non alimentaires sont les moins touchés par le renchérissement. Ainsi, la marge brute de l'habillement et du textile reste stationnaire, alors que pour la moitié des entreprises consultées elle devrait être en moyenne supérieure à celle de 1990 pour l'ensemble du commerce de détail. Selon la majorité des participants à l'enquête, le cash-flow, qui était au premier semestre déjà supérieur à celui de juin-décembre 1990, augmentera encore.
En 1991, les investissements ont faibli, notamment les investissements de
construction. La moitié des gros distributeurs avoue avoir moins investi dans
la construction que l'année précédente, tandis que seul un tiers constate avoir
investi davantage. En revanche, les investissements d'équipement n'ont pas
diminué, voire ont augmenté, pour la majorité des entreprises. Cette situation
devrait rester inchangée en 1992 tandis que les investissements de construction
augmenteront.
Elisabeth Messner
Tourisme
Les résultats de l'hôtellerie suisse pour la
saison d'été 1991
(mai-octobre) n'ont pas entièrement confirmé les prévisions. Selon notre
enquête de septembre, un tiers seulement des directeurs d'offices de tourisme
escompte un accroissement du nombre des nuitées par rapport à 1990, tandis que
lors des enquêtes de mars et de juin, plus de la moitié attendait une
augmentation. Les touristes étrangers, notamment, ont été moins nombreux que
prévu. Tandis que la moitié des centres touristiques annonce une augmentation
du nombre d'hôtes suisses, un quart des directeurs d'offices de tourisme
consultés prévoit une réduction des nuitées d'étrangers.
La majorité des directeurs d'offices de tourisme fait preuve d'un optimisme prudent au regard de la saison d'hiver 1991/92 (novembre-avril). Par ailleurs, presque tous les centres touristiques prévoient une stagnation ou une augmentation des nuitées dans l'hôtellerie par rapport à 1990. Seuls cinq centres craignent une diminution. Cela concerne autant les hôtes suisses qu'étrangers. Les taux d'expansion escomptés se situent entre 1 et 3%.
L'afflux des hôtes italiens, allemands, japonais et américains surtout devrait
être plus fort, tandis que les touristes en provenance de Grande-Bretagne, de
Belgique et du Luxembourg devraient être moins nombreux. La tendance générale
présente cependant de légères nuances régionales. En effet, la plupart des
directeurs d'offices de tourisme de l'Oberland bernois, des Grisons et de
Suisse orientale se montrent optimistes tandis que dans les autres régions on
attend un nombre de touristes égal à celui de la saison d'hiver précédente.
Dans la parahôtellerie, presque tous les directeurs d'offices de tourisme
participant à l'enquête tablent sur un nombre de nuitées inchangé par rapport à
la saison d'hiver 1990/91.
Irene Meier
Prix et salaires dans le monde
Oslo, Tokyo, Helsinki, Stockholm, Zurich et Genève sont les villes les plus chères du monde. C'est à Zurich et Genève qu'un salarié gagne le mieux sa vie et peut acquérir le plus grand nombre de biens. Mais pour cela, il travaille en moyenne entre 7 et 8% de plus que les autres européens. Voilà trois informations tirées de la brochure de l'UBS "Prix et salaires dans le monde" qui vient de paraître.
La vie est chère dans les villes d'Europe du Nord et à Tokyo
Dans la comparaison internationale du coût de la vie (sans les loyers) portant sur 48 villes, Oslo arrive nettement en tête devant Tokyo, Helsinki, Stockholm, Zurich et Genève. En queue de peloton figurent Bombay, Le Caire et Bogota, où le même panier de biens et de services ne coûte que la moitié de la moyenne. Si on ajoute les loyers, on constate que Tokyo creuse l'écart et que Bogota, Bombay, Kuala Lumpur et Manille ferment la marche. En comparant le coût de la vie dans les différentes villes, on relève parfois des différences de prix criantes. La plupart des groupes de biens et services sont les plus onéreux en Europe et en Amérique du Nord. Pour les loyers de logements sur le marché libre répondant aux standards européens, l'Extrême-Orient vient en tête avec Tokyo, qui occupe aussi le premier rang, avec une bonne longueur d'avance, pour les denrées alimentaires et l'habillement. A Bombay, la ville au coût de la vie le plus bas, selon l'enquête menée, les produits alimentaires, les vêtements et les services sont les meilleur marché, mais les loyers y sont deux fois et demi plus élevés qu'à Kuala Lumpur où ils sont les plus modiques.
Salaires horaires bruts, Scandinaves et Suisses en tête
Mesurés en heures effectivement ouvrées, les salaires de Zurich, Genève, Copenhague, Oslo et Helsinki sont de 80 à 135% supérieurs à la moyenne des villes recensées pour les professions retenues. De notre enquête, il ressort que c'est à Lagos, Manille, Mexico, Nairobi et Bombay qu'on gagne le moins (entre 5 et 14% du salaire horaire brut moyen). Quant aux salaires nets, ils sont sensiblement inférieurs aux salaires bruts en Scandinavie (Stockholm, Copenhague, Oslo, Helsinki), à Amsterdam, à Bruxelles et en Allemagne fédérale (Francfort, Düsseldorf), du fait des cotisations sociales et des impôts élevés, représentant parfois plus de 50% du salaire brut.
Grande disparité dans les horaires de travail
Les temps de travail annuels ont été calculés pour chacune des douze professions considérées sur la base de la durée hebdomadaire de travail, les congés payés et les jours fériés, en les pondérant selon la méthode employée pour les salaires horaires. Selon ces données, on travaille plus de 2'100 heures par an à Hongkong, Manille, Kuala Lumpur, Bogota et Taipei. A Oslo, Helsinki, Francfort, Düsseldorf et Sydney, la durée annuelle de travail est inférieure à 1'700 heures, tandis que dans la plupart des autres villes d'Europe occidentale elle oscille entre 1'700 et 1'800 heures, sauf à Zurich et Genève où l'on travaille entre 1870 et 1880 heures par an. Les écarts constatés résultent aussi bien de la durée hebdomadaire de travail que de la réglementation des vacances. Si en Europe les congés avoisinent 27 jours ouvrables en moyenne, voire même 30 dans certains cas (Madrid, Amsterdam, Francfort, Oslo), ils ne sont généralement pas supérieurs à 20 jours en Extrême-Orient. En Amérique, les congés payés sont même le plus souvent inférieurs à 12 jours ouvrables. Avec une durée hebdomadaire de travail de 39,1 heures, l'Europe se situe nettement en deçà de la moyenne de 41,4 heures des villes recensées.
Pouvoir d'achat, Zurich, Genève et Luxembourg aux premiers rangs
Le pouvoir d'achat se mesure à la quantité de biens qu'il est possible d'acquérir avec son revenu. A Zurich, Genève, Luxembourg, Francfort et Chicago, le pouvoir d'achat des salaires bruts est de plus de 75% supérieur à la moyenne des villes examinées, mais n'atteint que 21% de la moyenne à Lagos, Manille, Mexico et Nairobi. Vu que les données salariales se rapportent principalement à la main-d'oeuvre indigène et que le panier de la ménagère hors d'Europe (référence pour notre enquête) est composé d'autres biens, les chiffres concernant le pouvoir d'achat dans ces dernières villes ne sont pas très représentatifs. En ce qui a trait au pouvoir d'achat des salaires nets, Luxembourg, Zurich et Genève occupent les premiers rangs, après déduction des impôts et des cotisations sociales, suivies de Chicago, Toronto, Los Angeles et Francfort.
Robert Enz
La comparaison des prix et salaire est basée sur des relevés effectués dans le monde entier au début de l'été 1991. La brochure présentant les résultat de cette enquête peut être retirée gratuitement, jusqu'à rupture de stock, auprès de toutes les succursales de l'Union de Banques Suisses ou commandée au service de documentation économique de l'Union de Banques Suisses au moyen du talon en page 18.
Prix et salaires dans 48 villes
Villes Indice des 1 Indice 2 Impôts et 3 Pouvoir 3
prix sans salaires cotisations d'achat
les loyers brut sociales net
Zurich=100 Zurich=100 en % Zurich=100
Amsterdam
Athènes
Bogota
Bombay
Bruxelles
Buenos Aires
Caire, Le
Caracas
Chicago
Copenhague
Djakarta
Dublin
Düsseldorf
Francfort
Genève
Helsinki
Hongkong
Houston
Johannesburg
Kuala Lumpur
Lagos
Lisbonne
Londres
Los Angeles
Luxembourg
Madrid
Manille
Mexico
Montréal
Nairobi
New York
Nicosie
Oslo
Panama
Paris
Rio de Janeiro
Sao Paulo
Seoul
SIngapour
Stockholm
Sydney
Taipei
Tel-Aviv
Tokyo
Toronto
Vienne
Zurich
1 Coût d'un panier de 112 biens et services pondéré selon les habitudes de consommation (sans les loyers)
2 Salaires horaires effectifs de douze professions pondérés selon leur représentativité
3 Impôts sur le revenu, déductions sociales et cotisations obligatoires à la sécurité sociale en pour cent du salaire brut
4 Salaires horaires nets divisés par le prix du panier de biens et services, sans les loyers.
Bourse
Potentiel haussier en Europe et au Japon
Abstraction faite des replis temporaires attribuables au putsch en Union
Soviétique, le
le marché suisse
est légèrement à la baisse ces deux
derniers mois au sein d'une fourchette étroite. Pour la plupart mineures, les
fluctuations trahissent l'expectative des investisseurs. Un essor conjoncturel
plus soutenu dans les pays anglo-saxons, un affaiblissement du franc suisse, la
désescalade à moyen terme des taux d'intérêt et la reprise attendue de
l'économie devraient bientôt redonner du tonus à la Bourse. Compte tenu de ces
perspectives un peu plus optimistes, il semble que les actions suisses sont
d'adéquatement à modestement capitalisées. Notamment les titres profitant des
relations de change, les valeurs sensibles à l'évolution des taux de change et
celles des entreprises à vocation exportatrice (assurances, pharmacie, chimie,
alimentation).
La Bourse
allemande
a réagi le plus brutalement aux événements en Union
Soviétique, mais sinon piétine. Les majorations d'impôts en vue d'assainir
l'économie des nouveaux Länder et les taux d'intérêt élevés
freinent la croissance et pèsent sur les cours des actions. A l'Est, les
secteurs de la construction et des services ont maintenant le vent en poupe. La
croissance devrait s'accélérer en 1992 et se renforcer également dans la partie
occidentale, ce qui stimulera la Bourse. Celle-ci continue cependant de réagir
fortement aux développements dans les pays de l'Est. Nous accordons les
meilleures chances de plus-values aux titres de l'électronique, de la
construction et du commerce.
En
Grande-Bretagne
, la Bourse a battu de nouveaux records en août, période
à part cela morose. Elle a toutefois reperdu les acquis en septembre sous
l'effet d'émissions plus étoffées de droits de souscription et des résultats
instables des entreprises. Les élections au parlement devant se tenir au plus
tard au milieu de 1992, mais au plus tôt en novembre 1991, les cours sont très
sensibles aux sondages. Chaque progression des conservateurs dans les bonnes
grâces des électeurs se traduit par une hausse, chaque recul est sanctionné par
une baisse. Le gouvernement tente d'accélérer la reprise conjoncturelle encore
faible en réduisant les taux d'intérêt. Cette désescalade devrait donner un
coup de fouet à la Bourse. Aussi, misons-nous sur les titres des secteurs
hôtellerie, loisirs,
pharmacie et alimentation.
Depuis le début de l'année, la Bourse
américaine
s'est redressé beaucoup
plus rapidement que les résultats des entreprises. La récession passe certes
pour surmontée, mais l'énorme déficit budgétaire et les autres problèmes
structurels ne permettent qu'une modeste reprise économique ayant l'industrie
et la demande étrangère pour moteur. Les taux d'intérêt pour l'instant bas
devraient quelque peu se raidir à partir du second semestre 1992. Compte tenu
de cet environnement, le marché est adéquatement capitalisé. Les titres de
certains secteurs recèlent cependant des potentiels de plus-values
substantiels: services pétroliers, entreprises de technologie avec de bons
cycles de produits, électrotechnique et bureaux d'ingénieurs.
A nouveau en repli en août, la Bourse
japonaise
s'est montrée beaucoup
mieux disposée en septembre. Vu le faible volume d'échanges, on peut toutefois
se demander s'il s'agit bien du redressement attendu depuis longtemps. La
conjoncture est actuellement bridée par les effets de la politique monétaire
restrictive. Par ailleurs, Les bénéfices moins bons des entreprises et les
suites du scandale boursier ont pesé également
sur les cours, mais leur incidence est maintenant escomptée. La décrue attendue
des taux d'intérêt et les meilleures perspectives bénéficiaires des entreprises
en 1992 nous disposent aussi favorablement. Mesuré à la prime de risque et en
comparaison historique, les titres japonais sont pour le moment
sous-capitalisés. Notamment ceux des secteurs construction, automatisation
industrielle, technologie de l'environnement et commerce.
S. Mehlisch
Marché de l'argent et des capitaux
Pas de pause estivale pour les taux
Pendant les mois d'été, les taux d'intérêt sur les marchés financiers internationaux ont subi des mouvements contradictoires d'une ampleur inhabituelle sur les marchés financiers. Alors que le loyer de l'argent était généralement en recul, à l'exception de la Suisse, les banques centrales ont procédé à des interventions en fonction de l'état de leurs économies nationales. Aux relèvements concertés des taux directeurs dans de nombreux pays d'Europe continentale se sont opposées les réductions du taux d'escompte opérées au Japon, en Grande-Bretagne (taux d'intervention sur le marché monétaire), en Australie et aux Etats-Unis. Si la Banque nationale suisse a suivi le mouvement à la mi-août, il faut y voir principalement la preuve qu'elle poursuit sa politique restrictive. Par contre, le raidissement des taux du long terme intervenu plus tôt qu'à l'étranger reflète la déception croissante des investisseurs face à la ténacité du renchérissement.
Réserve fédérale: Nouvel assouplissement
Bien que le dollar ait perdu de son éclat sur le marché des changes depuis le milieu de l'année, ravivé seulement à la mi-août par le putsch en Union Soviétique, la Réserve fédérale a continué de desserrer le carcan monétaire. Faisant suite à une diminution des taux des fonds fédéraux (argent au jour le jour) en juillet et août, la troisième réduction de l'année du taux d'escompte, d'un demi-point à 5%, a eu lieu le 13 septembre. Le Fed a ainsi déclenché un abaissement du prime rate par les banques commerciales, qui n'avaient, vu l'étroitesse de leurs marges, réagi que tardivement à la réduction des taux directeurs en avril. L'approvisionnement en liquidités plus généreux est intervenu dans le contexte d'un recul du renchérissement ainsi que d'un scénario conjoncturel plutôt mitigé, excluant un redressement d'envergure dans un proche avenir. Les marchés s'étant largement ralliés à cette analyse, le recul du rendement des bons du Trésor à dix ans de 0,7 points sur une période de trois mois s'est avéré d'autant plus surprenant.
Glissade des taux japonais
Les mesures assez récentes mais sévères prises par les autorités monétairess ont nettement freiné la surchauffe. Le boom des investissements a notamment subi un coup d'arrêt, provoqué par des taux élevés, des conditions défavorables à des augmentations de capital ainsi que par un rétrécissement du potentiel de crédit, la vague du renchérissement s'estompant. Si l'abaissement du taux d'escompte à 5 1/2% au début juillet était plutôt un geste en direction des pays du G7 ainsi que de la Bourse, la Banque du Japon a néanmoins toléré par la suite, en dépit de réserves exprimées, un sensible glissement du loyer de l'argent au jour le jour, qui entraîne en général de nouvelles adaptations des taux directeurs. L'inflation se présentant sous un jour plus favorable et le yen se raffermissant, le rendement des emprunts d'Etat a repassé sous la barre des 6%.
La Bundesbank donne un coup de barre
Pour contenir l'accélération du renchérissement et renforcer la confiance des investisseurs étrangers dans le mark allemand, la Bundesbank, sous son nouveau président, M. Schlesinger, a été amenée à resserrer le carcan monétaire le 15 août. Tandis que le taux d'escompte a été visiblement relevé d'un point à 7%, la hausse du taux des avances sur nantissement, plus décisive, d'un quart de point à 9 1/4% (comme plafond effectif) est restée en-deçà des anticipations du marché. Ni les marchés, ni la Bundesbank n'excluent donc une nouvelle intervention sur les taux. Pour maintenir la stabilité des relations de change au sein du SME, les banques centrales de Belgique, des Pays-Bas et du Danemark ont suivi l'exemple allemand, rehaussant ainsi plus ou moins leurs taux. Le franc français ayant échappé à une pression, la Banque de France n'a pas dû suivre la marche et infliger un coup supplémentaire à sa conjoncture affaiblie. La Banque d'Angleterre a elle profité de la relative robustesse de la livre et du net recul de l'inflation pour réduire à deux reprises son taux d'intervention sur le marché monétaire d'un demi-point chaque fois.
Autonomie restreinte de la politique monétaire suisse
Soutenir le franc notamment par rapport au mark allemand a été le principal moteur de la Banque nationale pour s'associer à l'action européenne de relèvements des taux de la mi-août. La hausse du taux d'escompte d'un point à 7% était principalement un signal aux marchés et non pas un durcissement de la politique restrictive, ce d'autant plus que le régime du taux flexible des avances sur nantissement n'en a pas été affecté. Ce dernier a généralement fluctué dans la bande usuelle autour des 10%, avec quelques dépassements plus importants. La politique monétaire reste ferme, fait confirmé à plusieurs reprises non seulement par des déclarations, mais aussi par la faible croissance de la monnaie centrale (+2,5% en août), croissance qui n'est de surcroît due qu'à l'expansion saisonnière des billets en circulation, alors que les avoirs en comptes de virements tendaient à la baisse. Dans ce contexte, les taux de l'eurofranc se sont légèrement tendus en septembre pour se stabiliser à près de 8%.
Le marché suisse des capitaux plutôt calme
En contradiction avec la tendance internationale, le marché suisse s'est
détérioré en raison de taux obstinément élevés pour les placements en francs
suisses à court terme et de l'appréhension des investisseurs face à la
résistance de l'inflation. Le rendement moyen des obligations de la
Confédération, a touché son plancher de l'année au début juin à 5,78%, pour
remonter à 6,22% jusqu'à fin septembre. Les émissions ont été également
déprimées: la pause habituelle de juillet et août s'est fait particulièrement
sentir sur le marché, le rattrapage de septembre suscitant une levée de
capitaux avoisinant Fr. 1,5 milliard. Les emprunts en francs suisses de
débiteurs étrangers ont évolué en sens inverse, le volume de leurs émissions
diminuant à vue d'oeil en dépit des besoins croissants de débiteurs japonais et
n'a même pas atteint Fr. 1 milliard en septembre. Le volume des nouveaux
emprunts émis au cours des trois premiers trimestres de 1991, totalisant près
de Fr. 36 milliards, était de 5% inférieur à celui de la même période de 1990.
Cette évolution contraste avec celle des émissions sur les marchés
internationaux des capitaux, où toutes les monnaies ont haussé et le volume des
emprunts libellé en écus a plus que doublé.
C. Frey
Quatre nouveaux fonds de placement UBS
Intrag international, Luxembourg, société de gestion, et Intrag SA ont
décidé de compléter la palette des fonds de placement en lançant quatre
nouveaux sous-fonds de droit luxembourgeois: UBS Money Market
Invest-SFR,-FF,-HFL,-CAN.$. Les quatre nouveaux produits viennent s'ajouter aux
sous-fonds UBS Money Market Invest-U.S. Dollar,-£ Sterling,-Ecu,-Yen et -Lit.
La fortune des sous-fonds est placée en instruments du marché monétaire de
premier ordre selon le principe de la répartition des risques, l'objectif de
placement consistant à réaliser un revenu courant élevé en observant les
aspects sécurité et maintien de larges disponibilités. Les sous-fonds
permettent aux investisseurs de bénéficier, avec une mise relativement modeste,
de placements attrayants sur les marchés du franc
suisse, du franc français, du florin et du dollar canadien. Par rapport aux
autres sous-fonds, UBS Money Market Invest-SFR présente la caractéristique du
choix entre une tranche Revenu et une tranche Croissance. Les répartitions
annuelles sont exonérées de l'impôt anticipé et il n'est pas prélevé de droit
de timbre fédéral d'émission de 0,9% à l'achat des parts. Les parts d'un
sous-fonds peuvent être échangées en tout temps sans frais contre les parts
d'un autre sous-fonds.
H. Kaiser
Marché des changes
Apathie et emballements occasionnels
Traditionnellement calme pour les marchés des changes, la période estivale a été exceptionnellement mouvementée cette année. Les phases de profondes léthargie (troisième semaine de juillet, dernière semaine d'août et première semaine de septembre, lorsque le franc suisse et le yen ont enregistré une fluctuation quotidienne moyenne de 0,9 centime et 0,6 yen) ont alterné avec des périodes inhabituelles d'intenses fluctuations. Tel a été, par exemple, le cas le 12 juillet lorsque quatorze banques centrales européennes et le Fed ont démontré leur coopération en levée de rideau du G7 en faisant baisser le dollar de 4,2 centimes (4,5 pfennigs) par des interventions concertées. Inversement, la tentative de putsch en Union Soviétique (19 août) a déclenché une flambée du billet vert de +8 pfennigs que les banques centrales ont dû juguler. Durant la période sous revue, le marché a été influencé en outre par l'évolution des taux d'intérêt (relèvement des taux directeurs dans plusieurs pays européens à la mi-août; assouplissement de l'encadrement du crédit en Grande-Bretagne, en Espagne, en Australie et aux Etats-Unis), la levée des sanctions contre l'Afrique du Sud, le Sommet économique de Londres et la guerre civile en Yougoslavie. En septembre, les facteurs économiques ont réoccupé rapidement le devant de la scène après une longue éclipse due aux événements politiques.
Fluctuations de forte amplitude du dollar
Le dollar a évolué comme suit: Fr. 1.5607 le 8 juillet, Fr. 1.5955 le 11, Fr. 1.4880 le 6 août, Fr. 1.5840 le 19, Fr. 1.4490 le 30 septembre. Il a culminé le 11 juillet, au plus haut depuis décembre 1989. Sa fermeté, interprétée comme signe d'une reprise économique, a été attribuable en grande partie au manque d'autres possibilités intéressantes de placement. L'envolée en réaction au resserrement tout d'abord différé du carcan monétaire allemand a entraîné la mobilisation des banques centrales. Le choc des interventions a été rude et comme les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis et la faible croissance de la masse monétaire ont accentué les doutes d'une reprise vigoureuse, le billet vert a perdu 11 centimes en quatre semaines. Ce scepticisme, qui compte tenu de la réduction du taux d'escompte le 13 septembre, était partagé par la Réserve fédérale a dominé la période août-septembre. La tentative de putsch en Union Soviétique lui a redonné momentanément son rôle de monnaie refuge. Il a donc flambé, mais suscité immédiatement l'entrée en lice des banques centrales. La confirmation de Gorbatchev dans ses fonctions et la nette impression que la reprise économique aux Etats-Unis n'était pas (encore) bien solide ont joué en sa défaveur et il s'est sensiblement affaibli ensuite.
Le mark sous influence politique
Le mark cotait 1.8085 par dollar le 8 juillet, 1.8385 le 12, 1.6990 le 8 août, 1.8390 le 19, 1.6620 le 30 septembre. Par rapport au franc suisse, il se négociait à Fr. 86.06 pour cent unités le 8 juillet, Fr. 88.06 le 15 août, Fr. 85.06 le 19, Fr. 87.19 le 30 septembre. La question de l'impôt à la source sur les revenus du capital, la nervosité engendrée par la crise yougoslave, la stabilité monétaire de plus en plus menacée et l'endettement croissant de l'Etat central pèsent sur le mark. Par ailleurs, les événements en Union Soviétique ont eu une incidence particulièrement négative, attribuable à la situation géopolitique de l'Allemagne et à ses liens économiques avec l'Europe de l'Est. C'est pourquoi l'échec rapide du putsch a bien profité au mark, dopé de surcroît par la perspective d'un raidissement des taux d'intérêt. Après le relèvement du taux d'escompte et du taux des avances sur nantissement le 15 août, la croissance toujours aussi vigoureuse en comparaison internationale et l'attente du maintien de la politique monétaire restrictive lui ont permis d'améliorer encore sa position.
Yen plus ferme, mais uniquement par rapport au dollar
Le yen s'échangeait à 138.55 par dollar le 8 juillet, à 139.05 le 25, à 135.35 le 8 août, à 138.80 le 19, à 132.90 le 30 septembre. Les divers scandales éclaboussant la place financière japonaise, la faiblesse initiale de la Bourse, les signes d'un ralentissement conjoncturel et les spéculations sur un nouvel assouplissement de la politique monétaire ont incité les investisseurs a faire preuve de retenue vis-à-vis de la monnaie nipponne. Les pertes de cours sont toutefois demeurées dans des limites acceptables, car les excédents commerciaux croissants, la décélération de l'inflation et finalement le redressement de l'indice Nikkei ont fourni au yen un soutien efficace.
Confiance accrue dans la livre
La livre cotait $ 1.6315 le 8 juillet, 1.7200 le 8 août, 1.6160 le 19, 1.7515
le 30 septembre. La monnaie britannique a étonnamment bien supporté deux
nouvelles réductions du taux de base de chacune un demi-point, la dernière le
ramenant à 10,5%. Par ailleurs, la meilleure tenue des conservateurs dans les
sondages et les chiffres économiques indiquant une fin de la récession ont
redonné confiance aux investisseurs. Toutefois, le fléchissement du mark
allemand a largement contribué à certaines périodes de fermeté.
H. Theiler
Cours constamment comprimés
Durant les mois précédents, la pression exercée sur les marchés a été continuelle. A la fin août, l'or a crevé le plancher de $ 350 l'once et a évolué le plus souvent au-dessous de cette barre en septembre. L'argent s'est également affaibli et a cassé le seuil de $ 4 l'once au début août pour se reprendre quelque peu durant la seconde moitié de septembre. La chute a été particulièrement brutale pour le platine. Les derniers jours de juil- let, les cours ont amorcé leur descen- te au-dessous de ceux du métal jaune pour toucher $ 332.50 le 23 août, niveau le plus bas depuis plusieurs années. Ils étaient de ce fait de $ 21 inférieurs au prix de l'or. Ce n'est qu'à la mi-septembre que le platine a pu reprendre provisoirement sa place de métal précieux le plus onéreux. Le palladium s'est montré relativement stable, bien qu'affichant toujours une tendance à la baisse.
Le marché dépend essentiellement de l'offre. A chaque ébauche de reprise, la raréfaction persistante de devises pousse aussitôt à la vente d'impor- tants pays producteurs. C'est pourquoi les fluctuations du dollar et les évé- nements politiques n'agissent qu'à court terme sur les cours. Les ten- sions créées par l'offre ont été par- ticulièrement vives pour le platine et ont été la conséquence des grosses livraisons en provenance d'Union soviétique, premier extracteur mon- dial. En outre, l'ampleur des ventes d'investisseurs japonais et l'ouvertu- re prochaine d'une nouvelle mine en Afrique du Sud n'ont pas été étrangè- res à la pression sur les prix. Par ailleurs, la demande industrielle de platine a diminué par suite du ralen- tissement de la conjoncture automobile.
Le renforcement de l'offre soviétique a aussi influé négativement sur le marché de l'or. L'impact a été percep- tible à partir d'août, la tentative avortée de renversement du gouverne- ment en URSS ayant momentanément cassé la baisse. La hausse de l'argent, esquissée en juin, s'est interrompue à la fin juillet. Fortement dépendant de la situation économique aux Etats-Unis, son cours s'est tassé en raison de la reprise plus lente que prévue de la conjoncture américaine.
Le 30 septembre, l'or a clôturé à $ 355 l'once, tandis que l'argent
s'établissait à $ 4.18 l'once et le platine à $ 352.50 l'once.
W. Beckmann